L’étape du jour : Limoux – Foix-Pras d’Albis (185,5 km)profil étape 15 tdf 2019profil étape 15 tdf 2019 | © ASO

Pour cette seconde grosse étape de haute montagne pyrénéenne, un sacré chantier attend les coureurs ! Avec pas moins de 4 700 mètres de dénivelé au programme, elle est façonnée pour être propice aux belles explications entre favoris. Un parcours aux allures absolument effrayantes qui s’annonce peut-être comme un tournant du Tour, comme le terrain qui permettra de creuser les premiers écarts importants de cette 106e édition. En effet, le Prat d’Albis, arrivée inédite sur la Grande Boucle, offre aux coureurs un profil terrifiant, avec ses 12 kilomètres de longueur avec une pente à la déclivité moyenne de 7%, comptant même durant la première moitié de l’ascension quelques passages à plus de 9%. Un homme déterminé à faire basculer la course en sa faveur pourrait alors s’en servir de tremplin pour se débarrasser de ces rivaux et les mettre à distance durant le reste de la montée.

Mais avant cela, le col de Montségur (6,8 km à 6%), le Port de Lers (11,4 km à 7%) et le Mur de Péguère (9,3 km à 7,9%) se dresseront sous la roue des coureurs pour user durablement les organismes et sélectionner naturellement les plus forts. Le schéma sera le même dans l’échappée, d’où les plus costauds devraient se détacher pour tenter de réfréner les envies de bouquets des favoris pour le général. Mais les chances des fuyards seront plus élevées que lors de l’étape d’hier, où de nombreux cadors tenaient à franchir en vainqueur le légendaire col du Tourmalet. Peut-on espérer la paix des seigneurs durant la première partie de course du côté des chasseurs d’étapes ?

 

La Grosse Cote du Jour : Fabio Aru

Mais où est donc passé le vainqueur de la Planche des Belles Filles en 2017 ? Après avoir cumulé et multiplié les bouquets en Grands Tour durant ses premières années de carrière professionnelle, avec pas moins de 6 victoires d’étapes, s’ajoutant à une Vuelta remporté au nez et à la barbe de Tom Dumoulin en 2015, le campionissimo italien semble avoir disparu de la circulation. Des saisons 2018 et 2019 fantomatiques, où se sont succédés abandons et désillusions. On a d’ailleurs à l’esprit l’image marquante de sa défaillance lors de la 15e étape du Giro 2018, où il s’est retrouvé quasiment à l’arrêt sur les pentes du Passo di San Antonio. Un évènement qui semble aujourd’hui sonner le glas de son statut de favori pour le général. Car depuis, sans jamais être complètement à la rue, Fabio Aru est systématiquement absent des avants postes et des sommets des classements. Sur les trois courses par étapes auxquelles il a participé cette saison, son anonyme 21e place au Tour de Suisse figure au rang de meilleure performance.

Pourtant, sur cette Grande Boucle, la pente semble de nouveau être ascendante pour le coureur du Team UAE. 25e à la Planche des Belles Filles, 19e hier au Tourmalet, Fabio Aru retrouve progressivement les places d’honneur. Si bien qu’il constitue un bon outsider pour l’étape d’aujourd’hui. Avec un retard de plus de 11 minutes au général lui permettant de se glisser dans une échappée, l’italien peut envisager de lever les bras au sommet du Prat d’Albis après être venu à bout de ses compagnons de fuite. Un succès qui lui offrirait une véritable renaissance.

 

 

Un œil sur le dossard 101 : les déboires d’Adam Yates

Les journées se suivent et se ressemblent en cette période pour Adam Yates. Après son débours de plus de deux minutes sur Julian Alaphilippe lors du contre-la-montre de Pau, le britannique a fini par totalement perdre pied lors de la première journée de haute-montagne. Un premier temps lâché dans le col du Soulor, puis ramené sur le groupe maillot jaune par ses équipiers, le coureur de la Michelton-Scott a complètement craqué dans la terrible ascension du col du Tourmalet, dont il a franchi le sommet à près de 7 minutes du vainqueur du jour, Thibaut Pinot. Une défaillance qui succède à celle de la montée de La Rosière sur la Grande Boucle 2018, où le natif de Bury avait également perdu toute chance de bien figurer au classement général, terminant la course dans l’anonymat. Alors qu’il était pourtant parvenu à terminer quatrième et meilleur jeune du Tour de France 2016, Adam Yates peine aujourd’hui à confirmer. Désormais, il ne lui reste plus qu’à imiter son frère en se muant en chasseur d’étapes. Avec la même réussite ?

 

Une Histoire du Maillot Jaune : 21 juillet 2001 : le triomphe absolu de Lance Armstrong

Si le Tour de France visitera pour la 6eme fois la ville de Foix demain, avec une arrivée toutefois inédite au Prat d’Albis, il faut tout de même rappeler que l’histoire de la cité ariégeoise dans la Grande Boucle ne dépasse pas les bornes du XXie siècle, avec un premier passage en 2001.

