Rien ne peut vraiment préparer à rouler sur les pavés, même si les pavés du Tour des Flandres sont un peu meilleurs que ceux de Paris-Roubaix, ça secoue quand même bien.

Bien adapter sa position sur le vélo pour affronter les pavés

Il faut donc « amortir » les chocs aussi bien à l’avant qu’à l’arrière, sinon ça va être vite catastrophique. À l’avant parce qu’on peut vite tétaniser des avant-bras à l’arrière pour éviter les crevaisons par pincement et in fine un terrible mal au dos.

Ceux parmi nous qui ont connu le VTT dans les années 80, à l’époque où la seule suspension était les pneus vont avoir un avantage : il faut « laisser vivre » son guidon sans complètement le serrer pour qu’il puisse « remonter » sur les chocs. Une prise du cintre « en haut » avec les coudes écartés n’est pas mal pour les secteurs les plus sévères, sinon, sur les cocottes, mais en pensant à garder les bras toujours souples et fléchis.

Pour l’arrière, il ne faut pas être assis mais « en suspension », c’est un peu énergivore, mais si on reste assis, la crevaison par pincement est inévitable. Ça implique de pédaler un peu plus en force qu’habituellement, car c’est très compliqué de mouliner et de rester en semi-suspension.

Photo : Pierre Plana

La position sur la route a son importance

Une route pavée n’est pas souvent plate : le milieu de la route est en relatif bon état et là où les roues des voitures et des engins agricoles passent, la route est affaissée et les pavés plus disjoints.

Généralement, l’idéal est de rouler sur le haut du pavé, au milieu de la route… sauf que… il ne faut pas oublier que ces routes pavées sont la plupart du temps des chemins agricoles et donc il y a de la terre. Sur Paris-Roubaix, beaucoup de secteurs sont littéralement dans des champs de patates.

Comme le haut du pavé est arrondi, si les pavés sont mouillés, rester en haut, c’est aussi prendre le risque de glisser, notamment dans les changements de direction. Les virages notamment doivent être pris bien à l’intérieur, dans le creux, sinon ça part très vite dans le bas-côté à l’extérieur du virage.

Si vous vous sentez un peu à l’aise, vous allez aussi beaucoup doubler, donc dans le creux du pavé. Et lorsqu’on « redescend » du haut du pavé, les pavés sont plus disjoints et si la pluie est intense, parfois, on roule aussi dans l’eau. De ce fait, il faut bien « sentir » son vélo pour amortir au mieux les trous que l’on ne voit pas.

Conseils pour le Tour des Flandres et Paris Roubaix

Le Tour des Flandres introduit une donnée supplémentaire, ce sont les montées. Heureusement, les pavés y sont bien meilleurs que sur Paris-Roubaix. Là, il va falloir privilégier l’adhérence et donc une position assise. Sur certaines parties où il y aura besoin de force, le pédalage en danseuse étant risqué, on peut passer en position bec de selle, un intermédiaire qui permet de garder un bon appui sur la roue arrière.

Ne pas oublier que sur les pavés, plus vite on passe, moins on est secoué. Il vaut mieux récupérer sur les parties goudronnées et faire les parties pavées à fond que le contraire, on gagnera du temps et de l’énergie. Si on intègre bien les techniques pour amortir, qu’on est prudent dans les courbes, qu’on gère tranquillement les parties goudronnées, tout se passe bien ! On est secoué, mais pas plus que sur des sentiers de montagne très caillouteux en VTT.

Photo : Pierre Plana

Comment se préparer physiquement à rouler sur des pavés ?

Sauf à habiter dans le Nord, il n’y a pas vraiment de pavés, donc la préparation doit se passer différemment.

La première chose, c’est probablement faire un peu de musculation. À vélo, il faut être bien gainé. Pour rouler sur les pavés, il faut être TRES bien gainé. Donc du gainage, du gainage, du gainage… un peu de musculation des triceps dynamique avec des petits haltères ou des élastiques, complètera la partie musculation.

Sur le vélo, il faut bien sûr avoir dans les jambes les heures de selle. Donc avoir fait du vélo très régulièrement dans les deux mois qui précèdent avec quelques longues sorties et il faut faire des sorties avec des efforts poussés sur 5-10 minutes suivies de périodes de récupération. Deux sorties dans la semaine avec des intensités fractionnées et une longue sortie le weekend c’est parfait.

Si on peut faire un peu de VTT (ou de Gravel) sur des circuits caillouteux, c’est encore mieux. Pour le Tour de Flandres, introduire du dénivelé, c’est mieux aussi…

Photo : Pierre Plana

Quel matériel choisir pour une épreuve pavée ?

Le matériel est toujours une affaire de compromis. Pour passer les pavés, probablement que l’idéal serait un vélo de Gravel avec des pneus de 44. Mais il ne faut pas oublier que les secteurs pavés ne représentent qu’un quart du trajet… donc il faut faire des choix.

Lors de notre Paris-Roubaix, notre petit groupe de 3 avait fait trois choix différents : un Gravel avec des pneus de 38mm, un vélo avec une fourche VTT adaptée à un cadre de route avec des pneus de 28mm, un vélo normal à disques avec des pneus de 30mm. Les deux premiers choix se sont avérés adaptés aux pavés, mais les collègues ont souffert sur le bitume. Le vélo « normal » était adapté, mais dans Arenberg, j’ai cru que j’allais tout casser.

  • Mes recommandations pour Paris Roubaix : un vélo à FAD (pas pour le freinage, on ne freine presque pas, mais pour installer des pneus de grosse section), du tubeless (qui va éviter les crevaisons par pincement) de grosse section, très peu gonflé pour avoir de l’adhérence. Pour les roues, si je n’avais pas de limite, j’aurais pris des jantes en carbone larges et semi-hautes (40-45mm), mais comme je paye mes roues, une paire d’alu polyvalentes est plus rassurante. J’ai entendu plusieurs fois la jante toucher dans Arenberg…
  • Pour le Tour des Flandres : Les pavés sont bien meilleurs donc un vélo « normal » avec des tubeless de 28mm sera très bien. On peut prendre ses roues en carbone avec un bon niveau de confiance.

Dans les deux cas, je recommande d’arriver la veille et de faire des essais de pression de pneus… à Roubaix, au carrefour de l’Arbre qui n’est pas très loin de l’arrivée, à Audenarde au Koppenberg qui est le plus délicat et tout près d’Audenarde.

Le Kiff ! Prendre du plaisir est le plus important !

Il faut prendre les pavés comme une étape dans votre vie de cycliste : pour moi qui ai un gabarit de pistard Paris-Roubaix a été « facile », mes crevettes des montagnes étaient bien au chaud dans les roues sur les parties bitumées et sont donc bien passées dans les tronçons pavés. Sur le Tour des Flandres, ce fut l’inverse, il faut vraiment le prendre comme une épreuve de montagne, et donc là les crevettes des montagnes m’ont attendu en haut des monts qu’ils ont passé beaucoup plus vite que moi et j’étais bien émoussé dans les derniers monts.

Après… l’ambiance, la nouveauté, passer le Koppenberg ou le mur de Grammont sur le vélo, rentrer sur le vélodrome de Roubaix en sprintant… C’est quand même le bonheur !

Photo : Pierre Plana

Article rédigé par Pierre Plana.