Gustave Rideau, le patron des vérandas du même nom, est un chef d’entreprise ambitieux. A la tête d’une société qu’il a bâtie voici 35 ans, et qui compte à présent 400 salariés, il a entamé sa conquête du territoire national en évoluant à contre-courant de la crise. Son entreprise a enregistré une croissance de 10 % en 2009 pour un chiffre d’affaires supérieur à 50 millions d’euros. Aussi, en parallèle de son extension sur le territoire national, il a choisi de communiquer par le biais d’une équipe cycliste. Il sponsorisera désormais la formation sarthoise montée par Johnny Neveu et Didier Plouze, et qui comprend pour plus bel ambassadeur le champion de France Samuel Plouhinec. Une première année-test qui permettra d’évaluer avec sérieux la possibilité d’intégrer les rangs professionnels dès 2011. C’est l’objectif affiché de Véranda Rideau.

Monsieur Rideau, le sponsoring d’une équipe cycliste était-il un vœu qui vous était cher ?
C’est quelque chose que j’avais dans la tête depuis un petit moment et qui s’est finalement fait par le plus grand des hasards. Nous sommes actuellement en train de nous positionner, sur le plan géographique, sur la Sarthe et Le Mans. Un jour, j’ai reçu un appel d’une belle petite équipe cycliste sarthoise qui existait, n’avait plus de sponsor et cherchait un nouveau partenaire. L’équipe est au plus haut niveau amateur, en Division Nationale 1, et marche très bien puisqu’elle s’est classée parmi les deux ou trois meilleures du niveau amateur. Sur un coup de cœur, j’ai très rapidement choisi de devenir sponsor de cette équipe.

C’est une opportunité pour laquelle vous n’avez pas hésité ?
Ce n’est pas tout à fait une opportunité car nous nous étions déjà interrogés sur la question. Nous nous demandions sur quels secteurs nous pouvions communiquer.

Pourquoi avoir choisi le vélo ?
Le vélo, c’est le seul endroit où on ne peut pas tricher. C’est un sport magnifique, difficile certes puisqu’il demande une hygiène de vie, un entraînement et un peu de rigueur. Le vélo, c’est une belle école de la vie. Il faut avoir la patate, l’envie, laquelle se retranscrit ensuite sur le plan professionnel.

En quoi le cyclisme correspondait à la stratégie de votre entreprise ?
Aujourd’hui, nous avions besoin d’un vecteur de communication et le sport s’y prêtait le mieux, car c’est ce qui illustre au mieux la vie de l’entreprise. Ce partenariat a déjà créé un dynamisme, d’abord au sein de l’entreprise, en interne, mais aussi sur le plan extérieur. La moyenne d’âge de notre clientèle va de 45 à 75 ans. Et dans cette population-là, 50 % des gens font du vélo, qu’il s’agisse de vélo de route, de VTT, à un niveau cyclosportif ou cyclotouriste. De ce fait, j’ai pensé que le vélo serait un de nos meilleurs vecteurs de communication.

Vous êtes un proche de Jean-René Bernaudeau, son parcours vous a-t-il inspiré ?
Jean-René est un ami et j’ai beaucoup d’estime pour tout ce qu’il a fait, d’où il vient, où il est allé. Mais son parcours est différent. Lui est manager, pas sponsor. C’est tout à fait un autre métier. C’est une belle image pour la Vendée mais en aucun cas je ne souhaite le copier ni ne penser arriver au niveau où il est arrivé aujourd’hui. Bouygues est une entreprise mondiale, nous ne sommes qu’une entreprise nationale.

