C’est sans conteste l’étape reine des Pyrénées ! Celle de la veille entre Castres et le Plateau de Bonascre était difficile dans sa partie finale avec l’enchaînement Port de Pailhères-Ax 3-Domaines, mais proposait une première partie sans véritable relief. Pour ce neuvième jour de course, 165 kilomètres entre Saint-Girons et Bagnères-de-Luchon attendent les coureurs et pas moins de cinq cols sont au programme. Il n’y aura pas beaucoup de mètres de plat sur la première grande étape de montagne de ce centième Tour de France. 65 kilomètres d’ascension sont programmés pour plus de 4000 mètres de dénivellation. Le soir, les jambes seront donc bien lourdes avant la première journée d’un repos bien mérité programmée en Loire-Atlantique.

Comme un clin d’œil, c’est dans l’Ariège, le département 09 que s’élance cette neuvième étape qui traversera des lieux mythiques, voire tragiques de l’histoire du cyclisme et de la Grande Boucle. À la sortie de Saint-Girons, le peloton prendra la direction de Saint-Lary où se situe le pied du col de Portet-d’Aspet. Dix-huit ans après, le col évoque toujours la mort tragique de Fabio Casartelli dans la descente, le 18 juillet 1995. La stèle de marbre blanc rappelle l’un des événements les plus marquants de l’histoire récente du Tour et un hommage au champion olympique de Barcelone devrait être rendu par tous les suiveurs. Sur le plan sportif, cette ascension connue de tous ne réservera aucune surprise aux professionnels. C’est là que l’échappée pourrait se dessiner avec en son sein, des coureurs ayant de fortes envies de pois rouges.

Au sommet, le peloton plongera dans une descente qui l’emmènera directement au pied du col de Menté. Plus difficile que le Portet-d’Aspet, il permettra aux fuyards de prendre le large là où les cadors garderont des forces pour la bataille finale. Là encore, la descente fera écho à l’un des plus grands moments de l’histoire du Tour. En 1971, sur une route détrempée, Luis Ocaña chute avec le maillot jaune sur les épaules. Percuté par Joop Zoetemelk, l’Espagnol, sublime vainqueur à Orcières-Merlette quelques jours plus tôt, doit abandonner alors que la victoire finale lui semblait promise.

Les coureurs prendront ensuite la direction de Saint-Béat, la capitale de la marbrerie et de Bagnères-de-Luchon pour arriver au pied du col de Peyresourde. En 2013, il sera escaladé dans le sens inverse de l’étape du Tour 2012 remportée par Thomas Voeckler. En plongeant dans la descente vers Loudenvielle, les coureurs plongeront aussi vers l’inconnu, ou presque. Si les trois premiers cols de cette journée sont on ne peut plus classiques, il régnera un parfum de nouveauté sur les deux derniers. À commencer par le col d’Azet-Val Louron. Dès le pied, les coureurs ont rendez-vous avec des pentes flirtant avec les 10%. Celle-ci ne descendra jamais sous les 7% sur ce col long de 7,5 kilomètres. Ce sera le deuxième passage du Tour de France par ce col d’Azet-Val Louron après celui de 1991. Celui qui passera le premier au sommet aura l’honneur de succéder à Miguel Indurain.

À cet endroit, les coureurs verront pratiquement le bout de cette étape majestueuse. Il restera néanmoins un col difficile à franchir, celui de la Hourquette d’Ancizan par Guichen. Là encore, cette ascension ne fait pas (encore) partie des classiques de la Grande Boucle et n’a été introduite qu’en 2011. Au sommet, il restera 30 kilomètres pour descendre vers Bagnères-de-Bigorre. L’étape n’en a pour autant pas fini avec les clins d’oeil puisque le peloton passera à Sainte-Marie-de-Campan pour fêter le centième anniversaire de la célèbre mésaventure d’Eugène Christophe. Après avoir cassé sa fourche dans la descente du Tourmalet, il devait la réparer lui-même dans une forge ce petit village devenu célèbre.

On ne prendra aucun risque en affirmant qu’une pareille histoire n’arrivera pas aux favoris du Tour en juillet. En revanche, le scénario de l’étape reste indécis. La journée de repos du lendemain, incitera-t-elle les favoris à se dévoiler dans la Hourquette d’Ancizan, ou les 30 kilomètres séparant le sommet du dernier col de l’arrivée, les refroidiront-ils ? Quoiqu’il arrive, on ne s’ennuiera pas un seul instant le dimanche 7 juillet prochain. Vous vous en rendrez compte demain avec la reconnaissance de cette étape en vidéo.