Christophe, vous lancez le 28 mai la Mercan’Tour Turini. Peut-on parler d’une nouvelle Charly Bérard à partir de Saint-Martin-Vésubie ?
Non, pas vraiment. Nous n’aurons en tout et pour tout que 9 kilomètres en commun avec l’ancienne Charly Bérard. Mais une bonne partie se déroule en effet dans un secteur très proche, dans l’arrière-pays niçois. L’ambiance et le décor se ressembleront en partie.

En quoi va-t-elle être différente ?
Nous monterons plus haut en altitude avec une ascension du col de Turini (1607 mètres) par deux côtés différents. Et nous monterons le col de Braus par l’autre versant que celui qu’empruntait la Charly Bérard. Et puis la Charly Bérard partait et arrivait à Nice alors que pour la Mercan’Tour tout sera centralisé à Saint-Martin-Vésubie, la Suisse niçoise, à 1000 mètres d’altitude. Si la Charly Bérard était une épreuve de moyenne montagne de début de saison, le parcours de notre Mercantour Turini sera ici encore plus costaud avec 3500 mètres de dénivelé pour le grand parcours. L’arrivée du grand parcours en haut du Boréon (1600 mètres), en lisière du Parc du Mercantour est splendide et relativement méconnue des cyclistes.

Quels sont vos objectifs de participation ?
Comme pour le lancement de la Mercan’Tour-Café du Cycliste à la Bonette l’an dernier nous allons rester prudents. Dépasser les 300 participants constituerait déjà une satisfaction. N’oublions pas que le 28 mai nous sommes malheureusement en concurrence avec l’Albigeoise qui cette année sera qualificative pour les Championnats du Monde Granfondo d’Albi. Cela devrait nous enlever un peu de monde pour cette première.

Sur quels points allez-vous mettre l’accent sur cette 2ème édition de la Mercan’Tour-Café du Cycliste à la Bonette ?
Nous avons vécu en tout cas une première édition très éprouvante nerveusement avec des conditions climatiques difficiles. Mais avec aucun problème à déplorer finalement. Il est vrai que nous avons eu des retours très positifs que ce soit sur la sécurité ou les prestations. Pour ce qui est du parcours, lui aussi a été particulièrement apprécié. Nombre de concurrents qui ne connaissaient pas du tout la région ont été époustouflés. Le Mercantour est sauvage et fabuleux, mais ça, nous n’y sommes pour rien ! Nous allons continuer à mettre l’accent sur les prestations, un repas de qualité du terroir, de la convivialité tout en étant sérieux et une sécurité encore renforcée cette année, avec notamment la neutralisation de la descente de la Cayolle vers Barcelonnette.

Quelles sont vos ambitions en terme de participation pour 2017 compte tenu de l’absence de Cyclo Valberg ?
Aura-t-on plus de monde du fait de cette disparition ? Je ne sais pas. Les parcours étaient différents et les difficultés proposées aussi. Il y aura sans doute un effet positif sur les inscriptions, mais difficile à quantifier. Ce qui m’importe au final, c’est que Valberg, la station où je vis et qui m’est chère, conserve une belle cyclosportive car ce territoire le mérite ! En tout cas la station, comme la commune de Guillaumes nous suivent dans cette aventure de la plus haute cyclo d’Europe. Avec 373 inscrits sur la première édition, et le taux de satisfaction des pionniers de 2016, nous espérons dépasser cette année la barre des 500 participants. Nous avons fixé notre limite d’inscriptions à 600. Le fait de passer en cœur d’un Parc National nous impose une maîtrise de notre croissance. Nous voulons avancer pas à pas en respectant notre philosophie : le sport comme vecteur de développement local et durable.

Vous créez aussi un Mercan’Tour Granfondo Challenge-Café du Cycliste. En quoi va-t-il consister ?
Il devait s’agir d’un classement aux points sur les deux épreuves, celle du Turini et celle de la Bonette. Je dis bien « devait » car au final il s’agira d’un classement sur trois épreuves ! Nous venons tout juste de finaliser avec Alexandre Blain et la commune de Peille la création d’une 3ème Mercan’Tour, « la Mercan’Tour Madone-Peille », avec une arrivée au sommet du célèbre col qui surplombe la Méditerranée et où tant de champions viennent se tester. Elle aura lieu le 1er octobre. Un bel objectif de fin de saison.

