Sébastien, tu as pris ta première licence il y a dix ans au VC Cournon d’Auvergne. Ton arrivée au Team Pro Immo Nicolas Roux, c’est finalement un retour aux sources ?
J’arrive du VC Vaulx-en-Velin, où j’ai tenu le rôle de capitaine de route. J’ai aidé les jeunes bien qu’on attendait aussi beaucoup de moi en termes de résultats. Pour eux, il était difficile de prolonger mon contrat après la saison. J’ai 27 ans mais sur le moment j’ai hésité à continuer le vélo. J’ai réussi à en vivre durant pas mal d’années mais j’arrive à un âge où il faut songer à la reconversion. Nicolas Roux m’a alors présenté son projet, ça m’a intéressé de pouvoir aider l’équipe à grandir et essayer de faire revivre le cyclisme auvergnat.

Tu parlais de reconversion. Comment l’envisages-tu à 27 ans ?
Ma philosophie, c’est que dans la vie il faut faire ce qui nous plaît. Je vis du vélo depuis 2006 mais je sais que ça s’arrêtera un jour et qu’il faudra passer à autre chose. J’ai quelques projets qui me tiennent à cœur par rapport à d’autres passions. Le fait de rentrer chez moi en Auvergne va me permettre de mettre cela en place. J’y travaille tout doucement et j’y pense de plus en plus.

Tu as connu les rangs professionnels avec A-Style/Carmiooro, combien de temps te vois-tu courir chez les amateurs ?
Je suis revenu à un étage en-dessous, mais on n’est pas malheureux non plus chez les amateurs. Faire de la formation auprès des jeunes, c’est une autre vision du vélo. Et même si la fédération n’est pas trop dans cette optique, essayant de limiter le nombre d’anciens dans les clubs de DN, je pense que c’est important d’avoir un capitaine de route en course. C’est là le rôle des anciens. En revenant chez les amateurs, je m’étais donné un ou deux ans pour essayer de repasser pro. J’ai compris aujourd’hui que ça ne se ferait plus. Je travaille ma reconversion car je sais que le vélo peut s’arrêter du jour au lendemain, mais j’ignore combien de temps je ferai encore sur le vélo.

Que t’a-t-il manqué pour persévérer chez les pros après trois ans en Italie ?
La première année ne s’est pas bien passée. J’ai regretté alors de m’être précipité à passer pro dans cette toute petite équipe qu’était A-Style. Mais j’avais fait une belle année, été stagiaire au Crédit Agricole, et ça n’avait débouché sur rien. Vexé, je m’étais jeté sur cette proposition. Avec le recul je ne regrette rien car j’ai vécu une belle expérience. J’ai vécu deux ans en Italie, voyagé dans vingt-et-un pays, appris une langue. J’ai des qualités mais je ne suis pas un grand champion. Aujourd’hui je suis passé dans une autre optique.

Celui de capitaine de route. Comment appréhendes-tu ce rôle ?
Comme à Vaulx-en-Velin, je suis là pour gagner des courses, on attend de moi au niveau des résultats car je reste compétiteur dans l’âme, mais aussi pour guider les jeunes et bien leur apprendre à courir. Leur donner des conseils sur la diététique, l’entraînement… Les jeunes écoutent plus quelqu’un qui a de l’expérience, qui a couru à haut niveau. Le courant passe bien et c’est gratifiant de voir des jeunes coureurs faire la démarche de demander des conseils.

Conseillerais-tu justement à un jeune qui commence à marcher d’avoir recours à un entraîneur ?
Je pense que c’est bien. A mon époque nous n’avions pas autant d’outils de travail comme les capteurs de puissance, mais tous ces outils-là sont quand même importants. Je vois des jeunes qui les utilisent sans entraîneur, j’aimerais bien savoir comment, si on ne sait pas interpréter les valeurs… Il ne faut pas non plus tomber dans les excès et être obnubilé par ça. Il faut savoir courir aux sensations pour apprendre à se connaître, mais un entraîneur c’est important dans le vélo. Il a en outre un rôle psychologique. Un cycliste a toujours des périodes de doutes, l’entraîneur est là derrière pour l’écouter.

L’entraîneur permet aussi d’apporter des notions en matière de diététique par exemple ?
Oui. Avec Internet, on peut se documenter soi-même mais il faut savoir faire la part des choses car certaines sont complètement fausses. Un coureur, c’est parfois naïf et ça fait beaucoup d’erreurs. Etre coureur, c’est presque travailler 24 heures/24. A côté du vélo il faut travailler la récupération, la diététique, c’est complexe et c’est pourquoi il est bien d’avoir quelqu’un pour s’orienter.

Comment le Team Pro Immo Nicolas Roux envisage-t-il son début de saison ?
Ce sera important pour nous car les grandes courses auvergnates sont placées au mois de mars. Nous avons fait un premier stage très tôt en novembre, non pas dans l’esprit d’être performants dès le début de la saison mais dans celui de faire un groupe. Nous ne sommes pas forcément l’équipe la plus forte sur le papier mais si chacun est prêt à se sacrifier pour l’autre, on peut avoir beaucoup de résultats. C’est ce que Jean-Philippe Duracka souhaite aussi mettre en place. Pour une structure amateur, on est bien servis. On fera un second stage au mois de janvier puis en février pendant l’Essor Basque. On n’a rien à envier à de belles structures DN1.

Sportivement, quelle serait pour toi une saison 2013 réussie ?
Je sais que ma carrière est derrière moi, mais si je peux aider à faire monter l’équipe en DN1, ça me fera plaisir. C’est pourquoi les Coupes de France DN2 seront importantes pour nous.

Propos recueillis à Bédoin le 16 novembre 2012.