Auteur d’un bon retour cette année après une saison 2018 compliquée, Warren Barguil (Arkéa-Samsic) montre que l’on peut encore compter sur lui à l’avenir. Champion de France au mois de Juin et 10e du Tour de France au mois de Juillet, la confiance est présente et il s’est présenté sur la course à étapes norvégienne avec l’objectif de s’imposer au classement général. Même si l’étape de demain est difficile, il vient tout de même de faire le plus dur aujourd’hui et semble bien parti pour remplir cet objectif. Certains diront que c’est une formalité, mais n’oublions pas qu’il n’a que 5 victoires professionnelles à son palmarès et celle-ci devrait lui faire beaucoup de bien, comme à son équipe.

Cette troisième étape était présentée comme l’étape reine de l’Artic Race of Norway. En effet, avec une arrivée spectaculaire en haut des difficiles rampes de la côte de Storheia (3,5km à 11,8%), on savait que les gros gabarits auraient des difficultés à passer. Même le leader actuel, Mathieu Van der Poel (Corendon-Circus), dont on connaît pourtant les qualités de puncheur, affirme qu’il ne pourra certainement pas suivre les meilleurs dans cette ascension. On s’attend donc à une véritable bagarre aujourd’hui, qui pourrait sûrement nous donner le nom des coureurs en mesure de jouer le classement général final, même si les trois côtes de 2e catégorie placées en amont de la dernière ne sont pas insurmontables. Des coureurs comme Warren Barguil, Alexey Lutsenko (Astana) ou encore Ilnur Zakarin (Team Katusha-Alpecin) devaient se dévoiler s’ils voulaient remporter la course.

Les 5 hommes de têteLes 5 hommes de tête | © ASO

Avant le départ, les coureurs ont dû chauffer les rouleaux, car, dès les premiers kilomètres, ils avaient à faire à la montée de Storvatnet (1,7 km à 7%), comme pour les prévenir que la journée n’allait pas être simple. Il fallait donc être en forme, et surtout bien échauffé, pour prendre l’échappée du jour. Ce sont 5 coureurs qui composeront cette échappée après une belle bataille. On retrouve là les sprinters Danny Van Poppel (Team Jumbo-Visma) et Bryan Coquard (Vital Concept B&B Hôtels), vainqueur hier, puis Kristian Sbaragli (Israël Cycling Academy), Thimo Willems (Sport Vlaanderen Baloise) et Havard Blikra (Team Coop). Ces fuyards connaîtront une avance maximale de 4 minutes sur le peloton, contrôlé essentiellement par la formation Corendon-Circus.

Le peloton emmené par Corendon-CircusLe peloton emmené par Corendon-Circus | © ASO

Pendant que Bryan Coquard, maillot vert sur les épaules, passe en tête de chaque sprint intermédiaire à l’avant, le rythme s’accélère à l’arrière et l’écart diminue gentiment avant d’aborder les dernières rampes. Le français décide donc de se relever, conscient qu’il ne jouera pas la victoire d’étape aujourd’hui, et préférant se préserver pour demain. À l’approche des 10 derniers kilomètres, le néerlandais Van Poppel est victime d’un incident mécanique et est contraint de laisser ses compagnons d’échappée, lui aussi, qui ne possèdent plus que 45 secondes d’avances.

Odd Eiking remporte l'étape reineOdd Eiking remporte l’étape reine | © ASO

La tension monte et une chute intervient au sein du peloton à 5 km de l’arrivée, juste avant le pied de la montée finale. Certains coureurs perdent alors tout espoir de jouer la gagne aujourd’hui, tout comme Ilnur Zakarin, qui rencontre des problèmes avec sa machine au pire des moments. Les attaques se succèdent, condamnant l’échappée, et le peloton rétréci. Nous assistons à une sélection par l’arrière pendant que les favoris ne s’affolent pas et attendent le dernier moment pour déclencher les hostilités. En effet, à 2 km du sommet, c’est le champion de France Warren Barguil qui accélère avant de se faire contrer par Lutsenko. Les 2 hommes semblent les plus forts et Van der Poel se retrouve vite esseulé tentant de limiter la casse. Cependant, les pourcentages de cette ascension font que les derniers mètres sont interminables, et des écarts importants seront enregistrés à l’arrivée. Sous la flamme rouge, les deux coureurs ne s’organisent pas ce qui provoque le retour d’un groupe composé notamment d’Hugo Houle (Astana) et de Odd Christian Eiking (Wanty-Gobert) qui décide de démarrer aux 500 m. Cette attaque fait mal à tout le monde et le norvégien s’en va seul vers la victoire. Heureusement, ce dernier n’était pas dangereux au général et c’est Warren Barguil, 2e sur la ligne, qui a réussi à faire craquer Lutsenko pour ainsi prendre la tête du classement général et remplacer ce beau maillot bleu-blanc-rouge par le maillot jaune.

 

Classement étape 3 :

1. Odd Christian Eiking (NOR, Wanty-Gobert) en 4h07’32’’ (b:10’’)
2. Warren Barguil (FRA, Arkéa-Samsic) à 5’’ (b:6’’)
3. Alexey Lutsenko (KAZ, Astana) à 13’’ (b:4’’)
4. Lilian Calmejane (FRA, Total-Direct Energie) à 17’’
5. Krists Neilands (LET, Israël Cycling Academy) mt
6. Hugo Houle (CAN, Astana) à 23’’
7. Tom-Jelte Slagter (NED, Team Dimension Data) à 32’’
8. Simon Carr (FRA, Delko-Marseille Provence) à 36’’
9. Sindre Lunke (NOR, Riwal Readynez Cycling Team) mt
10. Magnus Cort Nielsen (DAN, Astana) mt

Classement général provisoire :

1. Warren Barguil (FRA, Arkéa-Samsic) en 11h23’56’’
2. Alexey Lutsenko (KAZ, Astana) à 3’’
3. Krists Neilands (LET, Israël Cycling Academy) à 15’’
4. Lilian Calmejane (FRA, Total-Direct Energie) à 18’’
5. Hugo Houle (CAN, Astana) à 30’’
6. Magnus Cort Nielsen (DAN, Astana) à 35’’
7. Sindre Lunke (NOR, Riwal Readynez Cycling Team) à 37’’
8. Enrico Gasparotto (ITA, Team Dimension Data) à 48’’
9. Brandon Mcnulty (USA, Rally UHC Cycling) mt
10. Markus Hoelgaard (NOR, Uno-X Norwegian Develoment Team) à 52’’

 

Par Nathan Malo