En assommant littéralement ses adversaires au cours des 8700 premiers mètres du Tour d’Italie hier soir à Herning, Taylor Phinney (BMC Racing Team) a déjà mis fin à un premier suspense. Les sprinteurs, qui savaient n’avoir que deux jours, avant le débarquement en Italie mercredi prochain, pour revêtir le maillot rose tant désiré, ont déjà ravalé ce genre d’ambitions. A voir bien sûr ce qu’il en sera de leurs positons après le contre-la-montre par équipes de Vérone mercredi. D’ici là, 20, 12 et 8 secondes sont promises aux trois premiers coureurs qui en finiront aujourd’hui à Herning comme demain à Horsens. Seul Tyler Farrar (Garmin-Barracuda), le mieux placé des sprinteurs, à déjà 36 secondes après le contre-la-montre d’ouverture, peut théoriquement prendre possession du maillot rose. Mais il lui faudra gagner les deux étapes à venir.

Bien entendu, on occulte ici tous les autres scénarios envisageables. Au Danemark, où démarre le Giro ce week-end, les routes toutes planes et exposées au vent ont l’accent des classiques du nord. Le vent souffle au départ d’Herning, or cette première étape effectue une large boucle de 206 kilomètres autour de la cité danoise, léchant la mer du Nord et ses dunes sur une quarantaine de kilomètres, et assure donc aux concurrents de rencontrer le vent dans toutes les directions. Il faudra se méfier des cassures, prendre garde aux chutes, sur des chaussées relativement larges heureusement mais fréquemment coupées par des installations routières. La vigilance sera de mise toute la journée, mais aucun favori de ce Giro des plus indécis ne possède la culture des courses du nord et, par conséquent, aucune formation favorite ne tâchera de mettre à profit la présence du vent pour faire sauter quelques têtes dès ce week-end.

En fait, on assistera aujourd’hui à une étape plutôt paisible, chacun ayant convenu à l’avance de l’intérêt d’un premier rush massif. On compte en effet de très nombreux sprinteurs au départ de cette édition, attirés par un parcours qui leur permettra de s’exprimer régulièrement au cours des deux premières semaines. Si l’appât du maillot rose n’a plus franchement d’incidence sur la motivation des finisseurs, le gain de cette étape Herning-Herning va inviter les équipes de sprinteurs à œuvrer toute la journée derrière la première échappée du Giro, lancée dès le départ par l’Italien Alfredo Balloni (Farnese Vini-Selle Italia), le Belge Olivier Kaisen (Lotto-Belisol) et le Colombien Miguel-Angel Rubiano (Androni Giocattoli). Le trio est parti sur les chapeaux de roue, si bien qu’il porte bien vite son avantage à 13’15 » quand le peloton prend du bon temps.

Victime d’un saut de chaîne à 8 kilomètres du but, Taylor Phinney se paie une poursuite individuelle.

Au bord de la mer du Nord puis à travers de grands champs plats au cœur desquels les agriculteurs danois saluent le passage de la caravane rose avec la même inspiration que les Français en juillet, le Tour d’Italie est lancé dans une relative quiétude. Balloni, Kaisen et Rubiano ont beau avoir pris beaucoup d’avance, ils sont rapidement maîtrisés par le peloton, qui les intercepte d’ailleurs loin de l’arrivée puisque le regroupement intervient à 40 kilomètres du but. Aussitôt, un nouvel attaquant se présente. Cette fois il s’agit d’un coureur local, Lars-Ytting Bak (Lotto-Belisol), l’un des cinq Danois engagés sur ce Tour d’Italie. Seul, le dernier attaquant du jour va s’offrir un bain de foule à domicile durant la dernière heure de course, ouvrant la route du Giro jusqu’à moins de 20 kilomètres de l’arrivée.

Selon un schéma consenti par tous, la deuxième étape prend donc la direction d’une arrivée massive. Taylor Phinney doit conserver son maillot rose. Mais soudain, le jeune Américain s’écarte, ralentit, pose un pied à terre ! A 8 kilomètres de l’arrivée, le splendide vélo rose que lui a concocté BMC – l’équipe avait sérieusement spéculé sur un succès de son jeune prodige hier – a des ratés. La chaîne a sauté du grand plateau, et la manœuvre pour la remettre à sa place paraît s’éterniser. On hésite un instant à descendre le mulet de la galerie, quand tout rentre subitement dans l’ordre. Esseulé, Taylor Phinney se lance alors dans une poursuite après le peloton, discipline qu’il affectionne pour en avoir été deux fois champion du monde. Il lui faudra précisément 4 kilomètres pour reprendre sa place dans le paquet. Le maillot rose est sauf.

