L’étape du jour : Tarbes – Tourmalet (117,5 km)profil étape 14 tdf 2019 | © ASO
Première étape véritablement décisive du Tour de France ! Après 13 étapes sans vrai terrain de jeu pour de réelles explications entre favoris, l’enchaînement Soulor – Tourmalet devrait enfin permettre à une hiérarchie de se dessiner ! Au cours d’une étape courte, moins de 120 kilomètres, les coureurs devraient se livrer bataille dans temps morts ni répit. Tout d’abord, la lutte pour prendre l’échappée du jour s’annonce rude, et pourrait former un groupe de coureurs costauds distancés pour le général. Des hommes comme Vincenzo Nibali, Ilnur Zakarin ou encore Guillaume Martin sauteront peut-être sur l’occasion.
Toutefois, la victoire d’un échappé dépend de l’attitude des autres formations, du fait qu’elles se décident à imprimer tôt un gros tempo en tête de peloton ou non. Le Team INEOS, qui a l’habitude de frapper un grand coup lors de la première journée de montagne, pourrait ainsi déjouer les plans des fuyards.
En tout cas le parcours proposé par les organisateurs s’annonce propice à une véritable lutte pour le classement général. Avec le col du Soulor (12 km à 7,8 %) suivi d’une arrivée au sommet du légendaire Tourmalet (19 km à 7,4%), de belles offensives pourront avoir lieu, surtout de la part de ceux qui auront perdu du temps durant la première semaine ou le contre-la-montre de Pau.
L’interrogation du jour réside finalement sur la capacité de Julian Alaphilippe à résister à un tel programme. S’il n’a aucune référence dans la lutte pour le classement général en haute montagne, sa forme divine et les pouvoirs magiques du maillot jaune semblent ne plus rien lui interdire. Une chose est sûre : au sommet, nous saurons s’il s’inscrit bien comme un prétendant à la victoire finale ou non.
La Grosse Cote du Jour : Vincenzo Nibali
41e du classement général à près de 30 minutes du maillot jaune Julian Alaphilippe, Vincenzo Nibali va désormais véritablement se muer en chasseur d’étape, après avoir testé sa condition physique durant la première semaine du Tour. Emoussé par un Giro éreintant, conclu à la seconde place, seulement battu par l’étonnant équatorien Richard Carapaz, « le Requin de Messine » devra se contenter cette d’apparaître par intermittence sur le déroulement de la Grande Boucle. Pourtant, loin de l’humilier, ce changement fait du faible favori pour le classement général qu’il était un redoutable prétendant à une victoire d’étape de prestige. En effet, qui, dans une bonne échappée, pourrait espérer venir à bout d’un homme ayant remporté la trilogie des trois grands tours, pénétrant ainsi aussi du cercle très restreint des légendes du cyclisme. Vainqueur à 5 reprises sur la Grande Boucle, le coureur de la Bahrain-Merida sait lever les bras au sommet d’ascensions réputées : La Toussuire, Hautacam ou encore Risoul figurent ainsi au sein de son palmarès.
Fantomatique sur les derniers Tour de France (non partant à la 13e étape) et Tour d’Espagne (59e du classement général, sans jamais avoir pesé sur la course), Vincenzo Nibali pourrait rebondir de la meilleure manière qu’il soit en s’insérant dans une échappée de costauds dans cette étape sprint d’une centaine de kilomètres, afin de décrocher une victoire d’anthologie au sommet du Tourmalet. A suivre !
Le beau geste du jour : la figure de style de Peter Sagan 2Le wheeling de Peter Sagan dans les rues de Pau | © UCI
A chaque journée une facétie de Peter Sagan ! En effet, le slovaque n’en finit plus d’éclabousser le Tour de France de sa maîtrise technique absolument extraordinaire de la bicyclette ! Ainsi, après son saut décalant la roue arrière hier, l’indétrônable maillot vert a gratifié les spectateurs présents dans la cité paloise d’un splendide wheeling, dont il possède le secret. Et surtout, il n’a pas choisi d’effectuer sa figure de style dans la ligne droite finale, mais bien dans l’ultime mur du parcours, où la déclivité de la pente atteignait les 10% ! Là où ses concurrents se démenaient, lui s’amusait. Le tout pour finir à une honorable 72e place, à seulement 3’30 du vainqueur du jour, Julian Alaphilippe. Décidément, cet homme est réellement hors du commun.
