Un grand tour se court en trois semaines, et ça, Chris Froome (Team Sky) l’a bien compris. En difficulté pendant plus de 15 jours, le Kenyan blanc s’est métamorphosé dans la dernière ligne droite de ce 101ème Giro. Largué à la 12ème place du général avec plus de 3 minutes de retard sur Simon Yates (Michelton Scott) alors leader, il a d’abord frappé sur le Monte Zoncolan. S’en est suivi un très bon contre-la-monte lors de la 16ème étape avant de s’emparer du maillot de leader, vendredi, au terme d’une échappée de 80 kilomètres en solitaire. Revenu de nulle-part, Froomey a maté, un à un, les différents prétendants à la victoire finale. Et ce samedi, il n’a pas eu de difficultés pour conserver le précieux maillot rose.

Dumoulin trop court

Entre Susa et Cervinia, le Britannique n’avait pas d’égal lorsque la route s’élevait. Tom Dumoulin (Team Sunweb) a tenté, mais il n’y avait rien à faire. Froomey n’a pas eu besoin de ses équipiers pour contrôler les attaques du Néerlandais. Fringuant durant cette dernière étape de montagne avant celle de clôture à Rome, le Kenyan blanc n’a jamais été mis en danger. Il s’est même permis de contre-attaquer son rival afin de lui prouver toute sa supériorité. Distancé à 5 kilomètres du terme de l’étape, le tenant du titre est revenu au train mais n’avait plus de jus dans les derniers hectomètres et a du s’incliner face à la puissance du porteur du maillot rose.

 « Une sensation incroyable »

S’il n’a pas officiellement gagné le Giro, c’est tout comme avant la parade de la 21ème étape, dimanche, sur les pavés de Rome. Le Britannique a ainsi remporté les trois grands tours, et a surtout enchainé victoire sur le Tour, sur la Vuelta et sur le Giro. Un triplé, qui certes, n’a pas été réalisé sur l’année civile mais qui reste un exploit. « C’est énorme de gagner le Tour, la Vuelta l’an passé et aujourd’hui le Giro. C’est un rêve de réaliser ce triplé. C’etait la plus grosse bataille de ma vie. Il y a deux ou trois jours, j’étais à plus de trois minutes et finalement j’ai réussi à le faire. C’est une sensation incroyable » s’est-il félicité dans la zone mixte.

Froomey a également tenu à remercier ses équipiers, qui n’ont jamais baissé les bras durant ces trois semaines de course. « Je dois avouer que si j’ai été capable de faire ce que j’ai réalisé vendredi, c’est grâce à tout ceux qui ont cru en moi et qui ont adhéré au plan que nous avions. Souvent, quand les choses ne fonctionnent pas pour un coureur au classement général et que l’on perd quelques minutes, on peut voir que toute l’équipe s’effondre. Les gars n’ont jamais lâché et ont redoublé d’effort tout au long de ce Giro. Mes coéquipiers ne m’ont jamais lâché et ont toujours cru en moi. Ils me disaient, ‘’écoute, tu as eu une journée difficile, mais ne t’inquiètes pas, tu seras de retour demain, tu vas être performant, on croit en toi’’. C’est incroyable de pouvoir leur rendre la pareille aujourd’hui après trois semaines de travail acharné. »

Pinot éjecté du podium et du top 10

Il en avait rêvé, et comme en 2017, Pinot (Groupama FDJ) ne terminera pas sur le podium du Giro. En très bonne forme la veille sur la 19ème étape où il a accompagné les meilleurs comme Dumoulin, Carapaz (Movistar) ou Miguel Angel Lopez (Astana), le Franc-Comtois a craqué sur cette 20ème étape, comme l’année passée. Cette fois-ci, il n’a pas simplement perdu quelques minutes sur la ligne. Le grimpeur de la FDJ a explosé en plein vol à plus de 40 kilomètres de l’arrivée, dans le col de Pantaléon, à la manière de Simon Yates sur la 19ème étape. La chaleur et l’humidité sur cette avant-dernière journée ont surement eu raison de son désir de podium, lui qui s’est totalement garé sur le bas côté de la route dès les premières pentes de Pantaléon. Si son équipe ne l’a jamais lâché et a fini l’étape à ses côtés, le grimpeur français a terminé à plus de 45 minutes de Nieve. La détresse sur son visage était lourde après son passage sur la ligne, touché physiquement et mentalement. « Thibaut était souffrant depuis quelques temps, il a dépassé ses limites toute la semaine mais aujourd’hui, il n’a pas réussi. Le corps a dit stop et on ne peut pas dépasser ses limites outre mesure. Il était a l’agonie sur le vélo, c’était pénible à voir. Il n’a pas pu enchainer deux journées de haut niveau, surtout que la nuit a été terrible » a avoué Jéremy Roy, son compagnon de chambre sur le Giro. « J’avais un mauvais pressentiment ce matin, et cela s’est confirmé. Mais bravo a lui pour avoir fini l’étape » a-t-il conclut.

