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Anthony, c’était votre premier Grand Tour avec huit coureurs par équipes, qu’en avez-vous pensé ?
Je pense que c’est pas mal pour les coureurs et on a vu que les courses pouvaient quand même être contrôlées. Quand on arrive dans la montagne, il y a quelques coureurs en moins et l’équipe s’épuise assez rapidement mais ça fait une bonne vingtaine de coureurs en moins sur les routes et c’est plus agréable. C’est un point positif mais je pense que sur le Tour, la course n’a pas trop changé.

L’argument principal était la sécurité, pourtant on a vu que sur la première semaine, très nerveuse, il y a eu autant de chutes. C’était votre sentiment vu de l’intérieur ?
Oui il y a eu beaucoup de chutes, mais après ce sont les coureurs qui font la course. Il y a de la nervosité et on ne peut pas enlever les chutes, il y en aura toujours. Cela fait 22 coureurs en moins donc cela fait potentiellement 22 coureurs par terre en moins. C’est quand même rassurant.

Comment se passe la cohabitation entre les freins traditionnels et les freins à disque dans un peloton ?
C’est vrai qu’il faut faire un peu plus attention. Par exemple une personne en freins à disque va peut-être pouvoir s’arrêter devant une chute, alors que quelqu’un avec des freins traditionnels va lui rentrer dedans. Le freinage est bon mais forcément moins qu’avec des disques. C’est l’approche qui est différente et ce qui joue vraiment c’est la vigilance du coureur donc ça ne change pas tellement. Le frein à disque est plus lourd, mais il freine mieux donc il faut voir…

On a l’impression que jusqu’au premier massif montagneux, les échappées matinales ont de moins en moins de chances d’aller au bout. Est-ce impossible de gagner échappé en début de Tour ?
Non ce n’est pas impossible. Dans les deux dernières semaines il y a des écarts qui sont faits, alors que sur la première on est tous dans le même temps donc cela joue beaucoup sur les échappées. Le maillot jaune est très important donc à partir de ce moment-là on contrôle. S’il y avait de la montagne au bout de trois jours ce serait terminé.

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Trouvez-vous la Sky plus impressionnante que les autres années ?
Auparavant je ne les avais vu qu’à la télé, mais ils tiennent encore la route, avec un coureur en moins ou pas. Ce sont tous d’excellents coureurs, la moitié de leur effectif sur le Tour est capable de gagner le Tour donc ça limite beaucoup les chances des autres équipes. Et ils ont un contrôle sur la course parfait, ils se loupent très rarement.

C’était votre premier Tour. Au matin des Champs, quelles images retiendriez-vous ?
C’est le monde sur le bord de la route, les supporters, la petite ola dans l’Alpe d’Huez, le virage des Hollandais avec beaucoup de monde. On sent même une tension avec le public, on va dire que ce sont les bons côtés. Il y a les médias qui font beaucoup aussi, ce sont plein de petites choses qui marquent le Tour et qui font que c’est différent.

A titre personnel, comment le finissez-vous physiquement ?
Je le finis pas trop mal. Je pensais finir un peu fatigué mais au final j’ai réussi à bien gérer les étapes qu’il fallait, donc je suis content de moi.

Certains coureurs, lors de leur premier Tour, gèrent pendant trois semaines juste pour arriver à Paris. Avez-vous fait cela ou étiez-vous tout de même à l’offensive ?
Tout coureur de mon profil veut aller de l’avant. Mais pour que ça fonctionne je ne pouvais pas y aller à tout bout de champ. J’avais aussi un rôle pour Christophe Laporte, je devais le placer dans les sprints donc je ne pouvais pas faire des étapes de baroudeurs et utiliser de l’énergie pour rien. Je pense que j’étais très utile à la fin des étapes donc j’ai géré mes courses en fonction des sprints, et j’ai pu quand même récupérer. Un jour ils m’ont laissé prendre l’échappée parce qu’il y avait moins de chances de sprint. Puis j’ai pris une échappée à la pédale où cela s’est fait sur des coups de bordures, avec des costauds donc là j’étais content. Cela prouvait que j’avais le niveau. Après c’est la gestion. Certains fois on m’a dit qu’il fallait que j’aille à l’avant, mais je disais que je me voyais plus dans un rôle de protection pour Christophe en cas de sprint. C’est la gestion que j’ai le plus peaufiné par rapport à la Vuelta l’année dernière.

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Avec votre expérience et votre physique, quand on prend une échappée matinale, combien de temps, les jours suivants, devez-vous rester au chaud pour récupérer ?
Justement, tout dépend de l’étape qui suit. Anthony Perez et Dimitri Claeys ont fait une échappée avant une grosse étape en Bretagne, et au final ils ont mis deux jours de plus à récupérer alors qu’il y a des jours plus propices pour une échappée, où on sait que le lendemain on pourra rester tranquille dans le peloton pour bien récupérer. Et ça fait la différence.

Cela fait dix ans que Cofidis n’a pas gagné sur le Tour. Est-ce que cela pèse sur l’équipe ?
Non, cela ne pèse pas. On sent vraiment l’envie de vouloir gagner sur le Tour. L’équipe était là, on n’est pas non plus passé à côté du Tour, il faut aussi être réaliste. Il y a de très grosses équipes, il y a vingt jours de course, on est 170 au départ, donc on ne peut pas tous gagner. Ce sont souvent des équipes qui gagnent deux voire trois étapes, et on a vu qu’avec les baroudeurs c’était compliqué.

Quel est votre programme après le Tour de France ?
Je vais bien récupérer, refaire des petites sorties en vue des championnats d’Europe si je suis sélectionné, et ensuite ce sera sans doute des courses d’une semaine et d’une journée.

Savez-vous autour de qui l’équipe va tourner pour la Vuelta, est-ce que Nacer Bouhanni sera là ?
Cédric Vasseur a déjà donné une pré-liste pour la Vuelta. Après on n’est pas surpris, ce sera une équipe moitié espagnole et moitié française, et on sera performant sur les étapes de plaine et de montagne sur la Vuelta.