Des trois courses par étapes majeures du calendrier, le Tour d’Italie est le seul à avoir ce type de folie des grandeurs. Il faudrait remonter loin dans le temps pour trouver trace d’une étape du Tour ou de la Vuelta ayant dépassé le seuil des 250 kilomètres de course. En Italie, c’est monnaie courante. Et c’est aujourd’hui que se dispute l’étape marathon du Giro, 255 kilomètres entre Assise et Montecatini Terme. Les routes de Toscane empruntées par la course rose ne sont heureusement pas trop rudes. Principalement planes, elles compteront néanmoins deux ascensions : le Poggio alla Croce (7,1 km à 5,3 %) à une centaine de kilomètres de l’arrivée et surtout la montée de la côte de Vico (3,3 km à 5,2 %), qui interviendra à 11 kilomètres de l’arrivée, après un premier passage sur la ligne de Montecatini Terme, comme si ça ne suffisait pas.

Ça va être long jusqu’à ce dénouement très attendu. Et pour tromper l’ennui cinq coureurs se précipitent dans l’échappée du jour : l’Italien Manuele Boaro (Team Saxo Bank), le Français Mickaël Delage (FDJ-BigMat), l’Autrichien Stefan Denifl (Vacansoleil-DCM), le Belge Olivier Kaisen (Lotto-Belisol) et l’Espagnol Adrian Saez (Euskaltel-Euskadi). C’est bien senti car on ignore si une équipe sera en mesure de contrôler la course toute la journée, tant la route est longue. Alors les attaquants font de leur mieux pour accroître leur avantage et essayer de décourager toute tentative de retour dans le final. Le mieux classé des cinq est Stefan Denifl, déjà repoussé à plus de quarante minutes. Ça laisse une marge confortable au Team Katusha de Joaquim Rodriguez, déjà le cinquième porteur du maillot rose après Phinney, Navardauskas, Malori et Hesjedal. Pour autant l’avance des fuyards n’atteindra jamais de grosses proportions.

A 30 kilomètres de l’arrivée, le peloton est quasiment revenu sur Manuele Boaro, Mickaël Delage, Stefan Denifl, Olivier Kaisen et Adrian Saez. Alors l’Italien du groupe de tête décide d’insister encore un peu. En bon rouleur qu’il est et que l’on a plaisir à découvrir sur ce Tour d’Italie – il avait terminé 4ème du contre-la-montre d’Herning il y a dix jours – Manuele Boaro résistera un moment au peloton, qui joue avec ses nerfs. Après 240 bornes au compteur, la course franchit une première fois la ligne d’arrivée à Montecatini Terme. Ça ne s’arrête pas là. Il faut désormais accomplir une dernière boucle d’une quinzaine de kilomètres marquée par le franchissement de la côte de Vico. Si Manuele Boaro passe la ligne en tête au retentissement de la cloche, il est rattrapé par la meute dès que la route s’élève. Les 12 derniers kilomètres s’annoncent palpitants.

A nouveau, l’étape se conclut dans le fracas, Mark Cavendish s’incline sur un coup de frein.

La côte de Vico, ce sont 3,3 kilomètres à 5,2 %. Pas plus dur qu’un Poggio dans Milan-San Remo, mais là encore les kilomètres pèsent dans les jambes et cette petite aspérité peut provoquer bien plus de dégâts qu’escompté. Par précaution, ce sont encore les équipes candidates à la victoire finale qui se chargent d’emmener le peloton. Une fois de plus, on voit s’avancer les Liquigas (Ivan Basso), les Astana (Roman Kreuziger) et les Lampre (Michele Scarponi). Leur alliance en tête de peloton n’empêche pas Giovanni Visconti (Movistar Team), Oscar Gatto (Farnese Vini-Selle Italia) et Angel Vicioso (Team Katusha) de gicler en haut de la bosse, provoquant une réaction en personne de Damiano Caruso, Roman Kreuziger et Michele Scarponi ! Ces trois-là reviennent dans la partie descendante mais le peloton réagit vivement et, à 8 kilomètres de l’arrivée, c’est le regroupement général. Cette onzième étape se terminera au sprint.

Le champion du monde Mark Cavendish (Team Sky) a tenu bon dans la côte de Vico, alors ce sont les Sky qui prennent les choses en main dans le retour vers la ligne. Six coéquipiers du Britannique œuvrent à l’entrée de Montecatini Terme, avant de se faire déborder à l’approche d’un final qui s’annonce compliqué, dangereux encore une fois, en raison d’une succession de virages à angles droits débouchant sur des voies étroites. Chacun a pu prendre la mesure du danger au premier passage sur la ligne. Ce n’est finalement pas plus mal que d’avoir proposé cette reconnaissance quand on sait dans quel fracas les sprinteurs du Giro ont pris la mauvaise habitude de conclure leurs étapes. Mais la reco n’aura pas suffi. Dans le dernier virage à 400 mètres de la ligne d’arrivée, plusieurs coureurs dérapent et s’affalent. C’est à nouveau le jeu de dominos !

