Fabien, vous avez intégré l’équipe Wanty-Groupe Gobert au 1er janvier, en tant que néo-pro. Comment s’est passée votre intégration ?
Ça s’est très bien passé. J’ai pu rencontrer l’ensemble des coureurs lors d’un stage en janvier à Benidorm. Nous avons fait pas mal de kilomètres et cela m’a permis d’apprendre un petit peu sur chacun. Je n’ai jamais eu l’impression d’être exclu du groupe. C’était une belle intégration et tout s’est passé sans problème, je me suis tout de suite bien senti au sein de l’équipe. De même avec le staff qui est assez proche des coureurs donc c’était une bonne entrée en matière.

Vous faîtes vos débuts dans une équipe étrangère, en quoi est-ce particulier par rapport à une formation française ?
C’est surtout le nombre de nationalités dans l’équipe. Il y a des Belges, des Italiens, des Anglais, des Français, des Hollandais, c’est très riche. Au niveau de la langue, on se sent vraiment à l’étranger, c’est parfois bizarre de ne pas entendre que du français autour de moi. En intégrant une équipe étrangère, je m’attendais également à avoir des méthodes un petit peu différentes, un autre rapport au vélo qu’en France.

Est-ce finalement le cas ?
Il y a des petites choses qui changent. Wanty-Groupe Gobert est une équipe familiale, proche de ses coureurs, qui se prennent peut-être moins la tête sur certaines choses. Au niveau du staff, ce sont vraiment des passionnés. Ils vivent vélo, ils mangent vélo, et ils dorment vélo. Surtout en cette période de classiques belges, je sens que l’équipe vit pour ça. C’est vraiment le sport national, avec un engouement derrière, et même au niveau du sponsor c’est familial. Tout le monde est fan de vélo.

La Belgique est en effet une terre de cyclisme, ça doit vous rappeler le cyclo-cross ?
Exactement. Quand j’allais là-bas je me disais que j’avais envie d’être dans une équipe belge parce que c’est le top en cyclo-cross. Du coup, maintenant que j’y suis sur la route, cela s’en rapproche un peu. J’étais content d’intégrer une équipe belge sachant que c’est vraiment le sport national là-bas, et que j’allais avoir un rapport au vélo qui est un petit peu différent. Travailler avec des passionnés est encore plus motivant.

Avec quel coureur êtes-vous le plus proche ?
Je suis proche de Guillaume Martin parce que je l’ai côtoyé au CC Etupes pendant deux ans. Il m’avait fait un portrait de l’équipe avant de l’intégrer, c’est aussi ce qui m’a rassuré dans le sens où je n’allais pas forcément dans l’inconnu. Je fais chambre avec lui et c’est avec lui que j’échange le plus.

Comment avez-vous préparé cette première saison professionnelle par rapport aux précédentes ?
Je n’ai pas fait de cyclo-cross, j’ai fait une vraie coupure hivernale tel un routier, et j’ai repris au début du mois de novembre. Ce sont les seuls grands changements que j’ai pu faire, une préparation un peu différente, un volume qui a légèrement augmenté. Après, c’est aussi une progression linéaire que j’ai depuis quelques années. On cherche à augmenter les charges tout en maîtrisant pour que ce ne soit pas trop important et ne pas me cramer.

Le 26 janvier dernier, Wanty-Groupe Gobert a appris sa sélection pour le Tour de France. Quelle a été votre réaction ?
J’étais très content pour l’équipe. C’était sportivement mérité par rapport aux résultats qu’il y a eu l’année dernière et vu l’investissement de l’équipe c’est vraiment une récompense que de participer au Tour de France. Derrière, ils savent que cela oblige à plus d’implication, d’acharnement, mais c’est amplement mérité. C’est un beau chemin parcouru par les dirigeants depuis la création de l’équipe.

La pression est-elle plus importante ?
Non, rien n’a vraiment changé. C’est aussi un soulagement. Nous n’avons pas plus de pression. C’est sûr que le but, sur le Tour, pour Wanty-Groupe Gobert, serait d’y figurer de belle manière, il y aura peut-être un peu plus de pression à ce niveau-là, mais si derrière l’équipe met tout en œuvre pour y arriver il n’y a pas de raisons pour que cela ne fonctionne pas.

Vous rentrez du Tour de Catalogne, votre première course WorldTour. Comment s’est passée cette semaine ?
Je suis content de ma première course par étapes WorldTour. J’ai eu des sensations mitigées en début de semaine, c’était mieux par la suite, et vu la vitesse à laquelle nous avons roulé je suis satisfait. J’ai réussi à m’accrocher aux meilleurs sur certaines étapes donc je suis content. Cela montre que tout ce que j’ai mis en œuvre cet hiver et que toute l’implication que je mets paye. C’est une motivation pour la suite.

Quel est votre regard sur vos premiers mois dans le peloton professionnel ?
Pour moi, une course reste une course, sans bien sûr sous-estimer les personnes qui sont au départ avec moi. Je suis conscient que je suis loin d’être au top niveau mais je pars dans l’idée que nous avons tous deux bras, deux jambes, donc je donne le meilleur et je vois jusqu’où cela mène. J’essaie de courir intelligemment et je ne me donne pas de limites. Une fois que la course est partie, tout le monde est concentré. Je sens moins les grades entre coureurs quand je suis sur le vélo, tout en respectant tout le monde bien sûr. On sent que quand Alejandro Valverde ou Alberto Contador arrivent dans le peloton, les mecs les laissent plus facilement passer que si c’est un Wanty-Groupe Gobert. Mais il faut faire avec (il rit). J’essaie de donner le meilleur de moi-même, une course reste une course.

A quoi pensiez-vous quand vous vous trouviez à côté de coureurs comme Froome, Contador ou Valverde en Catalogne ?
Je regardais surtout ce que je pouvais voir au niveau des détails. Comment ils s’habillaient, comment ils mangeaient, comment ils buvaient. Je n’étais pas en admiration devant eux, même si j’ai beaucoup de respect pour ces personnes. Je suis plus observateur de tout ce qu’ils font, ce qu’il se passe. C’est comme dans un peloton amateur, une fois que tu as cerné les personnes qui vont vite, qui gagnent tout le temps, tu sais que ce sont ces personnes là qui se placent bien et qu’il faut suivre.

C’est en ce moment la période des classiques pavées. Pensez-vous, avec vos capacités de cyclo-crossman, évoluer sur ces courses à l’avenir ?
Vu la vitesse à laquelle roulent les meilleurs sur ces courses je ne pense pas avoir, pour le moment, la force nécessaire pour suivre. Normalement je vais m’aligner sur le Tro Bro Leon donc je vais déjà voir ce que ça donne sur une classique française. Je pense que je peux plus m’exprimer sur les classiques ardennaises dans un premier temps.

Quel est votre programme pour la suite de la saison ?
Je serai sur le Tour du Finistère et le Tro Bro Leon pour les courses françaises. Ensuite j’enchaînerai avec la Flèche Wallonne, Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Romandie.

Propos recueillis par Adrien Godard.