Cadel Evans. S’il a subi la course hier, Cadel Evans (BMC Racing Team) n’a rien cédé à Bradley Wiggins. Les deux hommes demeurent distants de 10 secondes au classement général, soit le strict écart observé il y a huit jours dans le prologue de Liège. Son accélération avant le dernier virage de la Planche des Belles Filles hier n’aura été qu’un coup d’épée dans l’eau. « On essaie de prendre du temps là où on le peut, a lancé le vainqueur sortant du Tour de France. Chris Froome était vraiment incroyable. Il  a monté les 2 derniers kilomètres de sorte que personne ne puisse attaquer, et puis il a accéléré à côté de moi. De derrière, il paraissait vraiment facile. Dans les ascensions, Bradley Wiggins a trois hommes autour de lui, moi je n’en ai qu’un, si je ne suis pas déjà isolé ! Que pouvez-vous tenter qui puisse marcher dans ces conditions ? »

Levi Leipheimer. L’Américain Levi Leipheimer (Omega Pharma-Quick Step) a cédé du terrain hier, première victime du train effroyable du Team Sky dans la Planche des Belles Filles. « Avant la montée finale, il y avait déjà une ascension dans laquelle je ne me suis pas senti super, a déclaré Leipheimer. C’était comme si j’étais déjà à mon max. Je n’ai pas réussi à suivre les roues, j’ai rétrogradé avant le pied de la montée. Là, le peloton a commencé à se fractionner et je n’étais pas devant. Je n’ai tout simplement pas senti de puissance dans mes jambes sur cette étape. C’était juste un jour sans, un mauvais jour, et j’espère que ce sera le seul que je connaîtrai sur ce Tour. C’était le premier gros col de cette course et nous l’avons abordé plein gaz. Ça a été agressif, avec beaucoup de relances, d’accélérations. Le genre de truc qui te scient les jambes. » Levi Leipheimer accuse maintenant un retard de 3’47 » au général, dont il est 27ème.

Pierre Rolland. On craignait qu’il ne pâtisse des blessures de la chute survenue en route pour Metz, finalement Pierre Rolland (Team Europcar) a tenu bon dans la montée de la Planche des Belles Filles, ne lâchant la roue des meilleurs qu’à 2 kilomètres du sommet. Il sera un homme à suivre ces deux prochaines semaines. « J’étais abattu après ma chute, a-t-il rappelé hier soir. J’ai quand même passé une bonne nuit. Le staff de l’équipe et l’ostéopathe m’ont bien retapé. Les gars dans l’équipe ont continué à croire en moi malgré la chute. Ils ont travaillé à 100 % pour moi. Thomas Voeckler lui-même m’a replacé au pied. Je suis satisfait de ma performance. Je ne pouvais pas faire mieux car les Sky imposaient un trop gros tempo. J’ai maintenant à cœur de bien récupérer des hématomes que j’ais au coude et aux côtes. Et on verra au jour le jour. »

Denis Menchov. Le Russe Denis Menchov (Team Katusha) a prouvé qu’il serait là cette année encore sur le Tour. Sur le podium en 2010, au moment de sa dernière participation à la Grande Boucle, il s’est accroché aux meilleurs hier, ne cédant finalement que dans les derniers hectomètres pour lâcher 48 secondes à Wiggins et Evans. « Etant donné que c’était la première étape montagneuse, je suis satisfait de ma performance, a commenté Denis Menchov. L’équipe a bien travaillé, mes coéquipiers m’ont bien soutenu durant toute l’étape. J’avais de bonnes sensations et de bonnes jambes. Or la première étape de montagne est toujours dure parce qu’il est difficile de trouver son rythme. En fait, dans les 2 derniers kilomètres j’ai décidé de me relever pour ne pas sauter plus fort après. L’ascension ne correspondait pas vraiment à mes caractéristiques. Et puis le Tour ne fait que commencer, ce sera encore long. »