Précautionneux, Mark Cavendish a viré en quatrième position, dans la roue de quelques sprinteurs dont fait partie Roberto Ferrari (Androni Giocattoli). Et tandis que ça tombe deux positions derrière lui, le Britannique est également pris de court. Se voyant déjà dans les barrières, il doit donner un bref coup de frein. C’est suffisant pour le couper dans son élan au moment où Roberto Ferrari a déjà relancé fort à la sortie de la courbe. Responsable de l’un des premiers accidents de ce Giro aux chutes multiples, c’était du côté d’Horsens, l’Italien est cette fois très propre dans sa trajectoire. Il s’en va conquérir une étape au final de nouveau très chahuté, devançant Francesco Chicchi (Omega Pharma-Quick Step), Tomas Vaitkus (Orica-GreenEdge), et un Mark Cavendish scotché à l’asphalte dans les derniers hectomètres, incapable de boucher le trou sur Ferrari. Mais pour consolation, il endosse le maillot rouge du classement par points.

Demain jeudi, les puncheurs reprendront la main entre Seravezza et Sestri Levante (155 km).

Classement 11ème étape :

1. Roberto Ferrari (ITA, Androni Giocattoli) les 255 km en 6h49’05 » (37,8 km/h)
2. Francesco Chicchi (ITA, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
3. Tomas Vaitkus (LIT, Orica-GreenEdge) m.t.
4. Mark Cavendish (GBR, Team Sky) m.t.
5. Manuel Belletti (ITA, Ag2r La Mondiale) m.t.
6. Giacomo Nizzolo (ITA, RadioShack-Nissan) m.t.
7. Daniel Schorn (AUT, Team NetApp) m.t.
8. Arnaud Démare (FRA, FDJ-BigMat) m.t.
9. Danilo Wyss (SUI, BMC Racing Team) m.t.
10. Geoffrey Soupe (FRA, FDJ-BigMat) m.t.

Classement général :

1. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) en 47h16’39 »
2. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Barracuda) à 17 sec.
3. Paolo Tiralongo (ITA, Astana) à 32 sec.
4. Roman Kreuziger (TCH, Astana) à 52 sec.
5. Beñat Intxausti (ESP, Movistar Team) m.t.
6. Ivan Basso (ITA, Liquigas-Cannondale) à 57 sec.
7. Damiano Caruso (ITA, Liquigas-Cannondale) à 1’02 »
8. Dario Cataldo (ITA, Omega Pharma-Quick Step) à 1’03 »
9. Eros Capecchi (ITA, Liquigas-Cannondale) à 1’09 »
10. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) à 1’10 »

Classement par points :

1. Mark Cavendish (GBR, Team Sky) 77 pt
2. Matthew Goss (AUS, Orica-GreenEdge) 65 pt
3. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 55 pt
4. Domenico Pozzovivo (ITA, Colnago-CSF Bardiani) 49 pt
5. Miguel-Angel Rubiano (COL, Androni Giocattoli) 36 pt
-. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Barracuda) 36 pt
7. Francisco-José Ventoso (ESP, Movistar Team) 32 pt
-. Geoffrey Soupe (FRA, FDJ-BigMat) 32 pt
9. Paolo Tiralongo (ITA, Astana) 31 pt
10. Damiano Caruso (ITA, Liquigas-Cannondale) 29 pt

Classement de la montagne :

1. Miguel-Angel Rubiano (COL, Androni Giocattoli) 24 pt
2. Michal Golas (POL, Omega Pharma-Quick Step) 16 pt
3. Paolo Tiralongo (ITA, Astana) 9 pt
-. Domenico Pozzovivo (ITA, Colnago-CSF Bardiani) 9 pt
5. Cesare Benedetti (ITA, Team NetApp) 7 pt
6. Olivier Kaisen (BEL, Lotto-Belisol) 6 pt
-. Alfredo Balloni (ITA, Farnese Vini-Selle Italia) 6 pt
8. Fumiyuki Beppu (Orica-GreenEdge) 5 pt
-. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 5 pt
-. Beñat Intxausti (ESP, Movistar Team) 5 pt

Classement des jeunes :

1. Damiano Caruso (ITA, Liquigas-Cannondale) en 47h17’41 »
2. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) à 8 sec.
3. Sergio-Luis Henao (COL, Team Sky) à 25 sec.
4. Peter Stetina (USA, Garmin-Barracuda) à 1’01 »
5. Tom-Jelte Slagter (PBS, Rabobank) à 1’41 »
6. Gianluca Brambilla (ITA, Colnago-CSF Bardiani) à 1’56 »
7. Diego Ulissi (ITA, Lampre-ISD) à 3’45 »
8. Jon Izaguirre (ESP, Euskaltel-Euskadi) à 8’35 »
9. Tanel Kangert (EST, Astana) à 12’04 »
10. Nelson Oliveira (POR, RadioShack-Nissan) à 17’00 »

Classement par équipes :

1. Liquigas-Cannondale (ITA) en 140h37’32 »
2. Astana (KAZ) à 1’03 »
3. Movistar Team (ESP) à 1’32 »
4. Garmin-Barracuda (USA) à 1’44 »
5. Lampre-ISD (ITA) à 2’38 »
6. BMC Racing Team (USA) à 3’34 »
7. Omega Pharma-Quick Step (BEL) à 3’44 »
8. Vacansoleil-DCM (PBS) à 4’59 »
9. RadioShack-Nissan (LUX) à 6’16 »
10. Androni Giocattoli (ITA) à 7’24 »