Une Histoire du Maillot Jaune : 22 juillet 2010 : Bataille entre maillot jaune et maillot blanc sur le Tourmalet
Avant d’accueillir l’arrivée du Tour pour les 100 ans du maillot jaune, le sommet du col du Tourmalet avait déjà reçu cet honneur en 2010, pour le centenaire de course en haute montagne. 18,6 kilomètres, 2 114 mètres d’altitude, 1 405 mètres de dénivelé, 7,5% de déclivité moyenne de la pente, le profil parfait pour un final hors du commun. Une ultime ascension exceptionnelle, aux dons fabuleux d’hotter les masques, de révéler le visage de chacun. Une montée infernale où chaque coureur redescend au misérable statut d’homme avant de devenir un champion, pris dans une lutte terrible contre la pente sévère qui se dresse sous les roues, offrant aux pédaliers une diabolique résistance. De ce fait, les villages de Luz-Saint-Sauveur et de Sainte-Marie-de-Campan, entre lesquels se dresse la majestueuse montagne, paraissent de réelles portes de l’enfer. En franchissant les ultimes aménagements urbains de ces communes, on se sait livré au diable au personne, à l’orée d’un calvaire qui nous fera ressortir différent, qui nous confrontera à nos plus profonds états d’âme, qui puisera des ressources inconnues de notre organisme pour parvenir à bout de ce chemin de croix. Oui, c’est ça, le Tourmalet c’est cette abominable épreuve de vérité qui nous permet de découvrir qui on est réellement, qui lève le voile sur ce qu’on préfère d’ordinaire cacher, qui ouvre les yeux là où l’on préfère les laisser fermer. Le Tourmalet, c’est cet incroyable révélateur qui vous positionne d’une manière implacable à la position où vous devriez être, le Tourmalet c’est cet impitoyable juge qui vous passe au crible avant de décréter si vous êtes un champion ou non.
C’est sous cette lumière de l’arbitre impartial des forces en présence que nous pouvons analyser la légendaire lutte entre Alberto Contador et Andy Schleck le 22 juillet 2010. La bataille qui s’érige désormais en symbole de la rivalité entre ces deux cadors de l’époque, des ténors des cieux avant d’être des maîtres de la montre, comme il n’en existe désormais presque plus. Un ultime assaut du luxembourgeois déclenché par la hargne d’une toison d’or perdue quelques jours plus tôt en déraillant sur les pentes du port de Balès, laissant impuissamment filer l’espagnol. Alors, pour cette ultime étape de haute montagne, 3 jours avant un contre-la-montre favorable au coureur d’Astana, le maillot blanc lance une grande offensive à 10 kilomètres du sommet, faisant le grand ménage dans sa roue. Seul le maillot jaune parvient à s’y accrocher, laissant le reste des favoris se livrer à une bataille pour les places d’honneur, bien loin de la maestria de ces deux champions. Alors, une fois isolés, Alberto Contador et Andy Schleck s’envolent et s’isolent en tête de la course, après avoir déposé le leader solitaire Alexandr Kolobnev. Le coureur de la Saxo-Bank accélère sans cesse, multipliant les attaques et les tentatives d’escapades. Il ne laisse pas le moindre instant de répit au double vainqueur de la Grande Boucle, conscient qu’il s’agissait de sa dernière chance de renverser l’ordre établi. Parfois contré par ce dernier, les deux hommes se livrent une bataille d’anthologie, qui s’apprête à s’inscrire dans les mémoires pour l’éternité. Pourtant le Tourmalet reste indécis. Il ne parvient pas à choisir un unique triomphateur entre ces deux héros des montagnes, il reste tiraillé entre la fougue du jeune grimpeur et la sérénité de l’expérimenté maillot jaune. « A chaque fois que j’augmentais la cadence, il me suivait. J’ai tenté de le semer, mais je n’y suis pas parvenu », déclarera après le passage de la ligne le coureur luxembourgeois.
A force de tergiverser, il laisse les deux hommes atteindre le sommet sans être parvenus à se départager. Grand Seigneur, Alberto Contador n’oppose pas trop de résistance à l’ultime accélération du maillot blanc, lui permettant de remporter une étape de prestige. L’espagnol, quant à lui, a préservé l’essentiel : sa toison d’or, qu’il ramènera finalement une troisième fois sur les Champs-Elysées. Avant d’être déclassé par le Tribunal Arbitral des Sports au profit du luxembourgeois, une décision qui ternira une lutte extraordinaire sur le géant des Pyrénées…
La spécialité du coin : Le haricot tarbaisharicots tarbais | © papilles et pupilles
Premier haricot blanc à avoir obtenu un label rouge, le haricot tarnais fait la fierté des habitants des Hautes-Pyrénées. Originellement importé de l’empire Aztèque, il parait qu’il figurait parmi les premiers produits rapportés par Christophe Colomb dans ses cales après son voyage en Amérique. Par la suite planté dans les sols tarbais, il permit à la région de résister à la vague de famine qui sévissait au XVIIIe siècle. Désormais utilisé pour agrémenter de nombreux plats, le haricot tarbais tient surtout sa renommée de celle du cassoulet, dont il compose l’ingrédient essentiel. De plus, ses bienfaits pour la santé qui se font légion encouragent vivement sa consommation !