Johan peux tu retracer ton parcours à nos lecteurs ?
Issue d’une famille cycliste, j’ai toujours « baigné » dans le vélo dès mon plus jeune âge. Mon père est un ancien 1ere caté, toujours en activité à 55 ans. J’avais des problèmes de poids durant mon enfance, je devais donc faire du sport mais aucun ne m’attirait hormis le vélo, j’ai donc pris ma 1ere licence à l’âge de 10 ans. J’ai toujours été dans le coup, sans être le meilleur mais c’est peut-être ce qui fait que je n’ai pas été dégouté à avoir tout gagné chez les jeunes, je prends autant de plaisir à 25 ans qu’il y a 15 ans pour ma première course. Je n’ai jamais survolé donc prendre des claques ne m’a jamais fait peur, au contraire c’est peut-être ce qui m’a amené à progresser, et entamer en 2018 ma 6e saison consécutive au plus haut niveau amateur.
Quand as tu touché ton premier vélo ?
J’ai commencé les courses avec un VTT, celui que j’utilisais pour jouer avec les copains dehors. Ensuite mes parents avaient racheter un vélo de cyclo-cross à Laurent Cailleau (ancien champion de France de Cyclo Cross), et je m’en servais sur route comme en cyclo-cross. Par la suite, il a servi à Quentin Jauregui, désormais professionnel chez AG2R, on peut dire que ce vélo a servi à former de bons coureurs ! (rires).
Ton père Christian, ex 1ere catégorie, t’accompagnait souvent sur les courses. As tu la volonté de marcher dans les traces de ton père ou préfères tu te créer ton propre parcours ? Te donne t’il des conseils et du soutien ?
C’était davantage le cas lorsque j’habitais encore dans le nord. J’habite depuis 2 ans et demi à Troyes donc je cours de moins en moins dans ma région d’origine. Mais il suit mes résultats de près, ça il n’y a pas de doutes, et j’essaie toujours de « marcher » lorsque la famille se déplace pour me voir, c’est une sorte de remerciement pour tout ce qu’ils ont fait pour moi, afin que je pratique notre passion dans les meilleures conditions.
C’est un modèle pour moi, mais le vélo est différent du vélo de son époque donc on ne peut pas vraiment comparer, et je n’ai jamais aimé les comparaisons. J’essaie de créer mon propre parcours, même si on peut nous classer dans le même profil de coureurs: des guerriers qui ne lâchent rien et qui disposent d’une bonne pointe de vitesse. Il a réussi une belle carrière, en faisant beaucoup moins de sacrifices que moi, c’était peut-être plus un gagneur que moi qui suit souvent placé mais qui ne gagne que très peu..
Sur la route, il me fait prendre conscience de mes erreurs mais ça en reste là, tandis qu’en cyclo-cross ses conseils sont précieux, car il était très bon cyclo-crossman à son époque et techniquement il est toujours au top malgré l’âge qui avance (rires). Personnellement, je ne suis pas un vra cyclo-crossman:
Je m’en sors en cross sur ma force, mais techniquement je suis à la rue, donc son aide est d’autant plus précieuse l’hiver dans les sous bois !
As tu des rituels avant ou après les courses en termes d’organisation, de matériel ou de nutrition ?
Je n’ai pas vraiment de rituels, mais par exemple je ne mange quasiment jamais de pâtes le jour de la course (hormis si le départ est tardif), un gros petit déjeuner me suffit, ça me permet de n’avoir qu’une digestion. Je suis le seul coureur de l’équipe à fonctionner comme cela.
Côté matériel, j’aime que tout soit parfait le jour de la course, et j’ai horreur qu’on fasse de la mécanique sur mon vélo le jour d’une course.
En DN2 au VS Chartrain pour la 2eme année, comment s’est passée ton intégration dans l’équipe ? Quel rôle y joues tu ?
Je suis arrivé à Chartres fin 2016, afin de travailler avec Guy Gallopin qui est une figure ici dans l’Aube ou j’habite désormais, et dans le monde du vélo en général. Il m’a apporté beaucoup la saison dernière, sur le plan mental notamment. Il sait me calmer, me faire moins paniquer. Il a toujours le mot pour me faire garder le moral, même dans les moments difficiles. Mon intégration s’est plutôt bien placée, d’autant plus que je fais souvent passer le collectif avant mon intêret individuel, ça facilite les choses par rapport à celui qui ne pense qu’à lui…
Je pense que l’équipe compte sur moi pour marcher sur les élites et notamment les coupes de France qui sont le fil rouge des équipes de Division Nationale. On a pas de pression particulière, ni de rôle prédéfini, tout le monde a sa chance, à chacun de savoir la saisir.
