Jade, tous les coureurs ont apprécié l’ambiance de ces championnats de France à Quelneuc, quel est ton sentiment?

Oui c’était vraiment un truc de ouf, je crois que je n’ai jamais vu autant de personnes réunies pour un cyclo-cross en France. Même à des endroits du circuit excentré il y avait du monde. Je vous laisse imaginer le bruit qu’ils faisaient… Je pense que le plus impressionnant, c’était avant et pendant les portages. On ne comprenait pas toujours ce qu’ils criaient mais ça boostait. Quand j’ai eu mon petit coup de mou, les cris plus le stress de voir revenir mes concurrentes ont fait monter mon rythme cardiaque, j’ai cru à une crise d’angoisse…

Quelle saveur a ce nouveau maillot tricolore vis-à-vis de celui obtenu en juniores 1?

Ce maillot, je suis vraiment allée au bout de moi-même pour le ramener à la maison. L’an passé, c’était différent car je n’étais pas la favorite numéro 1. Le stress était différent et ce n’était pas à moi de prendre la course en main car une arrivée au sprint pouvait me convenir. En revanche, cette année, je devais faire la course en tête et je voulais arriver seule pour encore plus savourer mais ça n’a pas été course facile. Je suis vraiment satisfaite du travail accompli durant ces deux années de junior, j’ai réussi à progresser et à réduire mes lacunes dans cette discipline.

Etait-ce une pression supérieure, différente des courses de coupe de France par exemple?

Oh oui, je crois que je n’ai jamais autant stressé avant une course. J’ai même dû appeler mon entraîneur (Matthieu Nadal) pour être rassurée. Je suis le genre de fille qui n’aura jamais confiance en soi. J’ai beau avoir remporté la coupe de France junior, ce n’est pas pour autant que je me voyais l’emporter. C’est une course d’un jour, et sans les Elites tout est différent. Je n’arrêtais pas de me remettre en question, de penser à ma blessure, à quel gonflage j’allais être, surtout que la veille, 5 sur 6 coureurs du comité ont crevé.

Comment as-tu géré ces deux premières semaines de janvier?

J’ai passé Nouvel an chez ma meilleure amie, et je suis restée jusqu’au 2 chez elle où nous avons roulé sous des conditions d’enfer. On s’est pris la grêle, le vent et la pluie. Alors quand je suis rentrée à Mimet pour ma dernière semaine de vacances j’ai continué ma préparation mais au soleil et c’était bien plus sympathique ! J’ai pu faire trois bonnes séances d’intensité. Cela m’a rassuré après avoir analysé les résultats. J’avais la motivation à l’entraînement car je savais pourquoi je faisais ça et je me disais que c’était les derniers efforts avant peut-être la récompense…

A Nommay, chez toi, avec le maillot tricolore et l’équipe de France, tu t’attends à quel accueil?

Je ne sais pas trop à quoi m’attendre. C’est vrai, je n’ai encore jamais fait de Coupe du monde en France mais j’espère que les spectateurs seront nombreux et qu’il y aura une ambiance de folie, autant qu’à Quelneuc ! Mes parents seront aussi présents, j’ai hâte ! Et puis vu le temps qu’il fait depuis une semaine là-bas, je pense que le spectacle sportif sera au rendez-vous. Vive la boue !

Comment vas-tu te préparer pour les championnats du monde ?

Cette semaine nous avons fait un gros bloc d’intensité durant le stage avec l’équipe de France qui a commencé à Quelneuc. D’ailleurs, nous sommes revenus sur le circuit et le sentiment de nostalgie était déjà là… Puis nous avons rejoint SQY pour des séances derrière scooter et techniques type Valkenburg. Il reste donc deux coupes du monde : Nommay et Hoogereide avant le dernier objectif de la saison. La semaine prochaine signera la dernière de préparation puis nous partirons mercredi pour le Mondial.

L’objectif sur ces deux manches de Coupe du monde, ça sera de marquer les esprits ? De prendre des avantages psychologiques sur certaines, de tout donner ou autre?

C’est sûr que j’aimerais faire un bon résultat sur ces deux dernières courses. Cela me rassurerait sur ma forme du moment même si je pense que dimanche j’aurai un peu le retour du stage. Mais comme dit le sélectionneur, ce sont des courses de préparation. Et c’est le 3 février qu’il faudra marquer les esprits et tout donner.

Quelles sont les adversaires que tu pointes particulièrement sur ces trois semaines cruciales?

Il y a vraiment un haut niveau chez les espoirs même si je pense qu’une fille se détache puisqu’elle a déjà remporté une Coupe du monde : Evie Richards. Après il y a d’autres noms qui ressortent souvent comme Del Carmen, Teocchi (championne d’Europe), Verdonshot et d’autres.. Je pense qu’un top 5 serait déjà fabuleux. Malheureusement pour moi, le championnat du monde junior n’ouvrira ses portes qu’en 2019…

Lucie Chainel-Lefèvre a décidé de mettre la flêche, quels souvenirs vas-tu garder de cette grande dame du cyclo-cross?

C’est vrai que ça fait bizarre car elle représentait vraiment le cyclo-cross féminin français. Cette saison, c’était avant tout mon adversaire sur les Coupes de France mais aussi ma coéquipière sur les Coupes du monde. Avec son expérience et sa maturité, elle nous tirait vers le haut. Quand elle a annoncé lors de la finale à Flamanville qu’elle ne participerait pas au championnat de France, j’étais un peu déçue car ça aurait fait une bagarre encore plus belle pour le podium mais elle avait vraiment l’air au bout du rouleau alors je n’ai pu que la féliciter pour ses belles années. Elle a montré qu’une championne pouvait toujours revenir et que même après des années blanches, avec la motivation et l’envie, on peut revenir au haut niveau. Je ne lui souhaite que du bonheur dans sa nouvelle vie.