Mercredi 25 avril, première étape du Tour de Bretagne, arrivée à Vannes où une quinzaine d’unités peut encore prétendre à la victoire. Le sprint est lancé, Olejnik semble bien placé pour la victoire, mais c’est sans compter sur la rapidité de Benjamin Le Montagner. L’amateur de la sélection Bretagne décroche son plus beau succès et s’empare, cerise sur le gâteau, du maillot de leader. Chez les spectateurs, les coureurs et le coursier originaire des Côtes d’Armor lui-même, la surprise est de taille. Toujours ému, il nous avoue : « c’est la grande course en Bretagne pour les amateurs, il n’y a pas plus grand ! C’est un peu l’objectif de l’année pour tous les amateurs bretons, c’est… c’est… je n’en trouve pas les mots ! » Dès le premier soir, le champagne est servi dans la sélection régionale constituée des meilleurs amateurs du début de saison, soit Régis Geffroy, Matthieu Jeannès, David Chopin, Vincent Ragot, Steven Le Vessier et Benjamin Le Montagner. Mais toujours avec modération puisque après l’euphorie de cette étape, il reste à confirmer et tenter de conserver le maillot de leader. « C’est un honneur d’avoir ce maillot donc c’est un minimum de le défendre ! », confirme celui qui a le privilège de le porter.

Les coéquipiers de Benjamin Le Montagner se sont donc mis à la tâche, résistant aux tentatives de tours de force des équipes professionnelles et aux conditions climatiques, pourtant extrêmement éprouvantes. « J’ai mis mes ambitions personnelles de côté à partir du moment où j’ai dû rouler pour Ben’, mais c’était avec plaisir, affirme Vincent Ragot. J’ai pédalé dur pour mon pote. » Une cohésion de groupe exceptionnelle qui amène ledit Ben’ à conserver son maillot jusqu’à la quatrième étape, la terrible Missillac-Mûr de Bretagne, avec le franchissement du célèbre mur par trois fois. Ce n’est qu’à la deuxième que le récent vainqueur du Circuit d’Armorique craque. Son maillot est perdu. « Sur le coup c’est difficile : il y a quand même de la pression. Il y a eu un petit peu d’émotion c’est vrai, il fallait que cette pression redescende. »

Pour autant, le Tour de Bretagne n’est pas terminé pour la sélection, et de belles choses sont encore possibles, notamment avec David Chopin, bien placé au général, et le reste de l’équipe, toujours prétendante à une seconde victoire d’étape, et ce malgré des conditions effroyables. Ragot raconte : « je n’ai jamais autant galéré sur un vélo. Je rouille sous la pluie, moi ! » Une pluie qui n’aura cessé de tomber, obligeant les coureurs à ressortir les bonnets d’hiver en cette fin de mois d’avril ! Une météo exécrable qui n’empêchera pas les hommes dirigés le temps d’une semaine par Yann Dejean de briller : une place de 8 pour Le Montagner et Chopin, la 3ème marche du podium pour ce dernier, également auteur d’une 9ème place au général, synonyme de 2ème Français et 1er amateur. Le bilan de cette semaine est donc bon, voire excellent.

Qu’est-ce qui fait la réussite de ces amateurs bretons face aux armadas professionnelles ? « On n’a aucun complexe, on a deux bras, deux jambes, une tête », lance Benjamin Le Montagner. Pour Vincent Ragot, le résultat tient du soutien que les coureurs ont pu recevoir. « Yann Dejean nous motivait énormément. Je tiens aussi à remercier Thierry Calvez, le mécano, il est géant ! » Une réussite aussi que le groupe doit à l’ambiance fraternelle qui a régné tout au long de la semaine. Benjamin Le Montagner : « l’ambiance était extraordinaire ! Nous sommes une bande de copains, on a bien rigolé. C’est vrai que tout le monde avait hâte de reprendre le vélo car nous étions un peu euphoriques à la suite de la première journée ! C’était extraordinaire ». Sans complexes, modeste et talentueuse, décidément, cette équipe de Bretagne avait tout pour plaire. – Mathilde L’Azou