2. Sur les vingt-cinq équipes engagées, et malgré la poursuite de l’expérimentation des freins à disque cette saison, deux formations seulement oseront se servir de Paris-Roubaix pour terrain d’expérimentation. Comme au Tour des Flandres dimanche dernier, l’équipe Lampre-Merida fera rouler ses huit coureurs sur un Merida Scultura Disc. Avec l’espoir d’un meilleur résultat au bout puisque seul Federico Zurlo était allé jusqu’à Audenarde, 104ème à 12’48 » de Sagan. L’autre formation à avoir officialisé son intention d’affronter les pavés de l’Enfer sur des vélos montés de freins à disque est l’équipe Direct Energie, qui fera usage du BH G7 Disc. Un choix audacieux car si l’assistance Mavic sera bien équipée de roues de rechange, la non standardisation des axes et des dimensions de disques pourrait être pénalisante en cas de crevaison.


4. Seuls quatre coureurs ont réussi l’exploit de remporter Paris-Roubaix ceints du maillot arc-en-ciel. Aux côtés d’Eddy Merckx (1969), Francesco Moser (1978) et Bernard Hinault (1981), mention spéciale à Rik Van Looy auteur du doublé en 1961 et 1962 dans la foulée de ses deux titres mondiaux en 1960 et 1961. En cas de victoire dimanche, Peter Sagan deviendrait donc le cinquième membre de ce club très fermé. Fort de ses victoires à Gand-Wevelgem et au Tour des Flandres les deux dimanches précédents, le Slovaque fait partie des favoris de cette édition. Même s’il ne s’agit que de sa troisième participation (6ème en 2014 et 23ème en 2015), le Slovaque semble avoir atteint la plénitude à 26 ans. L’humidité annoncée sur quelques secteurs pavés ne saurait déplaire à cet acrobate qui a passé ses jeunes années en VTT et en cyclo-cross.


7. A eux deux, Tom Boonen (Etixx-Quick Step) et Fabian Cancellara (Trek-Segagredo) comptent sept Paris-Roubaix à leur palmarès, ce qui en fait deux des plus grands spécialistes de l’Histoire, Boonen partageant le record de quatre victoires (2005, 2008, 2009, 2012) avec Roger De Vlaeminck (1972, 1974, 1975, 1977). Record que Fabian Cancellara lauréat des éditions 2006, 2010 et 2013 pourrait bien égaler alors que les deux champions sont engagés dans une tournée d’adieux. L’avantage va effectivement au Suisse, 4ème du Grand Prix E3 et de Gand-Wevelgem et seulement précédé par Peter Sagan dimanche dernier au Tour des Flandres (2ème). Son aisance naturelle sur les pavés du Nord où le champion du monde ne possède pas autant de références en fait le favori logique à une quatrième et dernière victoire historique.


11. Patrick Lefevere mérite à juste titre le statut de spécialiste de Paris-Roubaix. Le manager belge a pu célébrer onze victoires en vingt ans avec Johan Museeuw (1996, 2000, 2002), Franco Ballerini (1998), Andrea Tafi (1999), Servais Knaven (2001), Tom Boonen (2005, 2008, 2009, 2012) et Niki Terpstra (2014). Pourtant, il est difficile d’imaginer l’homme fort de l’équipe Etixx-Quick Step s’offrir un nouveau pavé dimanche tant la prestation de ses hommes est décevante sur les classiques cette année : ni victoire, ni podium, ni Top 5. La meilleure performance ne revient pas aux habitués, Tom Boonen, Zdenek Stybar ou Niki Terpstra, mais à Fernando Gaviria, 6ème de Gand-Wevelgem. L’Enfer du Nord doit constituer dimanche leur session de rattrapage. Car la seule victoire de Marcel Kittel au GP de l’Escaut n’ira pas les satisfaire.


