La société drômoise Corima a célébré l’an passé son 40ème anniversaire : 40 années de présence pour 40 ans d’innovations. Si l’industrie du vélo connaît bien la marque de roues établie à Loriol, c’est dans l’outillage que la société créée en 1973 par Jean-Marie Riffard et Pierre Martin (qui lui ont donné leurs noms : COopération RIffard Martin) s’est d’abord lancée, notamment dans l’aéronautique. Cet outillage destiné à réaliser des pièces en matériau composite était d’abord fabriqué, en tant que tel, en aluminium. Il est aujourd’hui conçu en nickel en électrodéposition pour faire des pièces en matériau composite carbone. De là est née l’idée, en 1988, de se diversifier dans la roue de vélo avec la première roue paraculaire, sacrée championne de France sur piste dès 1989 avec Eric Magnin, les deux activités étant scindées en 1995.

Quand on pense Corima, on pense avant tout innovation. L’entreprise française est à la pointe de la technologie et en avance sur son temps. Deux ans après la création du site Internet (en 1996), la marque a pris le parti de la vente en direct dès 1998. Elle est devenue ainsi la première boutique marchande dans la Drôme, vendant ses produits en ligne depuis quinze ans aujourd’hui ! « A l’époque les roues carbone n’étaient pas aussi répandues qu’elles ne le sont aujourd’hui, se souvient Pierre-Jean Martin, Directeur Général de Corima et fils du fondateur Pierre Martin. Par cette démarche nous voulions être plus proches du consommateur, ce que l’on retrouve aujourd’hui auprès de nombreuses sociétés. Nous étions sans doute un peu novateurs pour l’époque. »

La vente en direct a demandé une vraie refonte de l’entreprise en termes de logistique et de service afin de traiter le client en direct avec le service qui se doit. L’intérêt de cette démarche, c’est le retour consommateurs. Ici, pas de SAV à partir d’un 0800… L’appel est local, et il y a de l’humain de l’autre côté du fil. « La distribution est en train de se métamorphoser, estime Pierre-Jean Martin. On le voit, elle est sur le point de retravailler sa façon de faire. Des choses vont évoluer, dans un sens comme dans l’autre. » Chez Corima, elle passe à l’étranger par le biais de distributeurs ou d’agents. Avec un créneau : l’uniformité des prix. « Nos prix sont les mêmes partout en Europe, comme cela marche pour Apple et ses produits partout dans le monde. On nous demande parfois des promotions mais nous ne faisons pas de prix barrés. Nos prix sont les plus ajustés possible, et nous sommes d’ailleurs plutôt compétitifs sur le marché. »

Avec vingt-cinq salariés en pleine saison et 3 millions d’euros de chiffre d’affaires générés dont 75 % à l’export, Corima a fait sa place sur le marché de la roue. Et son Directeur Général s’en félicite : « nous avons un savoir-faire très développé sur la roue. Or faire une roue, c’est difficile ! On en voit qui arrivent sur le marché, restent deux ans et disparaissent. Réinventer la roue tous les jours n’est pas évident. » Ici, le slogan « prenez la roue des grands » est valable à tous les niveaux. Corima est présent dans le handisport depuis très longtemps, dans l’athlétisme et le handbike (vélo couché que l’on fait progresser à la forces des bras), et plus récemment dans le tennis handisport avec Stéphane Houdet, le n°1 mondial de tennis en fauteuil. La marque drômoise fabrique également des roues pour sulkys sur les courses de chevaux.

Se diversifier ? Ce n’est pas à l’ordre du jour. « Dans notre cœur de métier qui est la transformation de matériau composite, je ne nous vois pas partir sur la fabrication de cadres dans la mesure où le marché est mondial et que nous sommes extrêmement concurrencés par le marché asiatique, reconnaît Pierre-Jean Martin. On arriverait difficilement à se placer sur les domaines des cadres ou de l’accessoire. » Préférant miser sur la performance (entre 7 à 10 % du chiffre d’affaires consacré à la Recherche & Développement), consciente que sortir des nouveautés chaque année n’est pas possible, la société française a conquis la route comme la piste. Reste qu’elle se trouve en retrait sur le marché du VTT.

Certes, Laurence Leboucher utilisait une roue Corima 26″ à boyaux aux Jeux Olympiques de Pékin, mais la présence de la marque reste modérée. « Ce marché évolue beaucoup, fait remarquer Pierre-Jean Martin. Si tant est que nous nous soyons lancés sur le 29″, il nous faudrait déjà faire aujourd’hui du 27,5″ ! Il est en outre très compliqué de s’adapter aux standards. Sur la route on a Shimano, SRAM et Campagnolo. Sur le VTT les standards sont beaucoup plus nombreux en termes de diamètre d’axe. C’est compliqué pour nous d’arriver sur un marché niche, où les quantités seraient plus faibles. »

Corima y travaille cependant sérieusement, mais dans le but de pérenniser sa présence sur le marché du VTT. « Si on y va, ce n’est pas pour faire un aller-retour mais pour y rester. Nous avons des roues en test depuis 2008 mais nous retardons notre arrivée, estimant ne pas être encore prêts pour y aller. »

En attendant, c’est sur la route que se démarque Corima, avec un passage nécessaire par le sponsoring. La marque équipe les équipes professionnelles Astana et La Pomme Marseille 13. Elle est en outre partenaire, depuis 2010, de la Corima Drôme Provençale, l’événement de masse qui lance la saison des cyclosportives mi-mars à Montélimar. « On ne pourrait pas se passer du sponsoring pour vendre des produits dans le monde entier, sachant que nous restons une PME et qu’exporter nos produits n’est pas évident, explique Pierre-Jean Martin. Le fait d’être partenaires d’Astana nous ouvre des portes en Asie, où elle a une très belle renommée. La Pomme nous permet de maintenir notre communication en Europe. » Des partenariats qui offrent à Corima une image de marque et qui ont pour vocation d’assoir l’entreprise en termes de qualité de produit.