Alors Cédric, pour faire un bilan de ce Tour, on peut dire qu’on a senti dès le départ que cette équipe c’était vraiment votre patte?

Oui, je crois que là on a vraiment imposé le style Cofidis. On est vraiment satisfait du comportement général des coureurs parce qu’ils ont mouillé le maillot tous les jours, même sur les étapes de montagne où l’on a notamment vu Pierre-Luc Périchon. Je tire un grand coup de chapeau à l’ensemble des coureurs, alors que pourtant on n’a pas été épargné par la malchance parce qu’on a perdu tôt Nicolas Edet et Christophe Laporte, donc on a fait le maximum qu’on pouvait faire avec nos moyens.

 

Le beau symbole de tout ça c’est le contre-la-montre par équipes, où l’on a vu qu’il y avait un beau collectif.

On a vu qu’il y avait un nouvel esprit dans cette équipe Cofidis avec une volonté de bien faire. On est passé de la 22e place à la 13e dans le classement par équipes. Je pense que là encore ce sont les coureurs qui ont montré une vraie homogénéité, qui est d’ailleurs très importante dans les chronos par équipe. Et je pense que le contre-la-montre par équipe c’est toujours révélateur de la force globale d’une équipe, et inversement. Donc ça veut dire que l’équipe Cofidis est en train de monter en puissance.

 

Un bel exemple de votre abnégation collective c’est évidemment Stéphane Rossetto. La question c’est : comment vous arrivez à rebooster les gars le soir pour qu’ils remettent ça le lendemain ?

Je pense qu’il n’y avait pas besoin. Des gars comme Stéphane Rossetto étaient vraiment importants dans l’équipe parce que chaque jour ils découvraient le Tour de France. On voyait dans ses yeux la lumière de quelqu’un qui découvre le Tour de France, et je crois que c’est important dans une équipe d’avoir une locomotive comme ça, un coureur qui remotive, on a une vraie solidarité. Anthony Perez termine ici le Tour de France parce que Christophe Laporte s’est sacrifié pour lui à la Planche des Belles Filles. Malheureusement pour ce dernier, il a dû quitter le Tour deux jours après, mais il y a une vraie solidarité, qui dans les moments difficiles, quand les jambes sont lourdes soir et matin, permet de repartir. Et la preuve : chaque jour, il y avait du Cofidis dans l’échappée.

 

Malgré tout, cela fait désormais deux ans qu’une équipe invitée n’est pas arrivée à mettre au fond. Comment vous l’appréhendez ça ?

On ne l’appréhende pas, je crois que c’est un constat. Quand on regarde le nom des vainqueurs d’étapes sur ce Tour de France, on s’aperçoit qu’il faut faire quasiment partie du top 30 mondial pour gagner une étape sur le Tour de France, à part peut-être Daryl Impey qui était le moins renommé des vainqueurs d’étapes, mais qui a quand même porté le maillot jaune sur les routes du Tour de France. Donc je pense que pour gagner à nouveau sur le Tour, il faut remodeler l’équipe, on y travaille et on devrait d’ailleurs annoncer prochainement des coureurs capables d’aller chercher ces victoires parce qu’ils l’ont déjà fait.

 

15 étapes sur 20 remportées par 4 équipes, ça vous inspire quoi ?

Je crois que le Tour de France est la plus belle et la plus difficile course au monde, où l’enjeu et l’engagement physique sont plus importants, et quand on voit hier cette étape de 59 kilomètres avec la montée de 33 kilomètres vers Val Thorens, on a quand même un coureur qui a remporté le trois Grands Tours qui va gagner, et là on n’a pas de regrets à avoir parce qu’on n’a pas de coureur équivalent à Nibali, Sagan, Alaphilippe, Bernal. Mais ça ne veut pas dire qu’on ne tente pas, et à force d’essayer ça va forcément finir par sourire.

 

Vous êtes la première équipe à avoir annoncé votre effectif pour la Vuelta, c’est une volonté délibérée de votre côté ?

