Sans refaire l’histoire, Nacer Bouhanni (Cofidis) a eu sa dose de frustration ce mois-ci. Et celle qu’il a vécue pas plus tard qu’il y a quarante-huit heures sur la Via Roma de San Remo supplante largement l’affront du déclassement de Paris-Nice après son accrochage maladroit avec Michael Matthews. A 150 mètres d’en finir avec Milan-San Remo, au moment même où il produisait son effort au coude à coude avec Arnaud Démare, un saut de chaîne a brusquement renvoyé ses maillons sur le petit plateau, lui interdisant de lutter à armes égales. Moulinant comme un damné pour accrocher une 4ème place qui ne reflétera jamais celle qu’il avait dans les jambes, Nacer Bouhanni a franchi la ligne en fracassant son cadre à grands coups de poings. De rage, il a même un temps envisagé de ne pas se rendre en Catalogne. Avant de faire volte-face.

Avec le retour de Milan-San Remo le samedi, soit une journée pour faire retomber la pression avant le Tour de Catalogne, le sprinteur de Cofidis a eu le temps nécessaire pour transformer sa colère noire en machine à gagner. Ce sont des victoires qu’il est venu chercher en osant venir s’aventurer sur un terrain catalan tellement miné que les sprinteurs n’y font généralement plus le déplacement. Pourtant, la condition optimale de Nacer Bouhanni et sa capacité à franchir de belles bosses lui permettent d’envisager quelques succès d’étapes cette semaine en Catalogne.

Il est encore là, prêt à bondir au retour dans les rues de Calella (175,8 km), alors que le peloton s’est rompu en cours de route au franchissement des premières pentes. Pas de quoi encore offrir à l’alléchant plateau de grimpeurs, digne d’un Grand Tour, une occasion d’en découdre, mais déjà largement de quoi lessiver une partie du peloton, réduit de moitié lorsqu’il met fin à l’échappée matinale de Boris Dron (Wanty-Groupe Gobert), Luis Mas (Caja Rural-Seguros RGA) et Cameron Meyer (Dimension Data) à 50 kilomètres du but. Le retour vers la côte méditerranéenne est parsemé d’attaques. Ce sont les outsiders qui se découvrent en premier, Mathias Frank (IAM Cycling) puis Nicolas Roche (Team Sky) notamment, mais aucun ne se montre suffisamment convaincant pour réfréner le retour du peloton.

A Calella, une occasion s’offre donc aux quelques sprinteurs ayant fait le déplacement, au premier rang desquels on trouve donc Nacer Bouhanni et Ben Swift (Team Sky), encore sur le podium de Milan-San Remo samedi, 2ème cette fois (il s’était classé 3ème en 2014). Mais le Britannique est plus coutumier des places d’honneur que des victoires, et quand Nacer Bouhanni sort de sa roue, il lui est impossible de contester le premier succès d’étape au sprinteur français, vainqueur avec l’élégance qui caractérise chacune de ses consolations. Confer encore le sprint de Romans-sur-Isère sur Paris-Nice. Il ajoute surtout une victoire de plus à son palmarès au niveau WorldTour, où il devrait très rapidement se trouver une nouvelle raison de gagner. Ne serait-ce que demain dans une deuxième étape de 178,7 kilomètres entre Mataro et Olot.

Classement 1ère étape :

1. Nacer Bouhanni (FRA, Cofidis) les 175,8 km en 4h28’51 » (39,2 km/h)
2. Ben Swift (GBR, Team Sky) m.t.
3. Daryl Impey (AFS, Orica Greenedge) m.t.
4. Enrico Gasparotto (ITA, Wanty-Groupe Gobert) m.t.
5. Alexey Tsatevitch (RUS, Team Katusha) m.t.
6. Carlos Barbero (ESP, Caja Rural-Seguros RGA) m.t.
7. Jordi Simon (ESP, Verva Activejet) m.t.
8. Kévin Reza (FRA, FDJ) m.t.
9. Eduard Prades (ESP, Caja Rural-Seguros RGA) m.t.
10. Georg Preidler (AUT, Giant-Alpecin) m.t.

Classement général :

1. Nacer Bouhanni (FRA, Cofidis) en 4h28’41 »
2. Ben Swift (GBR, Team Sky) à 4 sec.
3. Daryl Impey (AFS, Orica Greenedge) à 6 sec.
4. Cameron Meyer (AUS, Dimension Data) à 9 sec.
5. Enrico Gasparotto (ITA, Wanty-Groupe Gobert) à 10 sec.
6. Alexey Tsatevitch (RUS, Team Katusha) m.t.
7. Carlos Barbero (ESP, Caja Rural-Seguros RGA) m.t.
8. Jordi Simon (ESP, Verva Activejet) m.t.
9. Kévin Reza (FRA, FDJ) m.t.
10. Eduard Prades (ESP, Caja Rural-Seguros RGA) m.t.