Jean-Marc, comment avez-vous vécu votre fin de carrière au terme de la saison 2014 ?
Sur le Tour de France 2014, les dirigeants de Cannondale, que je venais d’intégrer en début de saison, m’avaient annoncé qu’ils allaient me prolonger pour deux ans. Mais au moment d’aller signer mon contrat avec eux à New York, fin septembre, on m’a finalement dit que ça n’allait pas se faire. De là, j’ai vite lâché l’affaire. J’ai appelé deux, trois équipes, mais il n’y avait déjà plus de place. Sur le coup, il m’a fallu encaisser le choc. Mais dans la vie il faut aller de l’avant et j’ai tourné la page. Je me suis arrêté sur une superbe saison et je me dis que ce n’est peut-être pas plus mal que regresser petit à petit.

Qu’avez-vous fait alors ?
J’étais nouveau dans la vie active et j’étais prêt à prendre tous les boulots qu’on me proposerait. Rester à la maison à ne rien faire n’est pas mon style. J’ai donc fait plein de petits boulots. J’ai notamment été assistant dans une petite équipe équatorienne basée à côté de chez moi. J’ai commencé à les masser pendant l’hiver puis j’ai bossé un mois et demi avec eux, sur des courses au Portugal, au Maroc…

Puis vous avez beaucoup travaillé avec ASO…
A ce moment-là, je ne savais pas trop vers quelle reconversion aller. Je me suis alors tourné vers d’anciens coéquipiers qui travaillaient chez ASO comme Cédric Coutouly. Il y avait une place à prendre auprès d’Amaury Sport Organisation et j’ai eu la chance de faire directement le Tour du Qatar puis le Tour d’Oman. J’y ai conduit les journalistes et les photographes. De fil en aiguille, j’ai fait plusieurs petits boulots avec ASO sur plusieurs événements. J’ai la chance de parler anglais et espagnol, si bien que j’ai pu travailler avec les RP sur le Tour et sur la Vuelta. J’y ai découvert un aspect de la course cycliste que je ne connaissais pas et qui me plaît énormément. C’est un boulot très diversifié.

Quel était votre rôle sur le dernier Tour de France ?
J’ai fait le remplacement des régulateurs. Du fait de l’application du code du travail et de l’interdiction de faire travailler un même salarié plus de six jours par semaine, je les remplaçais sur certaines étapes. J’ai également dépanné les RP pour accompagner des invités et partenaires d’ASO dans les voitures. Cela permet de rencontrer des gens très différents, du gars qui a gagné une invitation à la radio au grand patron d’entreprise, en passant par un élu. On parlait de tout, de rien, et surtout de vélo.

Pour ces métiers, et notamment celui de régulateur, diriez-vous qu’il est primordial d’avoir été coureur à bon niveau ?
Oui, franchement. Pour avoir été dans la position du coureur par le passé, on voit avant tout le monde ce qui va se passer. Par exemple, si on est à l’arrière du peloton et qu’on voit un mec redescendre assez vite, on sait avant qu’il ne lève la main qu’il va appeler sa voiture. Cela permet d’anticiper en prévenant les équipes et les motards derrière nous.

Visez-vous une évolution à la Thierry Gouvenou, ancien coureur et désormais directeur technique des épreuves d’ASO ?
Thierry est un exemple pour tous. Mais personnellement je n’en suis qu’au tout début. J’essaie déjà de faire mon boulot de régulateur, et pour cela j’ai les meilleurs professeurs avec Jean-Michel Monnin, Cédric Coutouly…