Quelles en seront les modalités ?
Pour être classé, il faudra bien entendu avoir pris part aux trois Mercan’Tour. Nous ne récompenserons que les classements scratch, hommes et femmes bien entendu. Nous avons choisi de ne pas faire toutes les catégories. En revanche, grands et petits parcours seront récompensés. Cela fera donc un total de huit classements.

En quoi vont consister les prix ?
Il s’agira de dotations de nos partenaires, notamment des paires de roues DT Swiss, qui s’engage à nos côtés cette année, et du matériel mis à disposition par Culture Vélo Nice Lingostière. Et bien entendu Café du Cycliste, notre sponsor-titre, mettra de jolies tenues de vélo, chics et techniques. Bref, il y aura de beaux lots.

Les cyclos par ou à étapes se multiplient. Que pensez-vous de ce phénomène ?
Le phénomène plaît. Assurément. Bien entendu nous nous posons des questions quant à l’organisation d’une cyclosportive par étapes. Nous avons même déjà été sollicités dans ce sens. Mais il faut être prudent, trouver le bon format. La concurrence commence à être importante et le calendrier, surtout en montagne, n’est pas extensible.

Les Hautes Routes et l’Etape du Tour se renouvellent sans cesse. Quel est votre sentiment sur le potentiel d’attractivité de la France en matière de cyclosportives ?
Le Tour est aujourd’hui un véritable office du tourisme pour la France. Les étrangers aux quatre coins du monde rêvent devant les images retransmises, ces cols mythiques, ces routes de légende. C’est la force du cyclisme. Ce sport de tradition fascine, il représente encore une aventure, la quintessence du dépassement. Une forme de communion avec la nature aussi. Dans un col, on peut s’identifier et vivre ce que tout champion vit. Voilà en quoi réside le succès des cyclosportives. Et c’est un sport en très forte progression à travers le monde, sans doute le sport à la dynamique de développement la plus importante. En restant très « franco-centrés », nous avons peut-être un peu du mal à voir ce mouvement. Pour nous, le cyclisme fait partie de notre culture, de notre histoire. Pour certains il a encore un aspect un peu vieillot. Mais si l’on regarde ce qui se passe ailleurs, les Anglo-Saxons en sont fous. En Asie, en Amérique du Sud, en Afrique, partout le cyclisme progresse. Associons à cela le fait que le vélo représente un mode de déplacement durable, nous avons l’équation parfaite pour que notre sport continue à grandir. C’est une des bases de notre philosophie, depuis le départ de notre projet. Nous pensons que le vélo peut être un moteur pour le développement local et touristique. Pour ne prendre que l’exemple de notre région, le comité régional du Tourisme Côte d’Azur et le département des Alpes-Maritimes ont clairement fait de l’événementiel sportif et du vélo un axe de développement pour notre territoire. Le vélo en général et le cyclosport en particulier ont de beaux jours devant eux !

Envisagez-vous l’idée d’une cyclosportive transfrontalière avec l’Italie ? 
Pour ne rien cacher, nous nous sommes rencontrés courant janvier avec les organisateurs de la Fausto Coppi et de la Risoul Queyras Jollywear pour créer un challenge transfrontalier. Et nous sommes tombés d’accord pour lancer cela dès 2017 sous l’appellation « Trophée Granfondo des Alpes » ou « Trofeo Granfondo delle Alpi » pour nos amis transalpins. Nous espérons en obtenir un bon effet de synergie. Cette union entre les Alpes du Sud et le Piémont est historiquement naturelle et nos épreuves réunissent parmi les plus beaux et les plus mythiques cols des Alpes (Bonette, Fauniera, Izoard, Agnel, Turini). J’invite d’ailleurs tous les Français à aller découvrir Cuneo à l’occasion de la Fausto Coppi. Le parcours est exceptionnel et l’organisation est aux petits soins. En Italie, on sait recevoir et les ravitaillements sont gargantuesques ! Nous sommes particulièrement enthousiastes quant à ce projet. Et en tant qu’organisateur des « Mercan’Tour » nous sommes très fiers d’être déjà associés à des épreuves aussi reconnues pour notre deuxième année d’existence seulement. Plus d’infos sur les modalités de ce Trophée seront bientôt disponibles.