Depuis plusieurs années, le vélo est un moyen de déplacement de plus en plus utilisé en ville, car rapide et économique ! À l’heure où le prix de l’essence bat des records, on préfère laisser la voiture ou le scooter sagement dans le garage. Et le gain de temps obtenu en slalomant entre les voitures aux heures de pointe et donc des bouchons est juste impressionnant ! Parmi tous ces vélos urbains, une catégorie bien à part se distingue du traditionnel deux roues : le pignon fixe, le single speed, le fixie ou plus souvent appelé le fixe.

Qu’est-ce qu’un fixe ? Comme les autres vélos il a deux roues, deux pédales, une selle et une chaîne. Or c’est pratiquement tout ! Comme un vélo de piste, le vélo à pignon fixe ne possède pas de roue libre et donc pas de dérailleur. La roue arrière est solidaire au pignon. Et en général, il ne possède pas le moindre frein. Parfois on retrouve un frein à l’avant, mais cela n’est pas vraiment dans la culture. « Avec un fixe, on a l’impression de ne faire qu’un avec le vélo », précise Jean-Baptiste, utilisateur de fixie à Paris. Un tel vélo est donc réservé à un cycliste averti, c’est tout un art de piloter une telle machine.

Comment être un bon pilote de fixe ? La première chose à apprendre lorsqu’on commence à pédaler avec un fixe, c’est le freinage. Sans roue libre et sans frein, nos jambes sont toujours en action et pour freiner il faut pouvoir arrêter de pédaler et donc bloquer la roue arrière de façon contrôlée. Cette méthode de dérapage se nomme le skid. Pour le réaliser, il faut mettre son poids sur la fourche avant, le bas ventre au plus près du cintre avant, et bloquer les pédales. Pas simple quand la roue arrière nous entraîne toujours à pédaler ! « C’est souvent une question d’entraînement, précise Eric, qui roule du côté de Lyon. Au bout d’une semaine, tu y arrives sans problème. Il faut bien mettre le maximum de son poids sur l’avant du vélo, quitte à ce que les épaules dépassent de l’axe sol-guidon, et avoir les pieds bien serrés dans les cale-pieds. Et il ne faut pas hésiter à se faire mal aux cuisses pour bloquer l’attraction de la roue arrière. »

Deuxième geste important à maîtriser c’est le track-stand. Vous avez déjà vu Grégory Baugé faire du surplace lors d’un duel sur piste ? Le track-stand, c’est exactement ça ! C’est faire du surplace sans devoir déchausser des pédales. Lors du dernier meeting des Six Jours de Grenoble, un concours de surplace a été organisé et a duré plus d’une demi-heure ! Grégory Baugé l’a emporté en 35’41 ». Le but du surplace est donc de ne pas mettre pied à terre, par exemple à un feu rouge. Pour réaliser un track-stand, il faut trouver son point d’équilibre : en conservant les pédales horizontalement au sol, tout en faisant de petits mouvements d’avant en arrière. La roue avant doit se placer à 45 degrés par rapport au cadre. On est un as du track-stand quand au feu rouge on lâche les mains et reste sur son vélo juste à la force des jambes et à l’équilibre de son corps !

Troisième point utile, le bunny-up. Il consiste à faire sauter le vélo pour passer au-dessus d’un trottoir ou un trou au milieu de la route. Cela permet ainsi de soulager les jantes. Pour passer un obstacle, il faut lever l’avant et y transférer son poids. A l’instant où votre axe de pédalier est au-dessus de l’obstacle, il vous suffit de lever l’arrière et le tour est joué.

Dernier point à apprendre avec le fixe, c’est la descente du vélo ! On peut le faire très simplement en ralentissant le plus possible et lorsqu’on est pratiquement à l’arrêt on déchausse. Ou on peut le faire en action en étant aérien et avec classe en descendant par l’arrière ! Pour réaliser une telle manœuvre, il faut déterminer le pied d’appui, c’est en général le même que lors d’un track-stand. Si ce pied est le pied gauche, on va donc sortir par la gauche du vélo. Il faut donc enlever le cale-pied de votre pied droit puis mettre les mains sur le milieu du guidon et quand le pied gauche arrive au plus près du sol, il faut tendre la jambe gauche, lâcher le guidon, et se redresser sur la selle. C’est à ce moment-là qu’il faut lancer le pied droit derrière vous pour poser par terre juste à côté de la roue arrière. Maintenant vous n’avez plus qu’à attraper votre vélo par la selle ! Comme le track-stand et le skid, c’est beaucoup d’apprentissage avant de maitriser parfaitement. Maintenant, à vous de jouer !

Un vélo à pignon fixe coûte en moyenne entre 200 et 400 euros. Et encore plus qu’un vélo de route, un pignon fixe est un vélo totalement personnalisable. La couleur de la selle, de la tige de selle, du cadre, de la potence, des pédales, des poignées, de la chaîne, des pneus ou bien des jantes, rien n’est laissé au hasard par les spécialistes. Le fixe, c’est un art de rue ! Et lors des réunions entre coursiers, qui portent le nom d’alleycats, chacun est fier de montrer la dernière customisation de sa machine. Mais ces réunions ne servent pas qu’à faire le beau, le fixe est un vélo fait pour la vitesse ! Et c’est donc lors de ces alleycats qu’on peut mesurer sa puissance et sa maîtrise sur le single-speed. En général ce sont les coursiers qui participent à une telle manifestation. Le but ? Chaque participant reçoit un manifeste, une page avec la liste des check-points où il faut passer. Celui ou celle qui effectue le parcours par les check-points le plus rapidement remporte tout simplement l’épreuve !

En termes de braquets, c’est à chacun d’adapter son vélo à sa physiologie. Si l’on peut parler de braquets moyens, on voit souvent du 44×16 ou 48×18. Un développement qui s’approche bien souvent de 5,5 mètres. Certains vont préférer avoir un peu plus de développement, mais attention, car dans une montée, on ne peut pas changer de vitesses ! Tout se fait à la force des mollets et surtout des cuisses. D’ailleurs il n’est pas rare que certains coureurs pros roulent sur un vélo avec un pignon fixe lors de la préparation hivernale afin d’avoir un pédalage bien rond !