Depuis 2010, le bébé de l’Etape du Tour 2009 Montélimar-Le Mont Ventoux se porte comme un charme. La 8ème édition de la Corima Drôme Provençale l’a amplement confirmé, même si elle a dû subir une légère migration du centre-ville : de l’espace Saint-Martin au palais des congrès Charles Aznavour. Il y a légèrement moins de facilités à se garer, mais à voir les cyclistes déambuler au milieu des exposants, on peut se demander si ce nouvel aménagement n’est pas plus intéressant pour l’ensemble des participants. Qu’il s’agisse des coureurs (aucun changement), des spectateurs (peut-être un peu moins de badauds qu’au centre-ville), ou des organisateurs (avec de l’espace pour bien accueillir les 2000 coureurs et exposants). On dirait que c’était plus convivial qu’on ne serait pas loin de la vérité.

Le programme est désormais immuable. Chronos le samedi sur 10,5 kilomètres, 120 engagés, départs toutes les minutes, le premier à 13h30 et le dernier à 15h30, le compte y est. Le chrono, c’est la spécialité de Tristan Serraille du GMC 38 qui souffle la victoire au dossard 101 Vincent Cantoni, 13’58 contre 14’03 ». Personne n’a dit mieux.

Mais le gros morceau c’est bien sûr, le dimanche avec le premier gros rendez-vous de la saison après la très belle mise en bouche du côté du Raid des Alpilles ou du Paris-Nice Challenge. 9h30, il est l’heure de se mettre à l’heure d’été et à la lettre P comme printemps, certes un peu par anticipation. En un mot, c’est l’heure de prendre les bonnes roues, (Corima, ça va de soi) et lancer sa saison sous le soleil qui fait sauter les gilets et partir beaucoup de coureurs en manches courtes, voire manchettes, et cuissard court. Pas la peine de s’encombrer, car plus que jamais la Corima, c’est l’officieux Championnat de France de printemps, ce qu’était la Scott 1000 bosses auparavant. Pour accrocher le podium et ses très intelligents paniers garnis de produits régionaux, il fallait se cracher dans les pognes, même s’il ne faut pas confondre Montélimar et son nougat avec Romans et ses pognes !

Sac cadeau de bienvenue, maillot personnalisé, petits cadeaux qui mettent de bonne humeur, bénévoles qui donnent le journal, petit café, brioches, nougats : bref à Montélimar on sait accueillir et toujours avec le sourire.

Il faut sortir de la ville pour atteindre le départ réel, route d’Allan et sa première côte qui va découper les paquets par groupe de niveau. A l’endroit pour ceux qui jouent la gagne et qui se mettent dans l’orange très rouge pour rester au contact et basculer avec la fine fleur des trois parcours. A l’envers pour les quelques-uns qui ont chuté, sans trop de gravité apparemment, suite aux freinages intempestifs, aux haricots et autres mobiliers urbains avec lesquels le vélo doit jongler constamment.

Allan, direction Taulignan, par les cols ou côtes d’Allan, justement, du Colombier et de la Citelle. Rien de très dur, on est à 500, 600 mètres d’élévation, mais juste assez difficile pour faire sauter les moins grimpeurs, ceux qui ont du mettre le petit plateau. C’est là qu’intervient la première bifurcation entre les deux grands parcours (111 et 157 kilomètres) et le petit, la Sésame, 75 kilomètres. Un premier panneau à 2 kilomètres, un autre à 1 kilomètre, puis 500 mètres, des signaleurs « pour le cas où ». Rien à dire, ceux qui ont mis tout ça en place font du vélo et ont tenu compte des remarques des concurrents.

On est sortis de la partie urbaine. La campagne est belle. Les champs de lavande ne sont pas encore à la bonne couleur, mais les routes sont de très bonne qualité, avec peu de voitures. Les signaleurs se signalent en étant partout avec leurs coupe-vents jaunes. Les motards assurent et couvrent les groupes, rien à dire. Si la Corima a de temps en temps brillé sous la pluie voire juste après une semaine à neige, rien de tout ça cette année. Grand soleil, on l’a dit, à un détail près. Les coupe-vents nous ont donné l’indice, le vent du coin qui balaye la vallée du Rhône jusqu’au sommet du Ventoux. Le mistral s’est invité, histoire de faire partir l’hiver qu’on à peine vu et amener les sacres du printemps, avec un jour d’avance.

Corima fait des jantes hautes comme des jantes basses, pas encore des jantes qui filtrent l’air, et les écarts ont été de sortie, mais surtout des bordures à tire-larigot. Mieux valait ne pas se retrouver seul dans cette pampa drômoise car c’était peine perdue d’essayer de revenir sur ceux de devant. On se satisfera de savoir que quand c’est mistral sur la vallée du Rhône c’est mauvais temps sur le reste du territoire, mais le mistral de côté, ça pique ! Il fallait vraiment se faire mal pour rester au contact, de là à espérer avoir vent dans le dos. Même à quelques hectomètres de l’arrivée on se le reprenait de face, histoire de faire une dernière piqûre de rappel, mais au moins ça laisse des souvenirs, et des bons, à voir le sourire des coureurs à l’arrivée et la bonne humeur générale.

