De long, en large et en travers. Ignorée par le Tour pendant trop longtemps, la Corse est parcourue dans ses moindres recoins en ouverture de la 100ème édition, dévoilant au peloton explorateur son charme rutilant et sa beauté sauvage. Entre Porto-Vecchio et Bastia hier, l’édition 2013 a été lancée dans un drôle de capharnaüm. Si ce n’est Marcel Kittel (Argos-Shimano) parvenu à se jouer des éléments pour courtiser la toison d’or, tous les sprinteurs ont une revanche à prendre alors que la deuxième étape traverse l’Ile de Beauté de Bastia (Haute-Corse) à Ajaccio (Corse-du-Sud), via 156 kilomètres de routes escarpées. La moyenne montagne, déjà, est au rendez-vous. La première grosse chaleur de l’année aussi. Traverser la Corse sous son soleil ardent sera une épreuve. Tous les sprinteurs ne la surmonteront pas.

Selon un schéma assez similaire à celui d’hier, l’échappée matinale se dessine après 4 kilomètres de course. Pour un peu, on retrouverait exactement les mêmes équipes à l’attaque : Lars Boom (Belkin), Blel Kadri (Ag2r La Mondiale), Ruben Perez (Euskaltel-Euskadi) et David Veilleux (Team Europcar). Les uns comme les autres n’ont qu’un objectif en tête aujourd’hui, lequel se présente sous la forme du maillot à pois de meilleur grimpeur. Mais à travers les routes escarpées du centre de l’île, après Corte, sa capitale historique, l’allure s’intensifie en tête de peloton. Les sprinteurs les plus redoutés ont sauté. Mark Cavendish (Omega Pharma-Quick Step) d’abord, qui n’aura pas l’occasion de démontrer, à Ajaccio, qui est le véridique empereur du sprint. Tout de jaune vêtu, Marcel Kittel aussi rétrograde, lâché dans le col de la Serra et repoussé dans un gruppetto qui n’atteindra la ligne d’arrivée que 17’35 » après le peloton.

Dans les forêts de châtaigniers et de rochers bruts, l’excitation gagne ceux, nombreux, se sentant à même de s’illustrer sur ce parcours ouvert, donnant finalement sa chance à beaucoup d’opportunistes. Boom, Kadri, Perez et Veilleux sont repris à 48 kilomètres de l’arrivée. Trop tôt pour que le maillot à pois leur soit promis alors qu’il reste à franchir le col de Vizzavona. Le mot est passé dans les oreillettes. Celles des Europcar sifflent, et voilà que les deux capitaines de l’équipe vendéenne se découvrent déjà. Après une tentative infructueuse de Thomas Voeckler, c’est Pierre Rolland qui sort. L’Orléanais obtient le résultat recherché par le groupe : il bascule en tête au sommet et rafle le maillot à pois avant que la course ne prenne la direction de la côte occidentale et de la gracieuse cité d’Ajaccio, où l’attend la côte du Salario.

Chris Froome se découvre, Jan Bakelants s’habille de jaune.

C’est un mur, à 12 kilomètres de l’arrivée, qui se dresse devant un peloton réduit de moitié et privé de tous ses sprinteurs… à l’exception du seul Peter Sagan (Cannondale), qui réalisera ce soir une excellente opération pour le maillot vert. On avait vu Veilleux, Rolland puis Voeckler, voilà qu’un quatrième coureur d’Europcar met à profit les reconnaissances réalisées par le groupe l’hiver dernier en portant son démarrage là où il l’avait rêvé. Cette fois c’est Cyril Gautier qui s’exécute, répondant à une attaque de Juan-Antonio Flecha (Vacansoleil-DCM) pour s’isoler rapidement à travers une foule compacte, signe que le Tour de France est en train de prendre en Corse. Dans le dos du coureur breton, Richie Porte et Chris Froome se mettent déjà en position, donnant un aperçu des images qui nous attendent dans les montagnes.

Mais la côte franchie, il reste une dizaine de kilomètres en bord de mer pour arriver au large des Iles Sanguinaires. Une attaque tranchante de Chris Froome en haut de la côte du Salario a avant tout pour dessein d’aborder la courte descente technique sans heurts. Si elle lui permet d’être le premier favori du Tour à se découvrir, elle condamne surtout l’entreprise de Cyril Gautier. Un Français en chasse un autre. A la sortie de la ville où naquit jadis Napoléon Bonaparte, Sylvain Chavanel (Omega Pharma-Quick Step) démarre. Le coureur qui fête aujourd’hui son 34ème anniversaire sort à 7 kilomètres de l’arrivée avec Jan Bakelants (RadioShack-Leopard), Jakob Fuglsang (Astana), Gorka Izaguirre (Euskaltel-Euskadi), Manuele Mori (Lampre-Merida) et de nouveau Juan-Antonio Flecha. A six le coup est jouable. A condition que chacun y mette du sien, ce dont doute bientôt le Belge Jan Bakelants, qui s’imagine le seul à y croire.

