Le doublé Flandres-Roubaix qu’il s’est offert en 2005, à 24 ans à peine, n’était qu’un début. A cette époque, et vu son jeune âge, Tom Boonen semble parti pour dominer les classiques pendant encore un bon bout de temps. Et effectivement, les années fastes ne font que commencer pour le Campinois qui multiplie les victoires, sur les classiques comme au sprint dans les saisons suivantes. La saison 2006 le voit remporter son deuxième Tour des Flandres, ceint du maillot arc-en-ciel conquis l’automne précédent à Madrid. En 2007, s’il est moins efficace sur les classiques (avec tout de même un quatrième GP E3 consécutif, et des victoires sur A Travers la Flandre et Kuurne-Bruxelles-Kuurne), Boonen se montre comme l’un des hommes les plus rapides du peloton. La consécration intervient en juillet 2007 où il ramène le maillot vert du Tour sur les Champs-Elysées.

En 2008, Tom Boonen a comme une revanche à prendre sur le printemps précédent où il s’est fait surprendre par Alessandro Ballan au Ronde et surtout par Stuart O’Grady à Roubaix. Impressionnant de puissance sur l’édition remportée par l’Australien, le Belge ne se fera pas surprendre deux fois tant sa supériorité physique est manifeste. En pleine force de l’âge, à 28 ans, Tom Boonen repart en quête de l’Enfer du Nord après deux échecs successifs (2ème en 2006 mais 5ème sur la ligne après l’épisode du passage à niveau, 6ème en 2007).

S’il est trop surveillé au Tour des Flandres (ce qui profitera à son coéquipier Stijn Devolder à deux reprises), le Belge restera le maître incontesté de l’Enfer. Trois ans après sa première victoire sur la Reine des Classiques, le Flamand répète le même scénario qu’en 2005 lors de l’édition 2008. Cette année-là, Tom Boonen affiche une maîtrise totale de l’évènement. Il suit l’accélération de Fabian Cancellara sur le pavé de Templeuve comme Alessandro Ballan. Les trois hommes ne se départageront que dans l’enceinte du vélodrome où Boonen se montre bien évidemment le plus rapide.

C’est en 2009 que le protégé de Patrick Lefevere atteint le sommet de son art. Cette fois, tous les ingrédients sont réunis pour faire de son succès un exploit retentissant. Comme les plus grands l’ont fait avant lui, Tom Boonen se présente pour la première fois en solitaire sur le vélodrome. Qui plus est après avoir démarré dans le Carrefour de l’Arbre. Il n’y a pas de grand vainqueur sans grand adversaire, et celui qui n’est alors qu’un triple vainqueur rencontre toutes les peines du monde à se défaire de « The Shadow », l’Ombre, Filippo Pozzato.

Il parvient donc à ses fins dans un Carrefour de l’Arbre bouillonnant comme jamais. A l’entrée du secteur décisif, Leif Hoste et Juan-Antonio Flecha tombent et ralentissent Pozzato. L’Italien remonte sur sa machine, mais ne parviendra jamais à reprendre ces quelques secondes fatidiques. Tom Boonen doit, lui, encore se séparer de Thor Hushovd. Ce sera chose faite quand le Norvégien, manquant de lucidité dans un virage, loupe sa trajectoire et laisse filer le Belge vers la victoire. Pozzato n’a pourtant pas dit son dernier mot malgré un public hostile (des spectateurs lui auraient craché dessus et jeté de la bière au visage). Un sublime mano a mano s’engage alors entre les deux hommes séparés d’à peine dix secondes pendant les 15 derniers kilomètres.

Cela n’empêchera pas Tom Boonen de savourer son premier succès en solitaire à Roubaix. Il en ajoutera un deuxième trois ans plus tard, ce qui fera l’objet de notre quatrième volet demain.