Elle est toujours attendue par les grimpeurs et redoutée par les sprinteurs. La première étape de montagne d’un Grand Tour est toujours un grand moment. Si les organisateurs du Tour d’Italie se plaisent à aller crescendo dans la difficulté, cette année ASO a choisi de plonger directement les coureurs du Tour dans le grand bain, comme pour souligner que cette édition sacrera un escaladeur de talent. Après une semaine de course, les organismes auront déjà été mis à mal et ce n’est pas cette étape Castres-Ax 3 Domaines qui arrangera les choses. Cette étape sera à peu de choses près la même que celle qui avait souri à Christophe Riblon, quand le coureur d’Ag2r La Mondiale s’était imposé sur le Plateau de Bonascre en 2010. L’étape était alors partie de Revel là où celle du samedi 6 juillet 2013 s’élancera de Castres.

Ce qui est sûr, c’est qu’on ne perdra pas au change pour ce qui est du paysage offert au départ. Les Jardins de l’Évêché dessinés par André Le Nôtre donneront un beau cadre à ce départ. Ces images magnifiques seront légion tout au long des 194 kilomètres. Les hélicoptères qui assureront la diffusion télévisée auront du mal à choisir parmi la brochette de vues plus magnifiques les unes que les autres qui seront proposées pour cette première étape pyrénéenne. Déjà gâtés en Corse en passant près des Calanques de Piana, les coureurs pourront admirer le paysage des Gorges de Saint-Georges avant d’aborder le col de Pailhères. Avant cela, les nombreux bouts droits à travers le Tarn, la Haute-Garonne et l’Aude permettront aux fuyards de prendre de l’avance.

Après avoir quitté Castres, le peloton prendra la direction de Revel, où l’échappée devrait se dessiner. La côte de Saint-Ferréol, non répertoriée au classement de la montagne, servira néanmoins de tremplin au bon coup du jour qui pourrait se disputer la victoire. Après Revel, direction Castelnaudary. Les coureurs n’auront certainement pas droit au cassoulet dans la musette, mais les suiveurs apprécieront cette spécialité culinaire locale. Ils pourront même se désaltérer avec de la blanquette puisque la ville de Limoux sera également traversée avant de prendre la direction de Quillan, hôte du célèbre critérium.

Les choses sérieuses commenceront à partir d’Axat. On l’a dit, les Gorges de Saint-Georges vont offrir de sublimes images aux téléspectateurs. Pas sûr en revanche que les coureurs apprécient. Car à partir de cet endroit commence un long faux-plat qui les emmènera au pied du col de Pailhères. Découvert en 2003 pour le Tour du Centenaire, il sera le toit du 100ème Tour de France, lui qui culmine à 2001 mètres. Ce sera la cinquième fois que le Tour empruntera ce col pyrénéen qui s’installe de plus en plus comme un classique de la Grande Boucle. Son profil difficile avec 15 kilomètres et une pente moyenne frôlant les 8 %, en plus de la vue offerte tout au long de l’ascension, ont séduit Christian Prudhomme, même si la bagarre éclate rarement sur les pentes de Pailhères. Un col qui sera probablement le premier classé Hors Catégorie de ce Tour 2013.

Une fois franchi le sommet, il faudra encore descendre sur Ax-les-Thermes pour venir chercher l’ascension finale. Les coureurs n’auront aucun moment de répit. Car dès la sortie de la station, la route s’élève, et ce pour 8 kilomètres. La végétation fournie abritera les coureurs du soleil sur ces derniers kilomètres.

Qui ouvrira la voie à ce moment de la course ? C’est la grande question de cette étape. Car bien sûr, il faudra avoir de solides qualités de grimpeur pour s’imposer. Mais verra-t-on un prétendant à la victoire finale à Paris lever le bras sur le plateau de Bonascre ou un baroudeur sera-t-il récompensé pour sa journée passée devant ? Plongeons-nous dans les livres pour trouver des éléments de réponse. Sur les quatre arrivées dans la station, à trois reprises l’échappée est allée au bout. On a évoqué Christophe Riblon en 2010. Les larmes de Georg Totschnig à l’arrivée ont été une des images fortes du Tour 2005. En 2001, le Colombien Felix Cardeñas avait dompté les cimes. En revanche en 2003, Carlos Sastre avait pris la poudre d’escampette dans l’ascension finale. De quoi rendre optimistes les adeptes de grands raids. Selon nos pronostics, c’est un solide baroudeur qui triomphera le 6 juillet prochain.

Demain, découvrez sur Vélo 101 notre reconnaissance de la huitième étape du Tour de France en vidéo.