Quand il se retourne à 1,5 kilomètre de l’arrivée, le coureur de RadioShack aperçoit le peloton se rapprocher. Il reprend alors un relais appuyé, conscient qu’une telle opportunité ne se représentera peut-être pas de sitôt. Son effort est si soutenu qu’il fait un écart à la pédale. Et l’écart devient un trou. Pas béant, mais suffisant pour lui permettre d’envisager ouvrir son palmarès. Alors qu’il file en direction des Iles Sanguinaires, sur une route qui semble atteindre le bout du monde, Jan Bakelants réussit à contenir le retour du peloton emmené par Peter Sagan. Et quand il franchit la ligne la tête entre les mains comme pour marquer sa surprise, le Belge garde suffisamment d’avance, une seconde sur ses poursuivants, pour endosser à son tour l’habit de lumière. Voilà l’ancien vainqueur du Tour de l’Avenir Maillot Jaune du Tour de France.

Demain lundi, la troisième et dernière étape corse sera critique entre Ajaccio et Calvi (145,5 km).

Classement 2ème étape :

1. Jan Bakelants (BEL, RadioShack-Leopard) les 156 km en 3h43’11 » (41,9 km/h)
2. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) à 1 sec.
3. Michal Kwiatkowski (POL, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
4. Davide Cimolai (ITA, Lampre-Merida) m.t.
5. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) m.t.
6. Julien Simon (FRA, Sojasun) m.t.
7. Francesco Gavazzi (ITA, Astana) m.t.
8. Daryl Impey (AFS, Orica-GreenEdge) m.t.
9. Daniele Bennati (ITA, Team Saxo-Tinkoff) m.t.
10. Sergey Lagutin (OUZ, Vacansoleil-DCM) m.t.

Classement général :

1. Jan Bakelants (BEL, RadioShack-Leopard) en 8h40’03 »
2. David Millar (GBR, Garmin-Sharp) à 1 sec.
3. Julien Simon (FRA, Sojasun) m.t.
4. Daryl Impey (AFS, Orica-GreenEdge) m.t.
5. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) m.t.
6. Simon Gerrans (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
7. Michal Kwiatkowski (POL, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
8. Sergey Lagutin (OUZ, Vacansoleil-DCM) m.t.
9. Christophe Riblon (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.
10. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) m.t.

Classement par points :

1. Marcel Kittel (ALL, Argos-Shimano) 47 pt
2. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) 43 pt
3. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) 41 pt
4. Lars Boom (PBS, Belkin) 40 pt
5. Danny Van Poppel (PBS, Vacansoleil-DCM) 39 pt
6. Jan Bakelants (BEL, RadioShack-Leopard) 30 pt
7. David Millar (GBR, Garmin-Sharp) 30 pt
8. Michal Kwiatkowski (POL, Omega Pharma-Quick Step) 22 pt
9. Matteo Trentin (ITA, Omega Pharma-Quick Step) 22 pt
10. Julien Simon (FRA, Sojasun) 21 pt

Classement de la montagne :

1. Pierre Rolland (FRA, Team Europcar) 5 pt
2. Blel Kadri (FRA, Ag2r La Mondiale) 5 pt
3. Cyril Gautier (FRA, Team Europcar) 2 pt
4. Lars Boom (PBS, Belkin) 2 pt
5. Brice Feillu (FRA, Sojasun) 2 pt
6. Juan-José Lobato (ESP, Euskaltel-Euskadi) 1 pt
7. Christopher Froome (GBR, Team Sky) 1 pt
8. Vasil Kiryienka (BLR, Team Sky) 1 pt
9. David Veilleux (CAN, Team Europcar) 1 pt
10. Ruben Perez (ESP, Euskaltel-Euskadi) 1 pt

Classement des jeunes :

1. Michal Kwiatkowski (POL, Omega Pharma-Quick Step) en 8h40’04 »
2. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.
3. Nairo-Alexander Quintana (COL, Movistar Team) m.t.
4. Jon Izagirre (ESP, Euskaltel-Euskadi) m.t.
5. Rudy Molard (FRA, Cofidis) m.t.
6. Thibaut Pinot (FRA, FDJ.fr) m.t.
7. Arthur Vichot (FRA, FDJ.fr) m.t.
8. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) m.t.
9. Anthony Delaplace (FRA, Sojasun) m.t.
10. Peter Kennaugh (GBR, Team Sky) m.t.

Classement de la combativité :

1. Blel Kadri (FRA, Ag2r La Mondiale)

Classement par équipes :

1. RadioShack-Leopard (LUX) en 26’00’11 »
2. Vacansoleil-DCM (PBS) à 1 sec.
3. Orica-GreenEdge (AUS) m.t.
4. Lampre-Merida (ITA) m.t.
5. BMC Racing Team (USA) m.t.
6. Ag2r La Mondiale (FRA) m.t.
7. Team Europcar (FRA) m.t.
8. Movistar Team (ESP)  m.t.
9. Team Saxo-Tinkoff (DAN) m.t.
10. Sojasun (FRA) m.t.