Une échappée reprise loin de l’arrivée, un profil à tendance descendante sur les 70 derniers kilomètres, de belles et longues lignes droites, et juste ce qu’il faut de vent pour attiser les tensions… Bon, vous voyez où on veut en venir ? C’était presque écrit d’avance. Cette huitième étape qui laisse pour de bon l’Andalousie dans le rétro après un départ de Baeza pour rejoindre la Castille-La Manche à Albacete 207 kilomètres plus loin est idéale pour ouvrir des éventails (en Espagne ça ne s’invente pas). C’est une course de bordure qui est attendue dans le final, les favoris postés aux premiers rangs du classement général n’étant pas opposés à jeter encore quelques-uns de leurs adversaires par la fenêtre avant le copieux festin qui les attend dans les quinze jours à venir : sept arrivées en altitude et deux contre-la-montre individuels.

Les favoris ne seront pas les seuls intéressés par accélérer le rythme du peloton. Pas question pour les sprinteurs de faire le deuil de la victoire d’étape aujourd’hui alors que les occasions pour eux de s’affronter vont désormais se compter sur les doigts d’une main. Après cette étape d’Albacete, il leur restera trois occasions au mieux de lever les bras : jeudi prochain à Logroño puis en troisième semaine le mercredi 10 septembre à La Corogne voire, mais c’est déjà moins sûr, deux jours plus tard à Cangas de Morrazo. Et comme il y aura plus de sprinteurs à faire rouler leurs hommes que d’attaquants à se presser en tête de course, les jeux sont faits rapidement dans cette étape de transition.

Les deux seuls coureurs qui s’extirpent du peloton dès la sortie de Baeza sont Francisco-Javier Aramendia (Caja Rural-Seguros RGA) et Elia Favilli (Lampre-Merida). C’est l’étape la plus longue du Tour d’Espagne 2014, alors le peloton accepte de leur donner du mou. Mais pas beaucoup plus de six minutes. Et quand les équipes Giant-Shimano et FDJ.fr se mettent dans l’idée de réduire la différence, il n’y a plus cher à donner de la peau du tandem de tête, qui est absorbé en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire. Francisco-Javier Aramendia et Elia Favilli abandonnent leur position en tête de course à 40 kilomètres de l’arrivée. Trop loin du but pour qu’il ne se passe plus rien à l’échelle du peloton, qui file grand train vers Albacete, emmené tour à tour par les formations les mieux placées au classement général.

Nairo Quintana piégé par un coup de bordure.

Et à force de se tendre le peloton finit par se cassurer. Evidemment il faudrait être un favori irresponsable pour se laisser prendre au piège, ce qui n’arrive à aucun des protagonistes du classement général dans un premier temps. Mais à force d’insister et de perdre des éléments, le peloton se scinde encore et trompe la vigilance de… Nairo Quintana (Movistar Team) ! Le coureur colombien se retrouve dans un deuxième groupe en compagnie de Fabio Aru et d’un sauveur du nom de John Degenkolb (Giant-Shimano). Le sprinteur allemand va faire travailler les siens pour combler un retard monté à 15 secondes. La jonction est opérée à 5 kilomètres de l’arrivée. Aucun favori n’aura perdu de temps dans ces manœuvres, un peloton d’une soixantaine d’hommes rentrant dans Albacete pour un sprint malgré tout.

Tous les sprinteurs sont là, à commencer par John Degenkolb deux fois vainqueur déjà et sur lequel Nacer Bouhanni (FDJ.fr) a une revanche à prendre. A Ronda mercredi, le Vosgien a estimé que l’Allemand lui avait fermé l’accès le long des barrières, mais sa réclamation n’a pas été retenue par le jury des commissaires, qui a conclu que le sprinteur français avait essayé de passer là où ce n’était pas possible. On ne l’y reprendra pas à vouloir passer par des trous se souris. Caché dans la roue de John Degenkolb, qui prend le vent pour essayer d’accrocher celle de Michael Matthews (Orica-GreenEdge), calé quant à lui dans le train mené par Nikolas Maes pour Tom Boonen (Omega Pharma-Quick Step), Nacer Bouhanni s’apprête à bondir de derrière pour surprendre tous les sprinteurs à 250 mètres de la ligne.

