Petit dernier de la célèbre fratrie champenoise des Simon (ses frères aînés Régis, Pascal et Jérôme ont tous été professionnels), François Simon a su se faire un nom et un prénom au cours de ses douze années de professionnalisme (1991-2002). Sacré champion de France sur le circuit de Charade en 1999, c’est un autre maillot qui le rendit célèbre en 2001 lorsque, grand bénéficiaire de l’échappée de Pontarlier qui parvint à l’arrivée 35’54 » avant le peloton, il prit possession du maillot jaune du Tour de France avec plusieurs dizaines de minutes sur les favoris. François Simon le défendit trois jours à travers les Alpes et au début des Pyrénées avant de concéder la tunique dorée à Lance Armstrong vers Saint-Lary-Soulan. Il se classa 6ème et 1er Français de cette édition 2001 du Tour de France. A 45 ans aujourd’hui, il ouvre notre nouvelle rubrique.

François, vous avez mis un terme à votre carrière fin 2002. Quelle est aujourd’hui votre activité ?
Je me suis lancé dans l’artisanat il y a cinq ans. Je m’occupe surtout de rénover des maisons. J’ai toujours bien aimé le bricolage. J’ai commencé par acheter un corps de ferme que j’ai complètement rénové seul. C’est la maison dans laquelle j’habite désormais. Ça m’a bien plu et de là j’ai créé une micro-entreprise dans le secteur de Bercenay-en-Othe, à 15 kilomètres de Troyes. J’essaie de trouver des bâtisses à rénover puis à revendre. C’est une activité à laquelle j’avais pensé en arrêtant ma carrière, sans que ce soit encore trop concret. Je me voyais bien rénover des maisons, des appartements, mais ça ne s’est pas fait directement.

A la fin de votre carrière, c’est vers un autre type de restauration que vous vous êtes d’abord orienté…
Tout à fait. J’ai d’abord acheté un hôtel-restaurant à Eaux-Puiseaux, dans l’Aube, que nous avons baptisé « L’Etape du P’tit Sim ». C’était plus un investissement qu’une véritable reconversion professionnelle. J’ai demandé des renseignements aux gens que je connaissais et j’ai appris sur le champ. Ça a été une expérience, elle a duré quatre ans, mais elle s’est finalement très mal passée avec mon associé et les employés. Et j’ai préféré tout arrêter. C’est ensuite que j’ai créé ma micro-entreprise au sein de laquelle je travaille seul.

D’un point de vue athlétique, qu’avez-vous fait de votre vélo après avoir raccroché ?
Je n’ai plus roulé. J’ai été pendant au moins six ans à ne pratiquement plus faire de sport. Et puis je me suis mis à la course à pied, comme beaucoup d’anciens cyclistes. J’avais envie de refaire du sport et je connaissais du monde qui courait. Courir trois quarts d’heure ou une heure, c’est très bien, alors que faire du vélo ce n’est pas terrible si on n’a pas au moins deux heures à y consacrer à chaque sortie. Mais je m’y suis remis tout doucement depuis trois ans puisque je pratique désormais le triathlon. Je roule à hauteur de 4000/5000 kilomètres par an.

A quel niveau ?
Je me débrouille pas trop mal. J’ai disputé cette année le Triathlon de Gérardmer sur longue distance : 1900 mètres de natation, 95 kilomètres de vélo, 21 kilomètres de course à pied. Je l’avais plutôt bien préparé et j’ai terminé 62ème sur 1500 participants en 5h09’32 ».

Des trois disciplines du triathlon, on imagine que c’est à vélo que vous vous défendez le mieux ?
Oui, c’est là où je rattrape un peu plus de temps bien sûr. Mais je me fais plaisir dans chacune des disciplines. Même en natation, que tout le monde redoute un peu en triathlon. Faire du vélo ou courir, chacun sait le faire, qu’on s’y défende ou non. La natation, c’est autre chose. Mais je vais nager une fois par semaine depuis trois ans et aujourd’hui je me fais plaisir dans cette discipline autant que dans les autres.

Quelles sensations avez-vous aujourd’hui sur le vélo, douze ans après avoir traversé les Alpes en jaune dans le Tour de France ?
J’ai régressé, c’est sûr. Je n’ai aujourd’hui plus du tout le niveau que j’avais lorsque j’étais professionnel. Je serais bien incapable de faire une course de 150 kilomètres à 45 à l’heure ou un chrono à 48 de moyenne. Sur du plat, j’arrive néanmoins à faire des chronos de 40 kilomètres à 39/40 de moyenne. Dans ma région Champagne-Ardenne, ça me permet d’être souvent dans les trois meilleurs temps.

Que reste-t-il de votre carrière dans votre quotidien ?
De ma carrière, on m’en parle encore beaucoup, c’est sûr. Qu’il s’agisse de mes clients qui ont suivi le vélo ou des gens qui m’ont vu arriver dans le triathlon. Moi aussi j’y repense régulièrement. D’autant que le temps passe très vite. J’ai du mal à penser que ça fera bientôt quinze ans que j’ai été champion de France. Je suis très content d’avoir fait ce que j’ai fait. Je choisirais la même voie si c’était à refaire. Je pense que tous ceux qui ont eu l’opportunité de passer pros et de faire le Tour de France ne le regrettent pas.

Quel souvenir particulier de votre carrière vous reste en mémoire ?
Des bons souvenirs, j’en garde quelques-uns. Le titre de champion de France à Charade en 1999, ça reste le meilleur. J’avais toujours rêvé d’entendre la Marseillaise sur un podium, ce jour-là j’ai accompli mon rêve. Après, bien sûr, il y a le maillot jaune porté trois jours sur le Tour de France 2001, jusqu’à ce que Lance Armstrong m’en dépossède dans les Pyrénées. L’étape de Troyes dans le Tour 2000 reste également un très grand souvenir. Je n’avais pas gagné l’étape mais j’avais réalisé une grande échappée et je ne m’étais fait revoir que dans ma ville de Troyes.

Vous arrive-t-il encore de vous remémorer ces souvenirs en vous passant une vidéo ?
Oui, ça m’est déjà arrivé. Avec mes deux filles, ça nous est arrivé de se repasser la cassette du Championnat de France 1999 ou du Tour de France. Ma fille aînée avait 3 ans quand j’ai été champion de France, 5 ans quand j’ai été Maillot Jaune. Elle s’en souvient un petit peu. Pas la plus petite, qui était encore dans le landau quand j’ai endossé le maillot bleu-blanc-rouge !

Aujourd’hui, vous intéressez-vous toujours à l’actualité du cyclisme ?
J’essaie de regarder un peu les résultats. Et quand des courses passent à la télé, et que j’ai le temps, je regarde. Et bien sûr je ne perds rien du Tour de France.

Dans notre prochain épisode, retrouvez quel ancien champion de France est aujourd’hui commercial pour une société qui distribue des accessoires de vélo. Rendez-vous le mercredi 4 décembre.