Cinq kilomètres de l’arrivée. Lilian Calmejane (Direct Énergie) offre aux spectateurs massés sur le bord de la route menant à la station des Rousses une scène surréaliste. Le coureur de Direct Energie, à qui la victoire d’étape ne peut plus échapper, éprouve le besoin de s’étirer. Perclus de crampes il est en train de comprendre à quel point la limite entre exploit et désillusion est parfois ténue. Ses mots, au micro de France Télévision, sitôt la ligne d’arrivée franchie, traduisaient bien l’impression visuelle laissée. « A chaque fois que je tends les jambes, j’ai des crampes. Je ne suis pas passé loin de la catastrophe. J’ai essayé de retrouver un peu de souplesse car j’ai l’habitude d’emmener trop gros. »

Et bien lui a pris de tenter de mouliner un peu plus pour passer les derniers faux plats montants menant à l’arrivée. Car au final, le coureur de 24 ans est sorti vainqueur d’un mano a mano splendide face à Robert Gesink (Team LottoNL-Jumbo). Les deux hommes se sont rendu coup pour coup dans les vingt derniers kilomètres. Et comme souvent lorsque la différence physique entre deux protagonistes est faible, c’est au mental que la victoire s’est jouée. Et Lilian Calmejane n’a pas failli lorsque, au plus fort de la pente, il sentait l’expérimenté grimpeur néerlandais sur ses talons. Il a alors pris son envol pour creuser l’écart. Une différence suffisamment importante pour se permettre de faire du stretching à cinq kilomètres de l’arrivée.

Moins d’un an après avoir découvert victorieusement la Vuelta, Lilian Calmejane a fait de même sur les routes du Tour. Pas de doute, Jean-René Bernaudeau, qui fêtait aujourd’hui ses soixante et un ans, tient dans son équipe une perle rare. Et le maillot à pois que vient d’endosser l’Albigeois au terme de cette huitième étape va faire office de cerise sur le gâteau d’anniversaire du manager vendéen.

La première des deux étapes courues dans le Jura fut sans doute la plus spectaculaire depuis le départ de Düsseldorf. L’échappée du jour allait forcément aller au bout et ça tout le monde l’avait bien compris. Après une très longue partie de manivelles avec le peloton, ils furent au final plus de quarante à prendre la poudre d’escampette.

Au pied de la montée finale, ils n’étaient plus que huit à rêver de gloire, dont Greg Van Avermaet (BMC Racing Team), souvent intraitable dans ces cas là. Mais le champion olympique, comme tous les autres n’a rien pu face à la supériorité de Lilian Calmejane.

Pour Arnaud Démare (FDJ), l’autre héros français de ce Tour 2017, la journée fut particulièrement pénible. Lâché dès les premières pentes il a dû être escorté par deux équipiers pour rejoindre la station des Rousses dans les temps. Le sprinteur, visiblement affaibli, devrait vivre une journée encore plus compliquée demain. Car le Tour de France va basculer de la moyenne à la haute montagne. Les favoris pour la victoire finale, impassibles aujourd’hui, vont pouvoir se livrer une deuxième bataille après la courte explication de la Planche des Belles Filles.

Classement 8ème étape :

1. Lilian Calmejane (FRA, Direct Energie) les 187,5 km en 4h30’29″ (41,7 km/h)
2. Robert Gesink (PBS, Team LottoNL-Jumbo) à 37 sec.
3. Guillaume Martin (FRA, Wanty-Group Gobert) à 50 sec.
4. Nicolas Roche (IRL, BMC Racing Team) m.t.
5. Roman Kreuziger (TCH, Orica-Scott) m.t.
6. Fabio Aru (ITA, Astana) m.t.
7. Michael Valgren (DAN, Astana) m.t.
8. Rafal Majka (POL, Bora-Hansgrohe) m.t.
9. Nathan Brown (USA, Cannondale-Drapac) m.t.
10. Romain Hardy (FRA, Team Fortuneo-Oscaro) à m.t.

Classement général :

1. Chris Froome (GBR, Team Sky) en 33h19’10″
2. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) à 12 sec.
3. Fabio Aru (ITA, Astana) à 14 sec.
4. Daniel Martin (IRL, Quick-Step Floors) à 25 sec.
5. Richie Porte (AUS, BMC Racing Team) à 39 sec.
6. Simon Yates (GBR, Orica-Scott) à 43 sec.
7. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) à 47 sec.
8. Alberto Contador (ESP, Trek-Segafredo) à 52 sec.
9. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) à 54 sec.
10. Rafal Majka (POL, Bora-Hansgrohe) à 1’01 »