Cette année-là, c’est un français qui se présente en jaune au départ de la course : après avoir pris part à une échappée arrivée à Pontarlier avec plus de 35 minutes d’avance sur le peloton, François Simon s’était emparé du maillot jaune à l’Alpe d’Huez trois jours auparavant. Pourtant, malgré le matelas de 9 minutes qu’il possède sur les favoris, sa tunique jaune semble en danger lors de cette treizième étape s’achevant au Pla d’Adet.

Il est en effet temps pour Armstrong de mettre fin à la récréation. Après avoir creusé des écarts considérables sur ses principaux rivaux durant la traversée des Alpes, avec plus de 4 minutes d’avance sur Joseba Beloki et Jan Ullrich, il doit enfin s’emparer de la tunique dorée afin de connaître un troisième sacre consécutif à Paris. S’il lui suffit de se débarrasser définitivement du coureur de la formation Bonjour, l’américain va décider de s’emparer des commandes du classement général avec la manière.

Pourtant, ce sont d’abord les Telekom de Jan Ullrich qui intensifient la course. Vainqueur du Tour de France 1997, l’allemand refuse d’être l’éternel second d’Armstrong. Si cette Grande Boucle est une nouvelle fois mal embarquée pour lui, il décide de tenter le tout pour le tout, déterminé à écarter tout regret. Alors, se souvenant de l’alégresse qui l’avait saisi dans les lacets d’Andorre-Arcalis l’année de son sacre, le portant véritable jusqu’au triomphe du port de la toison d’or sur les Champs-Elysées, « Ulle » se sent prêt à risquer de tout perdre pour espérer goûter à nouveau la folie jaune.

Mais rien n’y fait. Ses violentes attaques suivies d’une descente à tombeau ouvert n’inquiètent pas « Robocop ». Ce dernier se contente de rester paisiblement dans le sillage de l’allemand, sans jamais donner le moindre signe de faiblesse. C’est même le coureur de la Telekom qui finit par craquer. Manquant de maîtrise dans sa tentative d’escapade à pleine vitesse, il rate soudainement un virage pour disparaître dans le ravin derrière une rambarde de sécurité. Remontant péniblement sur la chaussée, maillot déchiré par l’impact, corps noirci par la terre, il parvient à revenir sur Armstrong qui l’a de manière très fair-play attendu.  Non, l’américain ne veut pas vaincre son rival sur une sortie de route. Il veut un véritable triomphe césarien, une victoire sans conteste intensifiant la saveur de son sacre à venir. Il désire lever les bras sous une admiration soumise et béate, ne laissant aucune place aux réprobations. Il souhaite la gloire dans sa totalité la plus extrême, issue d’une démonstration de force emplie de panache.

Dans l’ascension du Pla d’Adet, alors que Ullrich vide ses dernières forces, espérant une improbable défaillance soudaine du coureur de l’US Postal, ce dernier finit par le déposer à six kilomètres du sommet pour s’envoler vers la victoire. Planant sur la montagne, survolant la pente, avalant la déclivité de la route sans qu’elle ne puisse offrir la moindre résistance, Lance Armstrong fonce alors vers une victoire de prestige, alors que François Simon est relégué dans les abîmes de la course. Finissant par dévorer Laurent Jalabert, en tête après un long raid solitaire forçant l’admiration, l’américain est porté par l’odeur du maillot jaune. Il ressent déjà, alors qu’il est en train d’escalader à une allure déconcertante les dernières rampes de la montée pyrénéenne, toute sa douceur et sa bienfaisance. Il se voit serrer de toute son étreinte la mascotte de la tunique dorée, symbolisant les journées en jaune qu’il s’apprête à passer jusqu’à Paris.

Au sommet, le triomphe est effectivement sans conteste. « Le boss » a tapé du point sur la table, et personne n’a pu remettre son statut en question. Le bouquet d’étape accompagne le lionceau jaune, pour décorer la chambre d’hôtel de l’homme en voie de remporter son troisième Tour successif. Juste impressionnant…

*Finalement, après des révélations de dopage, Lance Armstrong a été destitué de l’ensemble de ses succès sur la Grande Boucle.

 

La spécialité du coin : Le flocon d’Ariègeflocons d'Ariègeflocons d’Ariège | © Gourmandise sans frontières

Pour le passage du Tour en Ariège, pourquoi ne pas regoûter un peu à une touche sucrée ? En effet, les coureurs de cette 106e Grande Boucle vont arriver aujourd’hui sur les terres d’une confiserie extrêmement réputée dans le département occitan : le Flocon d’Ariège. Issu de la volonté du confiseur Claude Laurent en 1985 de créer pour sa région un véritable bonbon local, il est constitué d’un praliné de noisette enrobé de meringue vanillée. Cette enveloppe sucrée éclatant par sa blancheur immaculée se veut un hommage à la neige habillant les cimes pyrénéennes, qui veillent constamment sur les ariégeois. Sucrerie tendre et légère, elle possède le secret de séduire avec douceur les papilles, pour une expérience gustative made in Ariège.