Ce soir la caravane du Tour d’Espagne ne se trouve qu’à une centaine de kilomètres de Madrid et pourtant la Vuelta ne termine pas encore sa première semaine de course. De quoi dépiter les coureurs aux organismes déjà fatigués par ces six jours de course, ou au contraire attiser la soif de bagarre des coureurs en forme bien placés au général. Car avant de connaître le traditionnel jubilé dans la capitale madrilène, le peloton continuera sa conquête de l’ouest du pays pour ensuite aller faire un tour en Galice avant l’apothéose dans le massif des Asturies et du Pays Basque.

En attendant que la course remonte en altitude et en tension, la septième étape devait permettre au peloton de souffler un peu après une première semaine stressante et mouvementée. Entre Almaden et Talavera de la Reina, les 182,9 kilomètres de course garantissaient une étape au scénario classique, typique des débuts de Grand Tour : une échappée matinale reprise à moins de quinze kilomètres de l’arrivée puis un sprint massif pour conclure la journée. Classique, simple, efficace. Le déroulement de la course a bien été celui-ci aujourd’hui, sauf que la journée fut ponctuée par quelques événements qui risquent fort d’avoir une incidence sur la suite de l’épreuve.

Comme sur chaque étape de plaine qui se respecte, les attaques fusent dès le kilomètre zéro. Et il ne faut pas attendre plus longtemps pour voir l’échappée du jour se former. Elle est constituée de quatre hommes : Julien Fouchard et Luis Angel Mate (Cofidis tous les deux), Steve Houanard (Ag2r La Mondiale) et Antonio Cabello (Andalucia-Caja Granada). Leur avance atteint un maximum de neuf minutes à 140 kilomètres de l’arrivée. Par précaution, la Quick Step de Sylvain Chavanel ainsi que l’équipe Skil-Shimano de Marcel Kittel, l’un des grands favoris du jour, commencent à assumer la poursuite, mais sans trop insister. Ainsi, à 80 bornes de Talavera de la Reina, l’avance des fuyards dépasse toujours les six minutes.

A cent mètres de la ligne d’arrivée Tyler Farrar et Michal Golas provoquent une impressionnante chute massive.

C’est pourquoi l’équipe Garmin-Cervélo se mêle elle aussi à la poursuite en tête de peloton. Les effets de cette accélération sont immédiats : moins de deux minutes d’avance à trente kilomètres de l’arrivée. La baisse sensible de l’écart n’est pas la seule conséquence du coup d’accélérateur. En raison du fort vent qui souffle sur les plaines du centre de l’Espagne le peloton se scinde en deux sous l’effet de bordures. Panique à bord, chacun cherche alors à recoller au plus vite au premier peloton. Devant, voyant que le peloton revient à vitesse grand V, Julien Fouchard, fidèle à son tempérament offensif, décide d’y aller solo. Une tentative vaine, bien évidemment. Le Français se fait reprendre à neuf kilomètres de l’arrivée. La bagarre pour le sprint final peut alors commencer.

Sans surprises, les formations HTC-Highroad, pour John Degenkolb, Garmin-Cervélo, pour Tyler Farrar, et Skil-Shimano, pour Marcel Kittel se disputent les premières places du peloton. Sur une route en faux-plat descendant, ils entrent dans Talavera de la Reina à plus de 65 km/h ! Le sprint est lancé par Marcel Kittel qui prend rapidement l’avantage, mais à moins de cent mètres de la ligne Tyler Farrar et Michal Golas (Vacansoleil-DCM)  se percutent. C’est la chute, énorme, inévitable. Seuls les six premiers coureurs ne sont pas bloqués et Marcel Kittel s’impose facilement devant Peter Sagan (Liquigas-Cannondale) et Oscar Freire (Rabobank). Dans l’amas de vélos en carbone entrechoqués les uns aux autres, on distingue aussi Michele Scarponi (Lampre-ISD), Vincenzo Nibali (Liquigas-Cannondale) et Joaquim Rodriguez (Team Katusha). Ce dernier semblait d’ailleurs souffrir fortement du poignet avant qu’il ne déclare à la presse ne ressentir quasiment aucune douleur. Une chose est sûre, une telle chute marque les esprits et les organismes. L’étape de plaine que l’on annonçait de tout repos n’a pas eu lieu.

La huitième étape de la Vuelta disputée demain conduit les coureurs de Talaveira de la Reina à San Lorenzo de Escorial pour 177 kilomètres de moyenne montagne.

Classement 7ème étape :

1. Marcel Kittel (ALL, Skil-Shimano) les 182,9 km en 4h47’59 »
2. Peter Sagan (SLV, Liquigas-Cannondale) m.t.
3. Oscar Freire (ESP, Rabobank) m.t.
4. Daniele Bennati (ITA, Team Leopard-Trek) m.t.
5. Lloyd Mondory (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.
6. Juan José Haedo (ARG, Saxo Bank-SunGard) m.t.
7. Tom Veelers (PBS, Skil-Shimano) m.t.
8. Alessandro Petacchi (ITA, Lampre-ISD) m.t.
9. Enrico Gasparotto (ITA, Astana) m.t.
10. Leigh Howard (AUS, HTC-Highroad) m.t.

Classement général :

1. Sylvain Chavanel (FRA, Quick Step) en 27h19’12 »
2. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) à 15 sec.
3. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Cannondale) à 16 sec.
4. Joaquin Rodriguez (ESP, Team Katusha) à 23 sec.
5. Jakob Fuglsang (DAN, Team Leopard-Trek) à 25 sec.
6. Fredrik Kessiakoff (SUE, Astana) à 41 sec.
7. Maxime Monfort (BEL, Team Leopard-Trek) à 44 sec.
8. Jurgen Van Den Broeck (BEL, Omega Pharma-Lotto) à 49 sec.
9. Sergio Pardilla (ESP, Movistar Team) m.t.
10. Marzio Bruseghin (ITA, Movistar Team) à 52 sec.