La 22ème édition de l’Etape du Tour reliera Pau à Hautacam via le Tourmalet, parcours qui ressemble à celui de 2008, mais avec des variantes dans sa première partie. On ne sait pas encore si la ville de Pau choisira la place de Verdun, comme en 2011, et réceptacle de la dernière victoire de Pierrick Fédrigo sur le Tour, mais on devrait se situer à peu près à 148 kilomètres. Un kilométrage moyen, apte à plaire à la grande majorité des cyclos français et étrangers qui vont venir défier les Pyrénées Atlantiques puis surtout les Hautes-Pyrénées.

Si le choix, identique à 2008, peut prêter au débat, la reconnaissance que nous avons pu effectuer fin octobre (déjà sous un sommet du Tourmalet saupoudré de neige, et surtout la traversée de Barèges, mutilé après les inondations de juillet) nous a donné le frisson. Alors oui, 101 fois oui, ASO, Christian Prudhomme et les organisateurs ont eu raison de choisir ce parcours. Ne serait-ce que pour vous permettre à vous les acteurs-spectateurs d’en prendre plein les jambes le 20 juillet et d’en prendre plein la vue à partir du 22, pour les trois belles étapes Pyrénéennes, où le vainqueur du Tour aura déjà tissé une bonne partie, voire plus, de son beau maillot jaune.

Plein les jambes, plein la vue, et plein de retombées économiques pour cette région, prise au sens large, de la Garonne à Saint-Béat tout comme le Gave de Pau à Barèges. Même cinq mois après les inondations ce sont des dizaines d’engins qui travaillent pour remettre tout en bonne place, tout sera beau en juillet prochain. Bravo à tous ceux qui oeuvrent à cet objectif ! Alors des coups de pédales en plus, ça en vaut la peine, comme la montée du Tourmalet par Luz. Le cyclisme démontrera sa solidarité dans les moments où on l’attend le mieux.

Deux parties bien distinctes sur ce parcours 2014 : une sortie de Pau assez urbaine pour aller chercher la côte de Bénéjacq au kilomètre 26 qui se passera sur le grand plateau pour les cadors, tout comme la côte de Loucrup, montée en deux temps, mais on y laissera de la gomme, celle qu’on doit réserver pour Hautacam. Mais c’est bien connu, l’étape du Tour, les routes fermées à la circulation, l’ambiance Tour : tout contribue à ne pas rester sage ce jour-là ! Après une dizaine de kilomètres un peu stressants, on entre dans Nay, et la campagne, les champs de maïs, les prairies, les moutons vont nous accompagner pendant environ 80 kilomètres. Sainte-Marie de Campan marquera le pied de Sa Majesté le Tourmalet via Grip (« là où ça commence »).

On dira que la fin de cette première partie et sa première lame vont continuer d’entamer le poil, car c’est un long faux-plat montant qui nous amène devant la forge d’Eugène Christophe, puis le virage à droite en oubliant l’Aspin, et la montée réelle commence. Les plus avisés prendront les bons groupes et sauront gérer leur capital force car la seconde partie va laisser des traces et pas qu’un peu.

Pour le Tourmalet, première partie sur 4,5 kilomètres, entrée dans Grip, où on dépasse 1000 mètres d’altitude, et on atteint 4-5% : la mise en bouche avant le virage à droite de la centrale électrique puis les paravalanches avant La Mongie avec les passages à 10% et l’ombre sur quelques dizaines de mètres avant la station. Puis les 4 derniers kilomètres et les 8-9 % avec vue sur les plateaux et les troupeaux de vaches, moutons voire chevaux en liberté. Première grosse difficulté du jour, 2113 mètres, le géant au sommet vous saluera avant de basculer vers Luz-Saint-Sauveur pour 20 kilomètres environ. D’abord sinueuse, la descente est ensuite très rapide, en espérant que la météo soit à l’identique de la montée finale lors de l’étape qui arrivait au sommet en 2010.

Tout le monde restera en prise jusqu’au kilomètre 135 et le pied de Hautacam, c’est tout le temps descendant depuis Luz. On passe la vallée des Toys (bien connue de ceux qui ont participé à l’Etape du Tour 2012) où le vent peut être défavorable, histoire de laminer encore un peu plus avant la montée finale.

La deuxième lame fera très mal à ceux qui n’auront pas su garder les cannes pour Hautacam. Dès le pied c’est du 6-7% sur 6 kilomètres, puis après Souin et Saint-André on prend plus de 500 mètres de dénivellation en 6,5 kilomètres. On vous laisse faire le calcul. Ça frôle les 10-11 %, voire plus. Pentes qui, surtout en final d’étape du Tour peuvent être éliminatoire. On revient à nos lames et ceux qui auront présumé de leurs forces auront bien besoin des encouragements de ceux qui redescendront voire même des poneys et des chevaux en liberté au sommet, et absolument pas craintifs pour escalader les derniers hectomètres qui vont fâcheusement ressembler à ceux du Semnoz pour ceux qui n’auront pas les bons braquets.

148 kilomètres donc, un beau parcours, usant, avec des sommets mythiques, et une bonne occasion de faire une bonne action pour les Hautes-Pyrénées et Barèges. Bref plein de bonnes raisons de valider le choix du Tour de France, de privilégier les Pyrénées aux Alpes cette année. Merci encore à tous ceux qui nous ont accompagnés le mercredi 30 octobre, rendez-vous mercredi pour la vidéo !