5ème victoire de Michelton Scott

Il y avait plusieurs courses dans la course sur cette 20ème et dernière étape (réellement disputée). Outre la bataille pour le classement général, de nombreux coureurs visaient la victoire d’étape sur cette longue journée en montagne. Et dès les premiers kilomètres, l’explication entre baroudeurs a pu avoir lieu. Ils ont été nombreux à tenter de prendre l’échappée qui semblait quasiment victorieuse. Giulio Ciccone (Bardiani CSF), Robert Gesink (LottoNL Jumbo), Mikel Nieve (Michelton Scott), Valerio Conti (UAE Team Emirates), Matej Mohoric (Bahrain Merida), Felix Grossschartner (Bora Hansgrohe) ou encore Gianluca Brambilla (Trek Segafredo) ont finalement réussi à s’extirper du peloton. Dans l’enchainement des difficultés dans le final, ce sont les meilleurs grimpeurs qui se sont logiquement détachés à l’avant. Gesink, Grossschartner et Nieve ont été les plus facile dans l’avant dernière ascension. Les trois hommes ont lâché à la pédale leur compagnons d’échappée. C’est finalement le Basque de la Michelton Scott qui avait le plus de ressource après ces trois semaines de course pour s’envoler vers la victoire d’étape. L’ancien de la Sky a monté les 18 kilomètres de l’ascension finale au train et n’a jamais été rattrapé par les deux derniers larrons de cette échappée matinale. Il a pu remporter sa troisième victoire d’étape sur le Giro après s’être imposé en 2011 et 2016 et conclut par une victoire le très beau Tour d’Italie de l’équipe Michelton Scott, qui aura remporté 5 victoires d’étapes par le biais de ses grimpeurs. -Léo Labica

Classement de la 20ème étape : 

1. Mikel Nieve (ESP, Michelton Scott) en 5h43’48 »
2. Robert Gesink (NER, LottoNL Jumbo) à 2’17’’
3. Felix Grossschartner (AUT, Bora Hansgrohe) à 2’42’’
4. Giulio Ciccone (ITA, Bardiani CSF) à 3’45’’
5. Gianluca Brambilla (ITA, Trek Segafredo) à 5’23’’
6. Wout Poels (NER, Team Sky) à 6’03’’
7. Chris Froome (GBR, Team Sky) m.t.
8. Davide Formolo (ITA, Bora Hansgrohe) m.t.
9. Domenico Pozzovivo (ITA, Bahrain-Merida) m.t.
10. Richard Carapaz (EQU, Movistar Team) m.t.

Classement général à l’issue de la 20ème étape : 

1. Chris Froome (GBR, Team Sky) en 86h11’50’’
2. Tom Dumoulin (PBS, Team Sunweb) à 46 sec.
3. Miguel Angel Lopez (COL, Astana) à 4’57 »
4. Richard Carapaz (EQU, Movistar Team) à 5’44 »
5. Domenico Pozzovivo (ITA, Bahrain-Merida) à 8’03 »
6. Pello Bilbao (ESP, Astana) à 11’50 »
7. Patrick Konrad (AUT, Bora-Hansgrohe) à 13’01″
8. George Bennett (NZL, Team LottoNL-Jumbo) à 13’17’’
9. Sam Oomen (PBS, Team Sunweb) à 14’18 »
10. Davide Formolo (ITA, Bora Hansgrohe) à 15’16’’