Tout au long du Tour de France, des personnalités du cyclisme reviennent avec nous sur une édition qui les a marquées, un moment fort qu’elles ont vécu de près ou de loin.

Marion, y a-t-il un passage du Tour de France qui vous ait laissé un souvenir particulier au cours de vos jeunes années ?
Je me souviens de son passage dans le Nord, à une époque où je faisais déjà de la compétition. Comme de nombreux enfants, j’étais venue avec le vélo que me fournissait mon club, l’UV Fourmisienne. J’étais partie à la chasse aux bidons et aux autographes. Aujourd’hui, je vois des enfants faire la même chose, et ça me fait sourire. Ce sont de beaux souvenirs. J’étais fan de Robbie McEwen. J’avais reçu un maillot vert que j’étais allée faire signer par lui, qui en était le porteur. C’est resté un super souvenir. Je le regardais tellement à la télé que je me prenais pour lui quand j’allais rouler, en faisant des sprints. Désormais qu’il travaille également à la télé, je le croise régulièrement et nous sommes devenus amis. Je lui ai évoqué ces anecdotes et ça l’a beaucoup amusé.

Vous êtes-vous toujours intéressée au Tour ?
Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours suivi le Tour de France. Quand on partait en vacances avec mes parents en juillet, les après-midis étaient réservés au Tour de France. Pendant que ma mère et ma sœur allaient à la plage pour profiter de la mer et bronzer au soleil, on essayait avec mon père de trouver un bar ou un lieu doté d’un écran pour regarder l’arrivée des étapes. Le Tour de France a rythmé mon enfance et il rythme encore mes étés, mantenant que j’y travaille. C’est un événement vraiment particulier, riche en souvenirs. Je ne suis pas sentimentale or l’arrivée à Cambrai l’an passé, tout près de chez mes parents, m’a émue.

Si le Tour de France ne devait se résumer qu’à un épisode, lequel mettriez-vous en avant ?
La chute de Joseba Beloki dans la descente de la Rochette sur le Tour du Centenaire en 2003. J’étais vraiment jeune, j’avais 12 ans, je ne me souviens pas précisément de toute la course mais cette image m’a vraiment marquée. Il y a la chute d’abord, puis Lance Armstrong qui traverse le pré pour rejoindre la route. Cette image, vue avec mes yeux d’enfant, me restera marquée à vie.

Vous êtes depuis trois ans l’ambassadrice du Prix Antargaz de la Combativité. En quoi consite votre rôle ?
J’ai une double casquette car je suis aussi consultante pour Eurosport. Ça me fait un emploi du temps bien rempli. Je suis disponible le matin au Village du Tour pour répondre aux journalistes et parler du Prix de la Combativité aux personnes qui viennent à notre rencontre. Entretemps, il faut que j’aille faire les interviews des coureurs aux bus pour Eurosport. Puis il me faut rejoindre l’arrivée, où je remets des fois le Prix de la Combativité. Je me prépare surtout pour le plateau des Rois de la Pédale. C’est beaucoup de fatigue mais aussi beaucoup d’excitation. Et même si c’est dur parfois, quand ça s’arrête on se dit vivement l’année prochaine. Comme les coureurs.

Dans la vie, vous êtes l’épouse de Tony Gallopin. Comment vivez-vous votre relation à travers vos rôles respectifs ?
Je regarde forcément les résultats de Tony avec attention. Je me souviens que ça avait été un peu compliqué l’année dernière. Il avait fait quinze jours formidables, dans le Top 10, et tout allait bien. Puis il y a eu une chute, un mal de genou. Je l’avais au téléphone et ça n’allait plus du tout. Je savais qu’il n’était pas bien. Il pensait même à l’abandon. C’était dès lors compliqué pour moi à gérer car je vivais son malaise. C’est dans ces moments qu’il avait le plus besoin de moi, mais de mon côté je ne pouvais pas non plus déconnecter du Tour de France. Ça reste néanmoins un gros avantage que de partager cette aventure. On se voit tous les matins, et même si ce n’est que pour cinq minutes, ça nous fait du bien à tous les deux. Devant la caméra, quand je dois l’interviewer, ça nous fait toujours quelque chose. On voit aussi que les gens sont réceptifs, ils comprennent la situation et ça les amuse. J’arrive toutefois à faire la part des choses. Je suis professionnelle.

Depuis deux ans, le Tour de France organise La Course by Le Tour de France sur les Champs-Elysées à l’attention du peloton féminin. Une épreuve de prestige qui sera retransmise en direct le 24 juillet prochain. Le Tour semble jouer pleinement son rôle dans le développement du cyclisme féminin ?
Il y a encore beaucoup de choses à améliorer mais on va quand même dans le bon sens. Nous avons diffusé sur Eurosport le contre-la-montre et la course en ligne des dames aux Championnats de France de Vesoul. Ça a bien marché, on a vu que les gens aimaient. ASO fait un gros effort en organisant La Course by Le Tour et La Couse by La Vuelta, mais aussi le Ladies Tour of Qatar. Quelques courses masculines organisent également une version féminine comme le Tour des Flandres ou la Flèche Wallonne. Le cyclisme féminin, s’il veut se développer, doit passer par le monde professionnel pour bénéficier de la médiatisation des hommes.

Voir une femme, ex compétitrice, commenter du cyclisme sur Eurosport au même titre qu’un Jacky Durand ou un Richard Virenque, c’est aussi une belle avancée ?
Quand Guillaume Di Grazia m’a proposé de devenir consultante pour la chaîne, j’ai nourri quelques appréhensions. Je me suis demandée comment ça allait être perçu, dans un milieu toujours un peu macho. Ça ne s’était surtout jamais vu avant. J’y suis allée et j’ai finalement été agréablement surprise. Les gens m’ont acceptée et se sont montrés vraiment gentils. Ils aiment bien mes analyses et me le font savoir dans les messages qu’ils m’envoient. C’est le plus beau compliment qu’on puisse me faire. Comme tout, je continue de progresser au fur et à mesure. C’est une fierté d’avoir mon mot à dire et qu’il soit, surtout, écouté.