12. A douze reprises, le vainqueur au vélodrome de Roubaix était le même qu’au Tour des Flandres une semaine auparavant. S’ils étaient assez rares avant que Peter Van Petegem ne réalise l’exploit en 2003, succédant ainsi à Henri Suter (1923), Romain Gijssels (1932), Gaston Rebry (1934), Raymond Impanis (1954), Alfred De Bruyne (1957), Rik Van Looy (1962) et Roger De Vlaeminck (1977), ils se sont multipliés ces dernières années avec cinq doublés en treize ans. La toute puissance de Tom Boonen et Fabian Cancellara sur les pavés leur ont permis de réaliser le doublé deux fois : en 2005 et 2012 pour le Belge et en 2010 et 2013 pour le Suisse. Si Cancellara a à chaque fois triplé avec le GP E3, Boonen a fait plus fort encore en réalisant un quadruplé historique en 2012 en s’imposant aussi à Harelbeke puis à Gand-Wevelgem.


12. Depuis sa création en 1977 sur une idée de l’assocation des Amis de Paris-Roubaix, le trophée de la reine des classiques reste la plus convoitée de toutes les récompenses. D’un poids de 12 kg, il est composé d’un pavé de grès de Fontainebleau posé sur un socle de pierre bleue du Hainaut. On en doit la fabrication à la marbrerie Sloss à Orchies, chargée de concevoir chaque année cette pièce unique, maintenue au socle par des tiges métalliques. Un trophée qui attire tellement la convoitise que d’anciens lauréats de l’Enfer du Nord, qui n’avaient eu la chance de le soulever au cœur du vélodrome, à commencer par Eddy Merckx, ont demandé à se le faire remettre à titre rétrospectif. En marge du mythique trophée, le lauréat de Paris-Roubaix récoltera dimanche la somme de 30.000 euros sur un total de 91.000 euros de gains.


14. Le nord de l’Hexagone n’est pas épargné par les moqueries concernant son climat et son temps souvent pluvieux, mais Paris-Roubaix a fait mentir les clichés ces quatorze dernières années. Au contraire, la météo a souvent été clémente lors du deuxième dimanche d’avril. Les éditions depuis 2002 ont toujours été poussiéreuses, notamment en 2007 quand le mercure avait dépassé les 25°. Il faut remonter à la dernière victoire de Johan Museeuw pour voir les visages des hommes sortis de l’Enfer recouverts de boue. Bien que la crainte d’un Paris-Roubaix pluvieux se soit longtemps faite ressentir, les coureurs devraient une nouvelle fois échapper aux scénarios dantesques de 1994 et 2001 ou à celui de l’étape du Tour 2014. Mais il n’est pas exclu que les averses prévues avant dimanche rendent glissantes certaines portions.


52,8. Les 257,5 kilomètres qui séparent Compiègne de Roubaix seront truffés d’obstacles. A compter de Troisvilles au kilomètre 98 se succéderont vingt-sept secteurs pavés pour un total de 52,8 kilomètres de pavés. L’unique nouveauté de retour cette année après trois ans d’absence se présentera juste avant le Hameau du Buat (km 127, secteur n°22) : il s’agit du seul véritable secteur en montée sur 1700 mètres avec un passage de 400 mètres à 7 %. Evalués en fonction de leur longueur, de l’irrégularité des pavés, de l’état général du tronçon et de leur emplacement dans la course, trois secteurs ont été classés cinq étoiles : la Trouée d’Arenberg (km 162, 2400 mètres), Mons-en-Pévèle (km 209, 3000 mètres) et le Carrefour de l’Arbre (km 240,5), dont les 2100 mètres à 17 kilomètres du vélodrome sont statistiquement les plus décisifs.


55. Une dizaine de kilomètres séparent Roubaix de la frontière belge, et nos voisins d’outre-Quiévrain ont régulièrement régné en maître sur l’Enfer du Nord. Avec 55 victoires, la Belgique est la nation la plus victorieuse sur Paris-Roubaix. Bien que leur domination soit moins souveraine ces dernières années, conséquence de la mondialisation du cyclisme, les Belges auront encore voix au chapitre ce dimanche. Sans leur homme en forme, Greg Van Avermaet, qui s’est fracturé la clavicule dimanche dernier, avec un Tom Boonen qui n’est plus que l’ombre de lui-même, et un Tiesj Benoot pas à 100 % à la suite de sa chute au Tour des Flandres, les espoirs de victoire reposeront essentiellement sur les épaules de Sep Vanmarcke, 3ème du Tour des Flandres dimanche et 2ème derrière Fabian Cancellara sur le vélodrome de Roubaix en 2013.


