On situe le Tour de Romandie à cheval entre la campagne des classiques de printemps et la période des courses par étapes de l’été. Selon ceux qui s’y présentent au départ, l’épreuve suisse a valeur de prolongations à l’issue des classiques ou de mise en jambes avant les grandes échéances estivales. C’est dans cette dernière configuration que se présentait mardi dernier l’Australien Cadel Evans (BMC Racing Team), privé des classiques ardennaises en raison d’une mauvaise chute à l’entraînement fin mars, et donc à la recherche de sensations avant des objectifs importants qui vont arriver à grands pas désormais. A 34 ans, l’ancien champion du monde a fait du Tour de France son ambition majeure de la saison. Il disposera en juillet de l’une des dernières chances de sa carrière d’accrocher enfin une course qui le passionne.

Il y a cinq jours à Martigny, personne n’aurait franchement cité le nom de Cadel Evans pour vainqueur de la 65ème édition du Tour de Romandie. Bien que vainqueur final de cette épreuve semi-montagneuse il y a cinq ans, l’Australien ne présentait plus suffisamment de garanties après le coup d’arrêt dont il avait été victime dans la foulée de son succès sur Tirreno-Adriatico. Mais les sensations sont revenues plus vite qu’il ne le fallait et, pour son retour à la compétition, Cadel Evans a triomphé. Sans éclat majeur mais simplement en se montrant le plus complet sur l’ensemble des exercices proposés, qu’il s’agisse des arrivées en côte (7ème à Leysin puis 2ème à Romont où il avait été coupé dans son élan par Mikaël Chérel) ou du contre-la-montre (8ème hier à Signal-de-Bougy). Nul ne peut plus lui contester la victoire finale avant la cinquième et dernière étape, qui se dispute sur 164,6 kilomètres entre Champagne et Genève.

Malgré l’ascension de deux cols de première catégorie en cours de journée, cette ultime étape ne doit plus remettre en cause la hiérarchie établie après le contre-la-montre individuel. Une victoire d’étape demeure le dernier enjeu de ce Tour de Romandie, et ce sont d’abord les échappés qui s’y collent. Cinq hommes sortent du peloton après 3 kilomètres : Jack Bobridge (Garmin-Cervélo), José-Vicente Garcia-Acosta (Movistar Team), Vladimir Gusev (Team Katusha), Perrig Quémeneur (Team Europcar) et Lieuwe Westra (Vacansoleil-DCM). L’avance des cinq hommes augmente sûrement mais cela ne va pas assez vite pour le Russe Vladimir Gusev, qui choisit la solitude après 29 kilomètres seulement, s’engageant seul sur les 135 derniers kilomètres de l’étape. Un pari complètement insensé.

Le col du Mollendruz met fin aux prétentions de l’échappé solitaire, rattrapé par une série de contre-attaquants (Ardila, Danielson, Kern, Rohregger, Sörensen, Txurruka, Vandewalle, puis encore Brandle, Garcia-Acosta, Keizer, Martinez et Pujol). Mais tous sont rejoints au pied du Marchairuz. Les dernières attaques sont réprimées par le peloton, qui se présente groupé à Genève pour le sprint final, que remporte le Britannique Ben Swift (Team Sky) devant Davide Vigano (Team Leopard-Trek) et Oscar Freire (Rabobank). Le classement général ne change donc pas et, pour la seconde fois après 2006, Cadel Evans s’invite sur la plus haute marche du podium, où le rejoignent Tony Martin (HTC-Highroad) et Alexandre Vinokourov (Astana). L’Australien se présente en grosse condition à exactement deux mois du départ du Tour de France.

Classement 5ème étape :

1. Ben Swift (GBR, Team Sky) les 164,6 km en 3h50’51 »
2. Davide Vigano (ITA, Team Leopard-Trek) m.t.
3. Oscar Freire (ESP, Rabobank) m.t.
4. Fabio Sabatini (ITA, Liquigas-Cannondale) m.t.
5. Enrico Gasparotto (ITA, Astana) m.t.
6. Fumiyuki Beppu (JAP, RadioShack) m.t.
7. Tony Martin (ALL, HTC-Highroad) m.t.
8. Nicolas Roche (IRL, Ag2r La Mondiale) m.t.
9. Yukiya Arashiro (JAP, Team Europcar) m.t.
10. Enrique Sanz (ESP, Movistar Team) m.t.

Classement général final :

1. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) en 16h51’49 »
2. Tony Martin (ALL, HTC-Highroad) à 18 sec.
3. Alexandre Vinokourov (KAZ, Astana) à 19 sec.
4. Marco Pinotti (ITA, HTC-Highroad) à 31 sec.
5. Benat Intxausti (ESP, Movistar Team) à 41 sec.
6. Pieter Weening (PBS, Rabobank) à 51 sec.
7. Janez Brajkovic (SLO, RadioShack) à 52 sec.
8. Pavel Brutt (RUS, Team Katusha) à 58 sec.
9. Andrew Talansky (USA, Garmin-Cervélo) à 59 sec.
10. David Millar (GBR, Garmin-Cervélo) à 1’00 »