S’il fallait un événement en conclusion des Championnats du Monde de Londres, dont l’intérêt sera resté subordonné aux Jeux de Rio l’été prochain, ce sont bien Bradley Wiggins et Mark Cavendish, deux des plus grands palmarès du cyclisme britannique, qui l’auront créé au baisser de rideau. On savait déjà avant même le terme de ces Mondiaux 2016 que le pays hôte sortirait avec les lauriers, installé en tête du tableau des médailles tant en quantité (neuf podiums) qu’en qualité (cinq titres mondiaux).

Aussi, toutes les attentions se portaient au dernier jour des compétitions sur la paire Wiggins-Cavendish, associée dans l’américaine. L’épreuve ne figure plus au programme olympique, comme c’était encore le cas à Pékin en 2008 lors de leur dernière association du genre (décevants 9èmes), mais ceux qui avaient décroché un premier titre mondial ensemble il y a huit ans à Manchester avaient à cœur d’unir une dernière fois leurs forces dans cette discipline. Et de sceller aux yeux du monde une amitié parfois tumultueuse.

Cet été au Brésil, Wiggo visera en poursuite par équipes la cinquième médaille d’or (huitième médaille olympique) qui en ferait définitivement l’athlète le plus couronné de l’histoire du sport britannique. Cav entendra quant à lui laver l’affront de la route des Jeux de Londres en convoitant un premier titre olympique sur la piste. Dans l’omnium, dont il a pris la 6ème place des Mondiaux samedi. Et c’est enrichis l’un comme l’autre d’un nouveau titre mondial dans l’américaine que Bradley Wiggins et Mark Cavendish feront, s’ils sont sélectionnés l’un et l’autre, le déplacement en Amérique du Sud. Car personne ne leur aura résisté sur la piste londonnienne dans cette discipline de l’américaine qu’ils affectionnent.

L’expérience et le talent auront amplement suffi à faire la différence. Après avoir cumulé les points sur la première partie de l’épreuve, Wiggins et Cavendish sont passés à l’offensive à une trentaine de tours de l’arrivée pour revenir au niveau des trois équipes de tête. Rien, pas même une chute de Mark Cavendish à dix tours du terme de l’épreuve, n’aura pu se mettre en travers de leur piste. Ni personne, au grand dam de la paire tricolore Benjamin Thomas-Morgan Kneisky (ce dernier tenant du titre avec Bryan Coquard), médaillée d’argent, ce qui constituera l’une des rares satisfactions des Bleus à Londres.

Car l’équipe de France n’aura que trois médailles à déclarer à son retour sur le territoire aujourd’hui. Et pas la moindre d’or. A l’argent de Thomas-Kneisky en américaine s’ajoutent le bronze de Quentin Lafargue sur le kilomètre et l’argent de Laurie Berthon obtenu au dernier jour sur l’omnium. Une sacrée performance quand on sait que la championne olympique Laura Trott était inacessible et qu’il aura fallu un final grandiose de la Française pour aller chercher l’Américaine Sarah Hammer. 2ème du 500 mètres et du tour lancé, Laurie Berthon aura accroché la médaille d’argent au prix d’un dernier sprint décisif dans la course aux points, qu’elle s’adjuge.

Le bilan reste toutefois bien pâle pour l’équipe de France, un an après avoir obtenu sept médailles dont cinq d’or sur sa piste francilienne. Il faut remonter aux Mondiaux d’Apeldoorn en 2011 pour retrouver trace d’une édition sans titre pour les Bleus… et à ceux de Valence en 1992 pour trouver un bilan encore moins favorable que celui de Londres !

Double tenant du titre en keirin, François Pervis n’aura même pas atteint la finale, éliminé dans le deuxième tour après avoir dû recourir aux repêchages pour s’y hisser. C’est l’Allemand Joachim Eilers, sacré sur le kilomètre jeudi, qui a fait sensation en conquérant le titre mondial dans la droite ligne de ses deux victoires en Coupe du Monde à Cali et Cambridge cet hiver. Il a devancé le Néo-Zélandais Edward Dawkins et le Malaisien Azizulhasni Awang en prenant la tête à deux tours de l’arrivée pour ne laisser personner le rattraper. Apparu émoussé au lendemain de son titre en vitesse, le Britannique Jason Kenny a lâché prise dans l’emballage final (6ème).

La vitesse féminine, elle, a tourné à l’avantage des Chinoises. Après avoir écarté la tenante du titre, l’Allemande Kristina Vogel, en demi-finale, Tianshi Zhong a pris le dessus en finale sur sa compatriote Lin Junhong, en deux manches. Médaillée d’argent en 2014 puis sacrée en vitesse par équipes l’an passé, Tianshi Zhong donne à présent rendez-vous à Rio. Comme les autres du reste en cette année olympique dont les résultats dans cinq mois prévaudront largement sur ceux obtenus la semaine passée.

Les champions du monde :

• vitesse individuelle Dames : Tianshi Zhong (CHN)
• keirin Messieurs : Joachim Eilers (ALL)
• omnium Dames : Laura Trott (GBR)
• américaine Messieurs : Bradley Wiggins-Mark Cavendish (GBR)