Nacer Bouhanni avait si peur de se faire enfermer qu’il a décidé cette fois de prendre l’initiative de lancer le sprint. L’effet de surprise le dote de quelques longueurs d’avance sur Michael Matthews, qui se jette à sa poursuite et le remonte férocement. Ce n’est qu’en produisant un écart en direction de l’Australien, contraint de freiner, que le sprinteur de la FDJ.fr s’assurera le gain de l’étape. La manœuvre du coureur venu du ring n’est pas très belle mais elle est insuffisamment grossière pour justifier un déclassement. Et voilà une seconde étape dans la poche de Nacer Bouhanni, deux jours après qu’il ait frôlé la mise hors course à La Zubia, victime de la chaleur et des premières rampes du Tour d’Espagne. Le sprinteur avait rallié l’arrivée au bord de l’abandon et 30 secondes seulement avant les délais.

Demain dimanche, retour en montagne entre Carboneras de Guadazon et Valdelinares (185 km).

Classement 8ème étape :

1. Nacer Bouhanni (FRA, FDJ.fr) les 207 km en 4h29’00 » (46,2 km/h)
2. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
3. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) m.t.
4. John Degenkolb (ALL, Giant-Shimano) m.t.
5. Gregory Henderson (NZL, Lotto-Belisol) m.t.
6. Robert Wagner (ALL, Belkin) m.t.
7. Kristian Sbaragli (ITA, MTN-Qhubeka) m.t.
8. Roberto Ferrari (ITA, Lampre-Merida) m.t.
9. Tom Boonen (BEL, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
10. Jasper Stuyven (BEL, Trek Factory Racing) m.t.

Classement général :

1. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) en 31h21’20 »
2. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) à 15 sec.
3. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) à 18 sec.
4. Chris Froome (GBR, Team Sky) à 20 sec.
5. Johan-Esteban Chaves (COL, Orica-GreenEdge) à 41 sec.
6. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) à 45 sec.
7. Robert Gesink (PBS, Belkin) à 55 sec.
8. Fabio Aru (ITA, Astana) à 58 sec.
9. Warren Barguil (FRA, Giant-Shimano) à 1’02 »
10. Wilco Kelderman (PBS, Belkin) à 1’06 »

Classement par points :

1. John Degenkolb (ALL, Giant-Shimano) 87 pt
2. Nacer Bouhanni (FRA, FDJ.fr) 74 pt
3. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) 71 pt
4. Daniel Martin (IRL, Garmin-Sharp) 42 pt
5. Chris Froome (GBR, Team Sky) 38 pt
6. Jasper Stuyven (BEL, Trek Factory Racing) 34 pt
7. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 32 pt
8. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 32 pt
9. Lloyd Mondory (FRA, Ag2r La Mondiale) 31 pt
10. Roberto Ferrari (ITA, Lampre-Merida) 30 pt

Classement de la montagne :

1. Luis Mas (ESP, Caja Rural-Seguros RGA) 18 pt
2. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 10 pt
3. Jérôme Cousin (FRA, Team Europcar) 10 pt
4. Johann Tschopp (SUI, IAM Cycling) 8 pt
5. Amets Txurruka (ESP, Caja Rural-Seguros RGA) 7 pt
6. Chris Froome (GBR, Team Sky) 6 pt
7. Danilo Wyss (SUI, BMC Racing Team) 6 pt
8. Winner Anacona (COL, Lampre-Merida) 5 pt
9. Ryder Hesjedal (PBS, Garmin-Sharp) 5 pt
10. Pim Lightart (PBS, Lotto-Belisol) 5 pt

Classement du combiné :

1. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 10 pt
2. Chris Froome (GBR, Team Sky) 15 pt
3. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 28 pt
4. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) 29 pt
5. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) 40 pt
6. Sergio Pardilla (ESP, MTN-Qhubeka) 78 pt
7. Ryder Hesjedal (PBS, Garmin-Sharp) 80 pt
8. Danilo Wyss (SUI, BMC Racing Team) 110 pt
9. Hubert Dupont (FRA, Ag2r La Mondiale) 110 pt
10. Kristian Sbaragli (ITA, MTN-Qhubeka) 111 pt

Classement par équipes :

1. Belkin (PBS) en 93h37’53 »
2. Movistar Team (ESP) à 45 sec.
3. Team Katusha (RUS) à 2’28 »
4. BMC Racing Team (USA) à 2’36 »
5. Omega Pharma-Quick Step (BEL) à 5’22 »
6. Cofidis (FRA) à 5’23 »
7. Tinkoff-Saxo (RUS) à 7’26 »
8. Astana (KAZ) à 7’46 »
9. Garmin-Sharp (PBS) à 8’25 »
10. Lampre-Merida (ITA) à 11’57 »