Tout au long du Tour de France, des personnalités du cyclisme reviennent avec nous sur une édition qui les a marquées, un moment fort qu’elles ont vécu de près ou de loin.

Jean-René, parmi tous vos souvenirs de Tour de France, lequel vous vient immédiatement à l’esprit ?
Le Tour est un événement tellement énorme que je n’ai que des bons souvenirs. Il est donc difficile de dire lequel m’a le plus marqué. Je mettrais quand même en avant le Tour de France 1979 que je termine avec le maillot blanc. Je suis invité au journal télévisé d’Yves Mourousi avec Ursula Andress et je suis escorté par la Garde Républicaine pour aller chez TF1. Sportivement, il est difficile de mettre en avant un Tour de France plus qu’un autre, j’en ai fait dix comme coureur et j’en suis à mon 36ème au total cette année. Ça aurait pu être l’Alpe d’Huez en 1983 mais je termine 2ème derrière Peter Winnen. Cette étape reste ma plus grande déception.

Vos Tours de France en tant que coureur passent avant ceux que vous avez faits en tant que manager ?
Non pas du tout, c’est plutôt l’inverse. L’un de mes meilleurs souvenirs, ça reste Thomas Voeckler au Plateau de Beille en 2004. On était tellement heureux qu’on pleurait tous de joie. Ce poing levé, les huit secondes d’avance qu’il préserve, le pic d’audience à près de 12 millions : on savait que Thomas était en train d’écrire l’Histoire. Un milliardaire ne peut pas se payer ces plaisirs. Ce sont des choses qui ne s’achètent pas.

Avant de devenir manager et avant votre carrière de coureur, suiviez-vous le Tour de France ?
Je devais être en maternelle quand j’ai vu passer le Tour pour la première fois. Les bonnes sœurs de mon village nous avaient installés dans des champs à 2 kilomètres de la maison. C’est un très vague souvenir, j’étais tout petit, mais c’est resté. Ensuite, je me souviens d’une étape Saint-Gilles-Croix-de-Vie-Angoulême en 1975. Francesco Moser avait fait une bordure et avait gagné l’étape. L’équipe KAS avait été lâchée dans le sud de la Vendée. Le regroupement était intervenu très tard. C’était très prenant.

Durant votre enfance, vous suiviez le Tour à la radio ou à la télévision ?
Ni l’un ni l’autre. On n’était pas une famille de cyclistes. Moi-même je n’étais pas vraiment passionné de vélo. Je savais à peine qui était Raymond Poulidor. Tout ça, c’est venu plus tard.

Vous avez aujourd’hui 60 ans. Comment fête-t-on son anniversaire chaque 8 juillet sur le Tour de France ?
Je suis né dans une famille de dix enfants et nous ne fêtions jamais nos anniversaires. Sur le Tour, il y a eu des gâteaux. Je me souviens même d’un de nos mécanos qui avait amené son ampli et sa guitare électrique et qui m’avait écrit une chanson. On avait bien rigolé. Aujourd’hui, pour mes 60 ans, je ne sais pas ce qu’ils me réservent. J’espère qu’ils ont eu un peu d’imagination pour fêter ça !

Vos coureurs, eux, vous ont parfois réservé de jolies surprises le jour de votre anniversaire…
Oh, ils m’en ont fait des choses, les gars ! C’est arrivé plusieurs fois. Thomas Voeckler a gagné à Perpignan sur le Tour en 2009 le 8 juillet. Cinq ans plus tôt, il avait pris le maillot jaune sur le Tour 2004 à Chartres le jour de mon anniversaire. Ça marque. Ce jour-là, on avait bien fait la fête !