Oui bien sûr. Un Grand Tour ne se prépare pas au hasard. C’est vrai qu’avant on avait beaucoup d’incertitudes, mais maintenant qu’on est capables de composer une équipe à mon image, on connaîtra l’année prochaine peut-être dès le mois de janvier l’équipe du Tour de France, à moins évidemment accident ou maladie. Mais on va vraiment préparer psychologiquement les coureurs pour ces objectifs, et dans le but uniquement de gagner. Parce que les sélections de dernières minutes, ça vaut ce que ça vaut mais ça ne permet pas forcément d’aller à la victoire.L'équipe Cofidis pour la Vuelta 2019L’équipe Cofidis pour la Vuelta 2019 | © Team Cofidis

 

Vous parliez tout à l’heure de Stéphane Rossetto, est-ce que le déclic est venu de sa deuxième place aux championnats de France de contre-la-montre ?

Oui en effet il a définitivement gagné sa sélection là-bas. On avait déjà vraiment envie de le mettre parce qu’on sentait chez Stéphane une réelle envie de participer à ce type d’évènements, on connaissait également ses aptitudes physiques à résister à la chaleur, on avait quand même attendu le dimanche soir pour être sûr qu’il n’y ait pas d’incident ou de problème, mais dès le soir des championnats de France de contre-la-montre, on savait qu’on allait le mettre sur le Tour.

 

On a aussi eu l’impression pendant le Tour qu’il a beaucoup appris, notamment dans les échappées, avec des maîtres comme De Marchi par exemple.

Il n’a pas l’habitude d’évoluer dans cette catégorie, là c’est vraiment l’élite mondiale, et c’est vrai qu’il a peut-être découvert un cyclisme différent, beaucoup plus élitiste, et je pense que ça va lui permettre forcément de franchir un palier. Il a déjà participé à quatre Vuelta, et ce Tour de France va le faire grandir, sans aucun doute.Stéphane Rossetto au micro de Vélo101Stéphane Rossetto au micro de Vélo101 | © Vélo101

 

La Vuelta, vous allez jouer d’abord et en priorité les victoires d’étapes ?

Oui, absolument. Aujourd’hui on est organisé pour aller chercher les victoires d’étapes, le général on verra dans le futur.

 

Vous êtes un candidat sérieux au World Tour, ça veut dire que votre recrutement va s’inscrire dans la même lignée que tout ce qui a été annoncé pendant le Tour entre autres ?

Oui il y aura quelques surprises effectivement, mais je pense que notre recrutement il sera essentiellement World Tour dans le but d’y briller, et donc forcément renforcer nos effectifs. Il y a déjà des choses qui ont été finalisées, d’autres qui sont en cours, et on attend encore de belles opportunités pendant la Vuelta de renforcer encore notre effectif. En tout cas l’effectif 2020 sera supérieur à celui de 2019.Cédric Vasseur au micro de Vélo 101Cédric Vasseur au micro de Vélo 101 | © Vélo 101

 

Ce Tour a été brillamment réussi par les français, notamment Thibaut Pinot et Julian Alaphilippe, avec 3 victoires d’étapes et 14 jours en jaune, comment vous l’avez vécu vous ?

Je pense que c’est fantastique pour le cyclisme. On a vu une vraie effervescence, le cyclisme a retrouvé sa place par rapport aux autres sports, Julian et Thibaut y sont pour beaucoup, nous ont fait rêvé. On n’a toujours pas eu de vainqueur français sur le Tour, mais comme à l’image de l’équipe Cofidis, on sent qu’on s’en rapproche, et ça va finir par arriver.

 

L’année dernière on a eu 3 britanniques qui ont remporté les 3 Grands Tours, cette année les deux premiers Grands Tours sont gagnés par deux sud-américains, ça vous inspire quoi ?

Cela m’inspire que l’internationalisation du cyclisme qui est en route depuis un bon moment est carrément effective aujourd’hui, et dans ce contexte là c’est vraiment plus difficile de tirer son épingle du jeu, donc il faut vraiment tirer un grand coup de chapeau à ceux qui réussissent à gagner, que ce soient des étapes ou le général, parce que pour gagner aujourd’hui dans le monde du cyclisme, il faut vraiment être au top.