La seconde bifurcation intervient rapidement avec  la Corima: 157 kms  qui va visiter les cols de Valouse, de la Sausse, d’Orsinas, admirer les gorges de Trente Pas avant de revenir sur Dieulefit et son ravito bienvenu. La Jollywear, quant à elle, tire vers le Serre de Turc, le col de Pertuis puis celui de Félines que le grand parcours va visiter aussi. C’est définitivement cette partie-là avant Marsanne et son orchestre bienvenu que le vent de côté a fait le plus mal. Les jambes commencent à être dures et les rafales régulières faisaient regretter leurs jantes hautes à certains. Au passage, on notera que si le règlement prévoit que les guidons de triathlète ou autres avantages mécaniques sont interdits, il serait bon que les coureurs qui se reconnaîtront respectent les règles. Les derniers kilomètres sont très roulants, avec des ronds-points encore une fois très bien couverts, certaines fois par la police municipale, et avec toujours aussi peu de voitures. On repasse par Espeluche qu’on visitait avant le Colombier auparavant. Montélimar c’est tout droit et le ravito d’arrivée attend les coureurs. Comme on fait bien les choses sur la Corima, la table où sont posés les gobelets est percée pour que les gobelets vides ne s’envolent pas. Le vent et Montélimar, c’est (presque) comme le nougat !

Côté courses, sur de tels parcours, avec un tel plateau, les coureurs qui sont devant ne sont pas là par hasard. Sur le 111 kilomètres, même pas 3 heures et même pas mal pour Loïc Buchetet qui gagne en 2h58’25 » devant Alexandre Auber et Brice Aerts, qui terminent 5 minutes derrière. Sur le 157 kilomètres, ça ne s’invente pas, ils sont quatre garçons dans le vent à se jouer la victoire au sprint. Enfin trois car Thomas Lebas qui est pro chez Kinan Cycling Team, l’équipe japonaise, a eu la classe de laisser la victoire se jouer entre Cedrick Dubois, en bronze, Tim De Vos en argent et le local Nicolas Reynaud. Ce dernier va devoir économiser pour inviter tous ses supporters qui ont bien noté « qu’en cas de victoire, c’était resto pour tous les copains! » La victoire se joue en 4h24’53 », un peu plus de 35 km/h.

Et les filles ? Sur le grand parcours c’est Laurence Reviglio qui gagne en 5h05’17 » ce qui la classe en 136ème position, à plus de 30 km/h de moyenne. Pour le 111 kilomètres, c’est la coureuse pro, Emilie Rochedy qui gagne en 3h14’32 » à plus de 34 de moyenne, ce qui la classe en 50ème position. C’est tout ? Non, cette année Vélo 101 a décidé de faire partager les cyclos de vous mesdames et mesdemoiselles avec une nouvelle rubrique : la témoin Vélo 101, c’est Marie habituée au mistral car originaire d’Orange, qui ouvre le chapitre. Voir ci-dessous.

En conclusion de cette belle journée de vélo, on félicitera l’ensemble des intervenants à commencer par les organisateurs, tous les bénévoles, les prestataires qui ont apporté leur concours et bien sûr tous les coureurs qui sont venus à bout de ces kilomètres pas doublés mais presque des fois ! On n’a pas parlé du repas d’arrivée, non pas parce que ce n’était pas du vol-au-vent, mais c’était très bon. Soupe, bien vu, ou crudités, poulet et pâtes, fromage, tarte aux poires, eau et vin pour agrémenter et tout va bien. La saison est définitivement partie sur des chapeaux de roue, pour la marque, on vous laisse le choix !

Classement 157 km : 

1. Nicolas Reynaud (SJVC Montélimar) en 4h24’53 »
2. Tim De Vos (Olympique Montélimar Cyclisme) en 4h24’53 »
3. Cedrick Dubois (Café Du Cycliste) en 4h24’54 »
4. Thomas Lebas (Kinan Cycling Team) en 4h25’08 »
5. Damien Vuillier (Roue D’Or Noidans) en 4h27’02 »
6. Tony Mezure (ES Cannes) en 4h27’02 »
7. Jerome Pulidori en 4h27’04 »
8. David De Vecchi (Pédale Semuroise) en 4h27’04 »
9. David Polveroni (Canyon-Assos) en 4h27’07 »
10. Jean Luc Chavanon (Chamrousse Team Cyclosport) en 4h30’00 »

136 et 1ère Dame. Laurence Reviglio (ES Cannes) en 5h05’17

Classement 111 km :

1. Loïc Buchetet (VC Corbas) en 2h58’25 »
2. Alexandre Auber (GMC 38) en 3h03’08 »
3. Brice Aerts (VC Pontois) en 3h03’08 »

50 et 1ère Dame. Emilie Rochedy (SAS Macogep) en 3h14’32 »

La Témoin Vélo 101 : Marie Goutaland (UC Pierrelatte)

Marie, présente-toi aux lecteurs de Vélo 101.
Ca fait deux ans et demi que je fais du vélo. Je faisais du foot auparavant. La Corima est ma troisième cyclo de la saison après le Raid des Alpilles et le Paris-Nice Challenge. Le vent a tout compliqué. C’était très difficile, mais c’était globalement une belle course. La sécurité était là, on a bien profité.

Comment gères-tu ton temps sur le vélo ?
Je passe en moyenne entre 8 et 10 heures à l’entraînement sur le vélo. Souvent en solo, mais aussi en club et le dimanche avec d’autres cyclistes de la région. Mon copain fait du vélo depuis 20 ans et me donne beaucoup de conseils. Je ne sais pas encore combien de cyclosportives je ferai cette année, mais je suis certaine de faire l’Etape du Tour. Pour l’instant, je n’ai pas fixé de programme.

Selon toi, que faudrait-il pour populariser le cyclosport féminin ?
Le tarif joue beaucoup, c’est vrai. Pourquoi ne pas faire un tarif préférentiel pour les femmes ? Sur l’Etape du Tour ou l’Ardéchoise, on offre aussi des cadeaux personnalisés pour les femmes. En revanche, je ne pense pas que l’organisation d’un sas exclusivement féminin soit une bonne chose. Les groupes masculins aideront toujours les filles. Mais pourquoi pas développer également les épreuves exclusivement féminines comme le Challenge Vercors pour Elles.