Il est cet homme qui gravit doucement les échelons, silencieusement, dans l’ombre des projecteurs rivés sur les plus grandes courses mondiales. Il est ce coureur qui voit progressivement ses qualités s’accroître et les paliers se succéder. Il est cette personne qui n’a pas cessé depuis quelques années de gravir la hiérarchie, d’une manière interne à son équipe dans un premier temps, puis au sein des emballages finaux, où il est passé du statut d’outsider à terreur des sprints sur la Coupe de France. Encore peu en vue sur la scène internationale, il continue son bon bout de chemin en toute modestie, rêvant dans un coin de sa tête d’y acquérir un jour la place du roi. Personne ne sait s’il en est capable, pas même lui, mais ses progrès effrénés ne lui interdisent rien. A 26 ans, Marc Sarreau a encore de belles années devant lui, propices à tous les espoirs !Marc Sarreau au micro de Vélo 101 sur l'Etoile de Bessèges en début d'annéeMarc Sarreau au micro de Vélo 101 sur l’Etoile de Bessèges en début d’année

Son parcours :

Enfant, Marc Sarreau ne rêvait pas de faire carrière dans le vélo, qui n’était alors qu’une passion pour lui. Mais la réussite qu’il connut finît par l’y orienter.

Comme nombre de ses confrères sprinteurs, ses premières médailles sont récoltées dans les vélodromes. Champion de France junior de l’américaine à 18 ans, il apparaît même comme l’un des cadors mondiaux de sa catégorie en raflant pas moins de trois médailles aux championnats d’Europe 2010 et 2011. Pourtant, il renferme vite son vélo de piste au placard, pour consacrer l’essentiel de son temps à la route, en rejoignant en 2012 le Guidon Chalettois, après quatre années riches en trophées avec l’US Florentaise. Il y explose en 2013, s’imposant comme le leader indiscutable de l’équipe pour les sprints, et devenant par la même occasion l’une des figures majeures du monde amateur national. Il remporte ainsi 10 courses, en plus desquelles il s’offre une remarquable quatrième place sur Bordeaux-Saintes, manche DN1 du calendrier français. Amplement suffisant pour taper dans l’œil de la formation cycliste de l’Armée de Terre, véritable porte d’entrée de la sphère professionnelle. Il y côtoie notamment Bruno Armirail ou encore Romain Combaud, respectivement futurs pros chez Groupama-FDJ et Delko-Marseille KTM. Acteur majeur de l’accession de l’équipe militaire à la division continentale en 2015, il collectionne une nouvelle fois les bouquets et les places d’honneur, lui offrant ainsi l’opportunité de signer comme stagiaire chez l’une des deux écuries françaises du World Tour : FDJ.fr. Après un notable podium d’étape et une 5e place au classement par points sur le Tour de l’Ain, l’essai est jugé concluant par Marc Madiot. La fusée Marc Sarreau est lancée dans la cour des grands.

D’abord propulseur du grand sprinteur de la maison, Arnaud Démarre, Marc Sarreau n’hésite pas à saisir sa chance lorsqu’elle lui est offerte, comme un témoigne sa première victoire professionnelle sur la 3e étape du Tour du Poitou-Charentes, en devançant notamment son ami Julian Alaphilippe ou Bryan Coquard. 2016 constitue pour lui une seconde année d’apprentissage au plus haut niveau, avec la découverte des Grands Tours en Italie, comme bon et loyal serviteur de Démarre. Ces années aux côtés de l’ancien vainqueur de Milan – San-Remo lui sont riches en expériences et en conseils. Il déclare d’ailleurs en 2019 à son sujet au journal Ouest-France « Côtoyer quelqu’un qui joue la gagne à chaque course, ça te donne envie et ça te fait grandir aussi. Ça te tire vers le haut. ».

En effet, au fil des années, la préparation de Marc Sarreau cible davantage des objectifs précis, améliore la pertinence de l’apparition de ses pics de forme, et évite de dilapider son énergie en participant à de trop nombreuses épreuves. L’abnégation du natif du Vierzon et son goût pour l’effort y jouent alors le rôle de catalyseur. Il passe ainsi un cap en 2018, débarrassé de la tutelle d’un leader devenue trop encombrante, et ne tarde pas à donner raison au staff de la Groupama-FDJ. Double vainqueur d’étape et maillot vert sur l’Etoile de Bessèges en début de saison, il glane par la suite d’importants bouquets sur le Circuit de la Sarthe et les Quatre Jours de Dunkerque, avant de découvrir la Vuelta, où il s’adjuge deux tops 5. De simple amateur, Marc Sarreau vit ainsi en quelques années son nom rejoindre ceux d’Elia Viviani ou de Peter Sagan sur les tableaux de résultats.

Son statut aujourd’hui :

Au moment de construire cette liste des 101 personnes qui font le cyclisme français, Marc Sarreau n’est évidemment pas apparu avant les noms de Julian Alaphilippe, Thibaut Pinot ou encore Arnaud Démarre. Mais en prolongeant la réflexion au-delà de ces quatre ou cinq stars nationales, sa place dans cette rubrique s’est imposée avec certitude. Récent vainqueur de la Coupe de France, le vierzonnais n’en finit plus de prendre de l’ampleur, jusqu’à figurer aujourd’hui comme l’une des figures majeures des courses continentales françaises. Avec 5 victoires cette saison, sans compter ses 6 podiums, preuve de sa régularité, Marc Sarreau est devenu un homme qui pèse dans le petit monde du sprint français, n’ayant plus rien à envier à des Bryan Coquard ou à des Christophe Laporte.

Cependant, désormais arrivé au sommet au sein de l’hexagone, il lui reste à s’imposer sur la scène internationale, où il n’a jusqu’ici jamais triomphé. Vainqueur du classement par points du Tour de Pologne 2019, il a accumulé les tops 10 sur le dernier Tour d’Espagne, sans toutefois parvenir à devancer à la régulière des Jakobsen, Bennett, Gaviria et consorts. Ce palier sera par conséquent son objectif de 2020, avec un rêve en tête pour l’avenir : Paris-Roubaix.

Par Jean-Guillaume Langrognet