1997. C’est l’année qui demeure associée à la dernière victoire française dans le vélodrome de Roubaix, celle de Frédéric Guesdon il y a dix-neuf ans. Si le cyclisme français a déjà connu plus longue disette sur la reine des classiques et les vingt-cinq ans qui avaient séparé les victoires de Louison Bobet (1956) et Bernard Hinault (1981), l’impatience se fait grande dans l’attente d’une vingt-neuvième victoire tricolore (vingt Français ont inscrit leur nom au palmarès, trois fois pour Octave Lapize). En l’absence d’Arnaud Démare et Alexis Gougeard, qui semblaient incarner les meilleures chances françaises, il faudra essentiellement se reposer sur Sylvain Chavanel (Direct Energie), Matthieu Ladagnous (FDJ), Florian Sénéchal (Cofidis), Damien Gaudin et Sébastien Turgot (Ag2r La Mondiale), dernier Français sur le podium, 2ème en 2012.

Les 10 derniers vainqueurs de Paris-Roubaix :

2015 : John Degenkolb (ALL, Giant-Alpecin)
2014 : Niki Terpstra (PBS, Omega Pharma Quick Step)
2013 : Fabian Cancellara (SUI, RadioShack-Leopard)
2012 : Tom Boonen (BEL, Omega Pharma-Quick Step)
2011 : Johan Van Summeren (BEL, Garmin-Cervélo)
2010 : Fabian Cancellara (SUI, Team Saxo Bank)
2009 : Tom Boonen (BEL, Quick Step)
2008 : Tom Boonen (BEL, Quick Step)
2007 : Stuart O’Grady (AUS, Team CSC)
2006 : Fabian Cancellara (SUI, Team CSC)

Les 27 secteurs pavés de Paris-Roubaix :

• 27. Troisvilles (km 98,5-2200 mètres) 3 étoiles
• 26. Viesly (km 105-1800 mètres) 3 étoiles
• 25. Quievy (km 107,5-3700 mètres) 4 étoiles
• 24. Saint-Python (km 112,5-1500 mètres) 2 étoiles
• 23. Vertain (km 120,5-2300 mètres) 3 étoiles
• 22. Capelle-Ruesnes (km 127-1700 mètres) 3 étoiles
• 21. Quérénaing à Maing (km 137,5-2500 mètres) 3 étoiles
• 20. Monchaux-sur-Ecaillon (km 141-1600 mètres) 3 étoiles
• 19. Haveluy (km 154-2500 mètres) 4 étoiles
• 18. Trouée d’Arenberg (km 162-2400 mètres) 5 étoiles
• 17. Wallers à Hélesmes (km 168-1600 mètres) 3 étoiles
• 16. Hornaing (km 175-3700 mètres) 4 étoiles
• 15. Warlaing (km 182,5-2400 mètres) 3 étoiles
• 14. Tilloy à Sars-et-Rosières (km 186-2400 mètres) 4 étoiles
• 13. Beuvry-la-Forêt à Orchies (km 192,5-1400 mètres) 3 étoiles
• 12. Orchies (km 197,5-1700 mètres) 3 étoiles
• 11. Auchy-lez-Orchies à Bersée (km 203,5-2700 mètres) 4 étoiles
• 10. Mons-en-Pévèle (km 209-3000 mètres) 5 étoiles
• 9. Mérignies à Avelin (km 215-700 mètres) 2 étoiles
• 8. Pont-Thibaut (km 218-1400 mètres) 3 étoiles
• 7. Templeuve-Moulin de Vertain (km 224,5-500 mètres) 2 étoiles
• 6. Cysoing à Bourghelles (km 231-1300 mètres) 3 étoiles
• 6 bis. Bourghelles à Wannehain (km 233,5-1100 mètres) 3 étoiles
• 5. Camphin-en-Pévèle (km 238-1800 mètres) 4 étoiles
• 4. Carrefour de l’Arbre (km 240,5-2100 mètres) 5 étoiles
• 3. Gruson (km 243-1100 mètres) 2 étoiles
• 2. Willems à Hem (km 249,5-1400 mètres) 2 étoiles
• 1. Roubaix (km 256,5-300 mètres) 1 étoile