Sur ce mois d’avril tu étais en forme, 5eme au GP José Falcao à Isbetgues, 7eme au GP du Carnaval de Cholet, de bonne augure pour la saison ?
J’ai fait un gros hiver, c’est surement l’hiver ou j’ai fait le plus de sacrifices sur tous les plans. J’avais à coeur de faire un gros début de saison, je suis descendu sous les 60 kilos. J’espérais enfin connaître une saison sans problème mais malheureusement ça ne s’est pas passé comme je l’aurais voulu.. J’ai eu des problèmes de santé après l’Essor Basque, le mauvais temps n’a pas joué en ma faveur.
Les médecins ont mis du temps à trouver l’origine du problème et surtout la solution.  J’ai enchainé des traitements différents qui m’ont complètement mis à plat et ont entrainé des problèmes de foie, mes prises de sang n’étaient pas bonnes. J’ai été éloigné des pelotons pendant plus d’un mois, c’était difficile mentalement, je me suis posé un tas de questions, j’ai failli lâcher les armes car j’avais l’impression de faire tout cela pour rien, mais le pneumologue a trouvé la solution et depuis ça semble aller mieux. J’ai pu reprendre les courses et faire des résultats rapidement, ça m’a permis de retrouver le moral, mais la forme maximale est encore loin, j’y travaille et j’espère faire un beau mois de mai notamment sur les Coupes de France et profiter de ma fraicheur au début de l’été.
Sur quelles courses t’aligneras tu prochainement ?
Je vais participer aux manches de la Coupe des Hauts de France les 2 prochains week end, ensuite il y aura les boucles du printemps les 12 et 13 Mai et les boucles de la Marne le 27 qui seront 2 manches importantes de la Coupe de France. Je ne serai pas avec l’équipe sur l’Essor Breton début Mai car avec le boulot je n’ai pas pu poser mes congés à cette période. J’ai un programme assez light en ce moment mais je vais bosser dur à l’entrainement avec du derrière scooter notamment et sur des courses d’un jour afin de peaufiner la condition.
Quelles sont tes ambitions en Coupe de France ?
Marquer ou faire marquer le maximum de points à l’équipe. Les deux prochaines manches correspondent à mon profil alors j’espère répondre présent, si ce n’est pas le cas, je n’hésiterais pas à mettre les gars de l’équipe qui se sentent bien dans les meilleures conditions. Le GP Fenioux mi août est une course qui m’a toujours réussi jusqu’à présent, j’y ai terminé 10e la saison dernière, alors là aussi j’espère y performer et marquer de gros points.
Ton club a pour objectif de passer DN1 à moyen terme, comment te sembles le niveau de tes concurrents en DN2 ?
En tant que coureur, le label DN1 ou DN2 n’a pas de grosse différence, les courses sont les mêmes toute l’année, hormis les Coupe de France ou chaque division a ses manches. C’est plus pour les subventions et autres qu’il y a du changement. Le niveau DN2 est homogène, les courses sont plus décousues qu’en DN1. Il y a du niveau, il n’y a qu’à regarder une équipe comme Dinan qui a dans ses rangs des mecs comme Riou et Guernalec qui vont passer pros tous les deux chez Fortunéo pour comprendre où se situe le niveau, sans parler du nombre d’anciens pro présents en DN2.
Un coureur modèle pour toi et pourquoi ?
Adrien Petit est un modèle car c’est un ami et je peux voir les sacrifices qu’il fait pour réussir, notamment sur une course comme Paris-Roubaix. A niveau différent, on est un peu les mêmes types de coureurs: on aime les pavés, on a une bonne pointe de vitesse, déteste quand la route s’élève et n’hésite pas à se sacrifier pour le collectif… Bon, j’ai encore du boulot pour avoir le quart de son palmarès.. (rires)
 
Nous te laissons le mot de la fin…
Merci à vous pour cette interview et merci à toutes les personnes qui me suivent et me soutiennent, et particulièrement ma famille et ma copine pour tout ce qu’ils font pour moi.
Mathilde Duriez, vélo101