Vincenzo Nibali. C’est le troisième home du moment, derrière Bradley Wiggins et Cadel Evans. Hier, Vincenzo Nibali (Liquigas-Cannondale) a fait une belle impression mais n’a pas su faire la différence par rapport à ses adversaires, à qui il a même cédé 5 secondes dans les derniers mètres. « C’est un premier test encourageant, a estimé le Sicilien. Sur la carte la montée finale paraissait facile mais le train des Sky l’a rendue éprouvante. Je n’ai pu faire que suivre leurs roues et dans le final je n’avais aucune chance de faire le sprint, même si je voulais essayer. Franchement, je ne m’attendais pas à une telle sélection. Le Team Sky a fait du sacré boulot ! De mon côté je suis satisfait à la fois de ma performance et du temps concédé à mes adversaires. J’ai montré que je pouvais être compétitif sur ce Tour et mon équipe est prête à relever le défi. »

Jérôme Coppel. Coup dur pour Jérôme Coppel (Saur-Sojasun). Le Français a affiché ses limites en montagne hier dans l’ascension de la Planche des Belles Filles. Repoussé de trois minutes, il est désormais 25ème au général à 3’42 ». Assez loin du Top 10 qu’il ambitionne à Paris. « Je savais que cette montée sèche ne me convenait pas, a déclaré le Haut-Savoyard de 25 ans. Nous avions repéré la Planche des Belles Filles au printemps et je savais que c’était raide. Trop raide pour moi. J’espérais que le pied serait abordé calmement, mais les Sky ont roulé vraiment fort. En plus, je dois avouer que je n’étais pas dans un grand jour. Une journée compliquée… » La journée l’a été d’autant plus pour Saur-Sojasun qu’Anthony Delaplace a abandonné, victime d’une fracture du radius et du scaphoïde. En revanche Brice Feillu va beaucoup mieux. Hier la lanterne rouge du classement général a retrouvé des sensations et terminé avec Coppel.

Alejandro Valverde. Retardé sur chute vendredi à Metz, c’est sur incident mécanique qu’Alejandro Valverde (Movistar Team) a perdu du terrain hier, incapable de recoller au peloton dans la Planche des Belles Filles, où il a pris la 27ème place à 2’19 ». « Il faut croire que le Tour n’est pas ma course du tout, et encore plus spécifiquement ce Tour, a lâché l’Espagnol. La chance n’est pas de mon côté, c’est certain. Après mes chutes vendredi je me sentais fort mais j’ai crevé au pire moment, juste avant que ne commence l’ascension et que la pente se raidisse vraiment. J’étais sur le point de rentrer sur le peloton mais il s’est mis à rouler très fort et je n’ai plus été en mesure de rivaliser. J’ai alors grimpé à mon rythme et repris pas mal de coureurs, mais il était impossible de revenir en tête de course. Quand les choses prennent cette tournure, il n’y a rien à faire. »

Oscar Freire. Le triple champion du monde Oscar Freire (Team Katusha) n’est pas reparti hier matin de Tomblaine. Pris dans la chute de Metz, il souffre de trois côtes cassées et d’une perforation de la plèvre. L’Espagnol devra dès lors rester hospitalisé plusieurs jours. Un accident qui contraint le sélectionneur national de l’équipe d’Espagne de modifier sa sélection pour les Jeux Olympiques de Londres, lui qui comptait tout spécialement sur le sprinteur ibérique. D’autres coureurs n’ont pas pris le départ hier matin. C’est le cas de Ryder Hesjedal (Garmin-Sharp), touché au genou et à la hanche, d’Amets Txurruka (Euskaltel-Euskadi), clavicule cassée, de Hubert Dupont (Ag2r La Mondiale), radius et vertèbre lombaire fracturés, et d’Imanol Erviti (Movistar Team), qui souffre d’un traumatisme de la hanche. Il faut remonter loin pour retrouver trace d’un tel fléau d’abandons en première semaine de Tour de France. Dix-sept au 7 juillet.