Benoît, une semaine après ton succès sur la Ronde du Canigou, tu as remporté à Marseille la première manche de la Coupe de France. Qu’en attendais-tu ?
On a vu l’Armée de Terre un peu partout. Mes coéquipiers marchaient fort. Je me savais rapide donc je voulais qu’ils durcissent la course pour fatiguer les autres et leur permettre aussi de tenter leur chance. On a vu Romain Combaud et Yann Guyot sortir ensemble dans la bosse d’Allauch à 5 kilomètres de l’arrivée pour essayer de rentrer sur Jimmy Turgis qui était tout seul devant. Et puis ils sont allés tout droit dans un rond-point et nous les avons tous repris. A ce moment-là, ça a été tout pour les sprinteurs !

Comment as-tu mené ton sprint ?
Alexis Bodiot ayant crevé, l’équipe a travaillé pour Jérémy Leveau et moi-même. Mathieu Teychenne et Yoann Barbas ont fait du gros travail dans les deux derniers kilomètres après le relais de Yann Guyot. Ils m’ont lâché à 300 mètres de l’arrivée. Ça a été un très long sprint. J’ai été un peu surpris par le final car je ne m’attendais pas à ce que les 100 derniers mètres soient en faux-plat montant. Je pensais lancer mon sprint à 200 mètres or il en restait 300. A la fin d’une course aussi usante que celle-ci, le sprint m’a semblé très long ! Heureusement tout le monde était fatigué, moi le premier, mais quand l’équipe fait un boulot aussi extraordinaire on est obligé de concrétiser.

Tu avais conclu la Coupe de France Look des Clubs 2012 sur une victoire au Grand Prix de Blangy-sur-Bresle, c’est sur ces rendez-vous que tu t’exprimes décidément le mieux…
Ce sont des courses qui me tiennent à cœur et c’est l’objectif de l’équipe. Je me prépare en fonction de ces courses. J’ai prévu de m’aligner sur chacune des manches de la Coupe de France. Maintenant le but est de ramener des points pour l’équipe, que ce soit moi ou non qui gagne. J’en ai gagné deux coup sur coup, mais les gars marchent bien et j’espère que leur tour viendra.

Le collectif a parlé dans une course qui a mis du temps à se décanter ?
Ce sont un peu les Coupes de France qui veulent cela. C’est dommage parce que des courses comme le Grand Prix Souvenir Jean Masse méritent de l’animation. Après, les stratégies font que personne ne veut se faire avoir. C’est plus facile de perdre que de gagner donc on court avant tout pour ne pas perdre et pour marquer un maximum de points dans le final. Quand des échappées partent, on a vite fait de ne pas rouler et de se regarder. Mais ça arrange un coureur comme moi qui aime les courses d’usure.

Cette première manche arrivait tôt dans la saison, comment l’avais-tu préparée ?
L’équipe a bien préparé son début de saison. Voilà trois semaines que nous sommes dans le sud, que l’on roule au soleil et que l’on se prépare pour cette échéance. Maintenant nous allons souffler un peu car cela fait un moment que nous sommes sur la brèche.

A 28 ans et après une expérience professionnelle de quatre saisons, que vises-tu aujourd’hui ?
Je prends les courses au jour le jour, sans viser les succès ou la gloire. Tout cela est derrière moi. Ça fait toujours plaisir de gagner des courses et d’être sur le devant de la scène, mais des jeunes méritent de passer pro. Mon but aujourd’hui est que ces jeunes y trouvent leur place et qu’ils apprennent à courir. Je leur transmets mon savoir du mieux que je peux.

Sur quel type de course t’éclates-tu le plus ?
Quand on vieillit on préfère les courses qui se courent au diesel ! J’ai la chance d’avoir du métier désormais donc je sais comment me débrouiller en fonction des circonstances. C’est cela que je souhaite transmettre aux jeunes. Toutes les courses sont faites pour être gagnées, donc que ce soit moi ou un autre on met tout en œuvre pour que l’équipe marche du mieux possible.

Tu enchaîneras ce lundi avec le Grand Prix du Pays d’Aix, le connais-tu ?
J’avais terminé 6ème de cette épreuve il y a deux ans. Yoann Barbas habite ici donc je vais rester dormir chez lui ce soir. Et nous serons tous les deux au départ du Grand Prix du Pays d’Aix, avec l’espoir d’y briller l’un et l’autre. Ça me ferait plaisir qu’il ramène la victoire car cela fait deux fois qu’il me dépose au sprint comme il faut. Ce sera donc beaucoup pour lui à Aix.

Propos recueillis à Château-Gombert le 17 février 2013.