Devant, on en est déjà à préparer le sprint. Le placement est capital à l’approche de la dernière ligne droite, que précède un virage à droite abordé un peu vite par les premiers à s’y engouffrer. Evidemment, si ça passe devant, ça casse derrière. Bos est catapulté dans les barrières et entraîne avec lui plusieurs concurrents dont Guardini et Kristoff. Par précaution, le peloton se relève, laissant quelques sprinteurs s’expliquer pour la gagne. En s’approchant de la ligne, Mark Cavendish (Team Sky) s’explique au coude à coude avec Matthew Goss (Orica-GreenEdge) et l’inattendu Geoffrey Soupe (FDJ-BigMat), mais il s’en démarque dans les derniers décamètres pour empocher à Herning un premier succès d’étape vêtu du maillot arc-en-ciel. Le sprinteur aux vingt victoires d’étapes dans le Tour de France ajoute un huitième succès à son palmarès dans le Giro. Et sa collection pourrait fort bien se renforcer dans les jours à venir.

Demain lundi, les sprinteurs seront à nouveau favorisés autour d’Horsens (190 km).

Classement 2ème étape :

1. Mark Cavendish (GBR, Team Sky) les 206 km en 4h53’12 » (42,4 km/h)
2. Matthew Goss (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
3. Geoffrey Soupe (FRA, FDJ-BigMat) m.t.
4. Tyler Farrar (USA, Garmin-Barracuda) m.t.
5. Roberto Ferrari (ITA, Androni Giocattoli) m.t.
6. Mark Renshaw (AUS, Rabobank) m.t.
7. Thor Hushovd (NOR, BMC Racing Team) m.t.
8. Daniele Bennati (ITA, RadioShack-Nissan) m.t.
9. William Bonnet (FRA, FDJ-BigMat) m.t.
10. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) m.t.

Classement général :

1. Taylor Phinney (USA, BMC Racing Team) en 5h03’38 »
2. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) à 9 sec.
3. Alex Rasmussen (DAN, Garmin-Barracuda) à 13 sec.
4. Manuele Boaro (ITA, Team Saxo Bank) à 15 sec.
5. Gustav-Erik Larsson (SUE, Vacansoleil-DCM) à 22 sec.
6. Ramunas Navardauskas (LIT, Garmin-Barracuda) m.t.
7. Brett Lancaster (AUS, Orica-GreenEdge) à 23 sec.
8. Marco Pinotti (ITA, BMC Racing Team) à 24 sec.
9. Jesse Sergent (NZL, RadioShack-Nissan) à 26 sec.
10. Nelson Oliveira (POR, RadioShack-Nissan) à 27 sec.

Classement par points :

1. Mark Cavendish (GBR, Team Sky) 28 pt
2. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) 26 pt
3. Taylor Phinney (USA, BMC Racing Team) 25 pt
4. Matthew Goss (AUS, Orica-GreenEdge) 20 pt
5. Alex Rasmussen (DAN, Garmin-Barracuda) 16 pt
-. Geoffrey Soupe (FRA, FDJ-BigMat) 16 pt
7. Manuele Boaro (ITA, Team Saxo Bank) 14 pt
-. Tyler Farrar (USA, Garmin-Barracuda) 14 pt
9. Gustav-Erik Larsson (SUE, Vacansoleil-DCM) 12 pt
-. Roberto Ferrari (ITA, Androni Giocattoli) 12 pt

Classement de la montagne :

1. Alfredo Balloni (ITA, Farnese Vini-Selle Italia) 3 pt
2. Miguel-Angel Rubiano (COL, Androni Giocattoli) 2 pt
3. Olivier Kaisen (BEL, Lotto-Belisol) 1 pt

Classement des jeunes :

1. Taylor Phinney (USA, BMC Racing Team) en 5h03’38 »
2. Manuele Boaro (ITA, Team Saxo Bank) à 15 sec.
3. Ramunas Navardauskas (LIT, Garmin-Barracuda) à 22 sec.
4. Jesse Sergent (NZL, RadioShack-Nissan) à 26 sec.
5. Nelson Oliveira (POR, RadioShack-Nissan) à 27 sec.
6. Michal Kwiatkowski (POL, Omega Pharma-Quick Step) à 29 sec.
7. Giacomo Nizzolo (ITA, RadioShack-Nissan) à 32 sec.
8. Julien Vermote (BEL, Omega Pharma-Quick Step) à 33 sec.
9. Adriano Malori (ITA, Lampre-ISD) m.t.
10. Tanel Kangert (EST, Astana) à 36 sec.

Classement par équipes :

1. Garmin-Barracuda (USA) en 15h11’57 »
2. BMC Racing Team (USA) m.t.
3. Orica-GreenEdge (AUS) à 20 sec.
4. RadioShack-Nissan (LUX) à 22 sec.
5. Team Sky (GBR) à 26 sec.
6. Omega Pharma-Quick Step (BEL) à 30 sec.
7. Vacansoleil-DCM (PBS) m.t.
8. Astana (KAZ) à 38 sec.
9. Liquigas-Cannondale (ITA) à 39 sec.
10. Team Saxo Bank (DAN) à 42 sec.