Depuis quelques jours, l’ancien vainqueur du Giro Ryder Hesjdeal (Garmin-Sharp) est au cœur d’une polémique qui relance les suspicions de dopage mécanique. On y voit la roue arrière du Canadien continuer de tourner alors que son vélo est couché au sol suite à une chute. Certains, allant un peu vite en besogne, ont accusé l’ancien vététiste d’avoir placé un moteur dans sa machine. Les partisans de cette théorie ont cependant manqué de noter que les pédales ne continuaient pas de tourner et que l’utilité d’un moteur alors que le coureur se trouve dans une descente est discutable.  Une vidéo qui fait le tour du web aura suffi au monde entier pour mettre en doute les qualités de Ryder Hesjedal qui avait déjà été au cœur de la tourmente cet hiver lorsqu’il avouait s’être dopé pendant ses jeunes années passées sur le VTT.

Aujourd’hui, c’est sur le terrain que le Canadien veut répondre avec cette première étape du triptyque asturien. Même si son profil est atypique avec une soixantaine de kilomètres de plat avant la montée finale inédite vers la Camperona, cette 14ème étape est redoutable pour tout le monde. Les soixante bornes de plat qui précèdent la montée finale pouvaient laisser à penser que les favoris allaient ajouter à l’enjeu de la victoire finale, celui pour la victoire d’étape. Il n’en sera finalement rien. Grands seigneurs, les cadors du peloton laissent partir une échappée de 23 hommes. On pouvait encore en douter quand leur avance n’excède pas les 5’30 » à 70 kilomètres du but. Mais le paquet relâche la pression à l’entame des 40 derniers kilomètres pour laisser aux hommes de tête le loisir de se battre pour le gain de l’étape.

Pour le grand prix de la montagne, l’ascension finale débute certes à 8 kilomètres de l’arrivée, mais les cinq premiers kilomètres en faux-plat ne permettent pas de distinguer un réel favori pour l’étape entre David Arroyo et Luis-Leon Sanchez (Caja Rural-Seguros RGA), Bart De Clercq et Adam Hansen (Lotto-Belisol), Yannick Martinez et Romain Sicard (Team Europcar), Imanol Erviti (Movistar Team), Alexandr Kolobnev (Team Katusha), Louis Mentjes (MTN-Qhubeka), Oliver Zaugg (Tinkoff-Saxo) et donc Ryder Hesjedal qui se sont extrait du groupe initial de 23 coureurs partis en début d’étape. Il faut attendre que la route se cabre à 2,6 kilomètres de l’arrivée pour voir les candidats à la victoire d’étape dégainer sur des rampes qui atteignent par endroit les 19,5 % et qui flirtent le plus souvent avec les 15 %.

Ryder Hesjedal et Chris Froome gèrent parfaitement leur effort sur une montée finale inédite.

Ryder Hesjedal est le premier à porter l’estocade à 2 kilomètres du sommet, mais Oliver Zaugg le contre et semble filer tout droit vers la victoire, deux ans après son succès surprise au Tour de Lombardie. L’écart paraît trop conséquent pour que ses anciens compagnons de fugue ne viennent le chercher. Et pourtant, Ryder Hesjedal s’accroche et garde le Suisse en ligne de mire. En fait le Canadien semble avoir parfaitement calculé son coup : il gère à la perfection sa montée et profite des pentes légèrement moins abruptes sur le sommet pour reprendre Zaugg. Encore en tête à 200 mètres de la ligne, l’ancien vainqueur de la classique des feuilles mortes voit débouler derrière lui le Canadien déchaîné qui remporte un succès encore inimaginable sous la flamme rouge, comme pour mieux répondre à ses détracteurs.

Le parallèle entre cette bataille pour la victoire d’étape et celle entre les cadors est saisissant. C’est bien connu, rien ne sert de courir, il faut partir à point. Chris Froome (Team Sky) l’a bien intégré. Pas Alejandro Valverde (Movistar Team) qui déclenche les hostilités dès l’entrée dans les pourcentages les plus raides. Chris Froome paraît en difficulté derrière le trio espagnol constitué de Valverde, d’Alberto Contador (Tinkoff-Saxo) et de Joaquim Rodriguez (Team Katusha) qui font parler leur explosivité sur ces pentes folles. Son adversaire britannique distancé, le Maillot Rouge y voit une aubaine pour augmenter son avantage sur son rival. En répondant à l’accélération du Murcian, Contador pensait enfoncer le clou. Il s’avère qu’il ne sera finalement que l’arroseur arrosé d’un final complètement fou.