Vous êtes un cycliste convaincu, depuis quand pratiquez-vous ?
J’ai toujours été très axé sur le vélo. J’ai commencé par le foot dans ma plus tendre jeunesse, jusqu’à l’âge de 32 ans. Puis j’ai laissé les crampons et le sport pour me consacrer pleinement à mon entreprise mais je me suis aperçu très vite que ça ne m’était pas suffisant. Evidemment, le stress d’une entreprise, il faut pouvoir l’évacuer, le dépenser. J’ai donc commencé le vélo à l’âge de 35 ans. Je suis aujourd’hui âgé de 58 ans donc voilà vingt-trois ans que je roule. Au sein de mon entreprise, le vélo m’a apporté beaucoup. Une trentaine de mes salariés sont des cyclistes amateurs.

Les affaires qui ternissent parfois l’image du cyclisme ne vous ont-elles pas effrayé ?
Je ne pense pas que le dopage ait quoi que ce soit à voir avec le vélo au niveau amateur. Je pense qu’il s’agit de cas tout à fait particuliers. Bien souvent, ce n’est même pas en France que ça se produit. On parle beaucoup de dopage autour du cyclisme mais dans tous les sports on devrait en faire autant. La différence, c’est qu’on parle moins des problèmes dans les autres disciplines. Je pense que le sport reste toujours très difficile pour les sportifs amateurs.

Quels sont vos objectifs avec cette jeune équipe ?
Nous espérons que nos coureurs porteront haut les couleurs de Véranda Rideau sur les routes nationales. Aujourd’hui, l’entreprise exploite commercialement vingt départements sur le plan national, principalement le très grand Ouest, mais nous venons de nous positionner vers le nord de la France, à Arras. Je pense que d’ici à la fin de l’année nous serons au moins positionnés sur quarante départements. Je pense que cette équipe de vélo va aider notre développement.

A plus long terme, vous avez l’ambition d’intégrer les rangs professionnels…
Cette première année de partenariat va être une année-test. Nous allons découvrir cette équipe de vélo, voir ce qu’elle va nous apporter aussi au sein de l’entreprise, comment va se passer l’osmose entre l’équipe cycliste et nos salariés. Je ne suis pas le seul à décider et quand je décide quelque chose, c’est avec l’argent de l’entreprise, donc l’argent de tous mes salariés. Nous évaluerons surtout le confort et la rentabilité d’un tel partenariat pour mon entreprise.

Combien d’années vous donnez-vous à travers ce partenariat ?
Aujourd’hui je dirais entre trois à cinq ans au minimum. Mais comme je vous le disais, cette saison 2010 sera une année-test à l’issue de laquelle nous repenserons bien entendu la situation. Je ne mettrai jamais en péril la vie de l’entreprise pour l’équipe de vélo, mais je pense que si l’accouplement se fait bien, nous pouvons durer dans le cyclisme, et durer longtemps.

En termes de budget, combien représente un tel investissement ?
Suffisamment pour que l’équipe aille bien aujourd’hui ! Et nous donnerons plus si ça va mieux. A la fin de l’année, nous étudierons un passage à l’échelon professionnel. Et forcément, ce n’est pas le même investissement. Après, il y a plusieurs marches au niveau professionnel : continental, continental pro et ProTour. Si nous le pouvons, nous franchirons la première étape l’année prochaine pour nous établir en tant qu’équipe continentale. S’il faut plus d’argent, nous saurons faire. Et s’il faut aller encore plus haut, je pense que ça pourra se faire avec l’apport d’un cosponsor à nos côtés.

Vous avez émis le vœu de participer un jour au Tour de France, est-ce un rêve ou un véritable désir ?
C’est un rêve. Aujourd’hui, on peut même pratiquement dire que c’est un rêve inaccessible. Participer au Tour de France, ce serait le summum et un grand bonheur. Maintenant, il ne faut pas rêver, il y a encore des marches à gravir d’ici là. Mais comme tout ce que j’ai entrepris dans ma vie, j’ai souvent dépassé mes rêves. C’est une chance, j’ignore à qui je la dois, mais on ne baisse jamais les bras chez Rideau, donc on peut aller loin…

Propos recueillis à La Roche-sur-Yon le 14 janvier 2010.