Année après année, l’Etape du Tour reste le grand rendez-vous de l’été que beaucoup de cyclos ne manqueraient pour rien au monde. Preuve en est avec des chiffres qui donnent le tournis. Pour sa 23ème édition, l’Etape du Tour c’est 15200 engagés, 70 nationalités représentées et une majorité d’étrangers, environ 12500 participants répartis dans quinze sas différents aménagés à Saint-Jean-de-Maurienne pour parcourir les 138 kilomètres de la 19ème étape du Tour de France dans des conditions dignes des pros. Rares sont les cyclistes qui peuvent rouler en toute sécurité sur des routes privatisées. L’Etape du Tour c’est aussi ce bonheur de pouvoir prendre les trajectoires que l’on veut dans les descentes, sans se soucier du danger que peuvent représenter les autres usagers de la route.

Avant de voir défiler les vélos, ce sont les voitures qui ont déferlé dans la station de la Toussuire, lieu d’arrivée le dimanche, mais aussi lieu choisi pour accueillir le village-départ. Bien que les accès à la station soient multiples, il aura été difficile d’échapper aux embouteillages le samedi pour venir retirer son dossard. Il était impossible d’éviter la cohue et les bouchons avec près de 12000 personnes affluant dans la Toussuire, quelques heures avant de se présenter au départ, à 7 heures pour le premier sas, à 9 heures pour les derniers.

Quelle que soit l’heure à laquelle les participants se soient élancés, ils ne se sont pas posé la question du vêtement à utiliser. Le court était de sortie pour tout le monde avec des températures plus que clémentes avec une vingtaine de degrés au départ. Même au sommet des cols à plus de 2000 mètres d’altitude l’atmosphère est encore douce. Elle deviendra vite étouffante sur les tronçons très exposés, on y reviendra.

Car même si le mercure était idéal pour la pratique du cyclisme, le col du Chaussy était grimpé à froid. Entendez par là, après quelques kilomètres à la sortie de Saint-Jean-de-Maurienne. Méconnue, la difficulté aura surpris ceux qui ne sont pas passés par la case reco avec des pourcentages très exigeants dès les premiers hectomètres de la montée dans le village d’Hermillon. Arrivés à Montvernier, les cyclos laissaient sur leur droite les lacets qui seront grimpés par les pros cette semaine pour grimper au cœur des roches ombragées vers Montpascal où les pourcentages sont les plus exigeants, mais où les paysages sont les plus beaux.

Au sommet, une descente technique attendait les participants et les chutes n’ont pas été rares sur les routes tortueuses dont le goudron a été remis en état pour l’occasion. En bas de la descente à La Chambre, la seule portion de plat arrive. Alors que les locaux sont attablés au petit-déjeuner avec le café de rigueur, les cyclos partent pour une boucle de 30 kilomètres comprenant toutefois deux petites bosses. L’allure est élevée pour opérer les regroupements. Mais quand Saint-Etienne-de-Cuines approche, ça commence à temporiser pour ne pas griller de cartouches avant le pied du col du Glandon. A partir de là, il sera inutile de rester au sein d’un groupe puisqu’il n’y a plus aucun mètre de vallée jusqu’à l’arrivée à la Toussuire. C’est alors chacun pour soi selon les moyens du bord. Au contraire, il vaut mieux gérer selon son propre rythme.

Personne ne pourra suivre celui de l’ancien professionnel Jérémy Bescond qui s’envole dans le Glandon et qui franchit la ligne le premier à la Toussuire en 4h52’44 ». D’autres auront bien plus de difficultés sur les rampes terribles de ce col trop sous-estimé. A partir de Saint-Colomban-des-Villards, la route se cabre pour de bon. Elle ne cessera de le faire jusqu’au sommet du col où les camping-cars ont déjà pris leurs quartiers pour voir les pros filer vendredi et samedi. Au sommet, il faut encore tourner à  gauche pour rejoindre le col de la Croix de Fer. Les 2,5 kilomètres ne sont qu’une formalité, surtout avec le vent dans le dos qui donne des ailes aux cyclos après les trois derniers kilomètres terribles du Glandon.

Avant d’aborder la montée finale, les descentes auront la particularité d’être plus exigeantes que les montées. Il y a d’abord la première partie de la Croix de Fer avant d’arriver sur Saint-Sorlin-d’Arves. Il y a surtout la descente du col du Mollard. Bien que la montée soit difficile, surtout dans ces derniers kilomètres très exposés au soleil qui commence à taper dur au moment du passage des cyclos, la replongée vers le pied de la Toussuire est très technique. Le goudron est très irrégulier et les virages à épingle sont très pentus. Une attention à chaque instant sera demandée aux pros vendredi. Arrivé au village d’Albiez-Montrond, le berceau de l’Opinel qui fête ses 125 ans cette année, les plus vaillants (les plus affutés diront d’autres), abordent la montée finale de la Toussuire vers 11 heures. La chaleur sera plus intense pour les autres qui commenceront l’ascension, très exposée dans sa première partie, dans l’après-midi.

Tous les concurrents ont évidemment apprécié les arrosages surtout dans la montée de la Toussuire et au moins autant les messages d’encouragements posés sur les panneaux à chaque kilomètre. Parmi ceux-ci on retiendra « Ici, même Contador a mal aux jambes » (pas Froome !), puis « les jambes disent non, la tête dit oui » et surtout « les hommes font du rugby, les dieux font du vélo. » Tout est dit ou presque.

L’étape du Tour aura donc été chaude et en ce sens, une fois l’effort terminé, un petit ravitaillement à l’arrivée avec des boissons fraîches aurait été apprécié. Au lieu de cela, il faut prendre la direction de la salle où était organisée la pasta party. Il est aussi regrettable que les podiums de catégorie n’aient pas été mis en valeur avec seulement deux podiums scratch, l’un pour les messieurs, l’autre pour les dames. Pour le reste, rien à redire sur la belle machine parfaitement rodée qu’est l’Etape du Tour. Les moyens financiers mis en œuvre et le nombre de bénévoles mobilisés pour l’événement pourraient faire pâlir d’envie n’importe quelle autre cyclosportive.

Désormais les paris sont ouverts pour savoir où l’épreuve prendra ses quartiers l’an prochain. La logique voudrait que les Pyrénées soient mises à l’honneur mais il n’est pas à exclure que les Vosges ou le Massif Central puissent être les hôtes du plus grand événement cyclosportif de France.

Classement :

1. Jeremy Bescond en 4h52’44 »
2. Antonin Marecaille en 4h57’52 »
3. Robin Cattet en 5h00’22 »
4. Thomas Bouvet en 5h00’59 »
5. William Turnes en 5h02’56 »
6. Kenny Nijssen en 5h03’37 »
7. Michel Roux en 5h03’57 »
8. David Gaudu en 5h04’35 »
9. Dorian Godon en 5h05’20 »
10. David Polveroni en 5h07’54 »

95 et 1ère Dame. Edwige Pitel en 5h40’26 »