Comme l’a fait Ryder Hesjedal, Chris Froome gère sa montée, à l’image de ce qu’il avait fait vers San Miguel d’Aralar mercredi. Pendant un moment, le vainqueur du Tour 2013 semble en perdition, comme sur le point de craquer et de perdre cette Vuelta. Mais il fait finalement son retour aux avant-postes et se porte immédiatement en tête de groupe…. comme mercredi ! La différence notable, c’est qu’aujourd’hui, il parvient à prendre du temps à ses rivaux. Quelques secondes certes (1 seconde à Rodriguez, 7 à Contador et 29 à Valverde, le plus mal loti des trois Ibères), mais c’est une indication à un peu plus d’une semaine de l’arrivée à Saint-Jacques-de-Compostelle et alors que la Vuelta passera deux journées supplémentaires dans les Asturies. Mieux il reprend la 3ème place du général. La Vuelta est loin d’être finie…

Demain, nouvelle étape de montagne avec une arrivée bien connue du Tour d’Espagne aux Lacs de Covadonga (12,2 km à 7,2 %).

Classement 14ème étape :

1. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Sharp) en 5h18’10 »
2. Oliver Zaugg (SUI, Tinkoff-Saxo) à 10 sec.
3. Imanol Erviti (ESP, Movistar Team) à 30 sec.
4. Alexandr Kolobnev (RUS, Team Katusha) à 39 sec.
5. Louis Meintjes (AFS, MTN-Qhubeka) à 42 sec.
6. Bart De Clercq (BEL, Lotto-Belisol) à 52 sec.
7. Romain Sicard (FRA, Team Europcar) à 1’44 »
8. David Arroyo (ESP, Caja Rural) à 2’02 »
9. Carlos Verona (ESP, Omega Pharma-Quick Step) à 2’15 »
10. Chris Froome (GBR, Team Sky) à 2’36 »

Classement général :

1. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) en 54h20’16 »
2. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 42 sec.
3. Chris Froome (GBR, Team Sky) à 1’13 »
4. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) à 1’29 »
5. Rigoberto Uran (COL, Omega Pharma-Quick Step) à 2’07 »
6. Fabio Aru (ITA, Astana) à 2’15 »
7. Samuel Sanchez (ESP, BMC Racing Team) à 3’26 »
8. Robert Gesink (PBS, Belkin) à 4’14 »
9. Winner Anacona (COL, Lampre-Merida) à 4’36 »
10. Daniel Martin (IRL, Garmin-Sharp) à 4’37 »

Classement par points :

1. John Degenkolb (ALL, Giant-Shimano) 116 pt
2. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 80 pt
3. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) 73 pt
4. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) 69 pt
5. Chris Froome (GBR, Team Sky) 65 pt
6. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 61 pt
7. Daniel Martin (IRL, Garmin-Sharp) 58 pt
8. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Sharp) 49 pt
9. Fabio Aru (ITA, Astana) 44 pt
10. Jasper Stuyven (BEL, Trek Factory Racing) 42 pt

Classement de la montagne :

1. Luis-Leon Sanchez (ESP, Caja Rural-Seguros RGA) 26 pt
2. Luis Mas (ESP, Caja Rural-Seguros RGA) 20 pt
3. Winner Anacona (COL, Lampre-Merida) 18 pt
4. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 18 pt
5. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Sharp) 16 pt
6. Jérôme Cousin (FRA, Team Europcar) 13 pt
7. Fabio Aru (ITA, Astana) 10 pt
8. Damiano Cunego (ITA, Lampre-Merida) 10 pt
9. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) 9 pt
10. Oliver Zaugg (SUI, Tinkoff-Saxo) 8 pt

Classement du combiné :

1. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 8 pt
2. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) 14 pt
3. Chris Froome (GBR, Team Sky) 21 pt
4. Fabio Aru (ITA, Astana) 22 pt
5. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 25 pt
6. Winner Anacona (COL, Lampre-Merida) 31 pt
8. Ryder Hesjedal (PBS, Garmin-Sharp) 46 pt
7. Samuel Sanchez (ESP, BMC Racing Team) 61 pt
9. Oliver Zaugg (SUI, Tinkoff-Saxo) 63 pt
10. Alexandr Kolobnev (RUS, Team Katusha) 77 pt

Classement par équipes :

1. Movistar Team (ESP) en 162h44’53 »
2. Team Katusha (RUS) à 1’08 »
3. Omega Pharma-Quick Step (BEL) à 9’02 »
4. Cofidis (FRA) à 14’40 »
5. Tinkoff-Saxo (RUS) à 16’49 »
6. Astana (KAZ) à 17’13 »
7. Garmin-Sharp (PBS) à 20’03 »
8. Belkin (PBS) à 20’29 »
9. BMC Racing Team (USA) à 21’15 »
10. Team Sky (GBR) à 28’50 »