Anthony, vous aviez conclu prématurément votre saison 2015 avec une fracture du bassin sur la Coppa Agostini, mi-septembre. Comment avez-vous passé l’hiver ?
J’ai observé un mois d’arrêt et je n’ai pas eu besoin de rééducation, la fracture étant non déplacée. Je suis resté une semaine et demie en fauteuil roulant puis deux semaines en béquilles. Au final, cette coupure d’un mois sans activité équivaut à une coupure « normale ». J’ai pu reprendre doucement une activité mi-octobre avant de reprendre de petites sorties de deux heures à vélo début novembre. Pour moi, c’était surtout essentiel d’avoir une petite activité sportive.

Cette blessure survenue juste avant la trêve a-t-elle eu des conséquences sur votre préparation hivernale ?
Pas plus que ça. J’ai repris un mois plus tôt que d’habitude. Ça m’a permis de recommencer doucement. Mais depuis mi-novembre, j’ai repris des charges d’entraînement. J’ai fait tout le stage en décembre avec l’équipe en Espagne. Ce qui change seulement, c’est que contrairement aux années passées je n’ai pas fait de course à pied ni trop de press/squat en muscu. J’ai tout orienté sur le vélo.

Vous ferez la rentrée cycliste le 18 janvier à la Tropicale Amissa Bongo, au Gabon. C’est que les sensations sont déjà là ?
Je pense en effet être dans les clous pour le début de saison, qui commence pour moi dans une dizaine de jours. Pour moi ça va aller vite maintenant. Je suis en bonne condition. J’ai fait quelques cyclo-cross en décembre. Pour moi, chaque année, c’est mon petit point de repère. Ça me permet de voir où j’en suis. Je pense être bien mais c’est toujours pareil, c’est sur les compétitions qu’il faudra faire ses preuves. Après la Tropicale, je ferai le Grand Prix La Marseillaise, l’Etoile de Bessèges et le Tour de Provence. J’espère ensuite une sélection pour Paris-Nice.

A 26 ans, vous entamez déjà votre septième saison chez les pros. Vous sentez-vous arrivé à maturité ?
Je suis effectivement plus mature. J’arrive à mieux me canaliser. Avant, j’étais un peu chien fou. Aujourd’hui il me reste encore du travail à faire dans ce sens, il me faut apprendre à gérer toujours mieux une échappée. Dans le vélo, il faut être malin pour gagner des courses. Je manque encore un peu d’expérience mais j’ai progressé sur ces points l’année dernière et j’espère poursuivre dans cette direction. Chaque année, je franchis un petit cap et j’espère, à l’aube de mes meilleures années, être encore plus performant afin de me mettre plus en évidence.

Où placez-vous vos ambitions ?
J’ai fait une saison vraiment pleine avec de bons résultats, même si je n’ai pas gagné. J’attends cette année de réaliser une saison aussi aboutie, mais ce que je veux par-dessus tout, c’est de lever les bras à nouveau. Cela va faire cinq ans, depuis la Polynormande 2011, que je n’ai pas gagné. Mon objectif, c’est de m’adjuger au moins une course. Et puis j’ai aussi à cœur d’être au départ du Tour de France dans le département où je suis né, la Manche. Je ne veux pas me mettre de pression mais ce sont mes deux principaux objectifs.

Fortuneo-Vital Concept, c’est l’équipe idéale pour s’épanouir ?
J’adore mon équipe, j’y prends beaucoup de plaisir. Même si nous grandissons chaque année un peu plus, chacun y a sa chance. Et s’il faut se sacrifier pour les autres, ce n’est pas un problème pour moi. Nous nous éclatons tous ensemble. Et on ne fait pas de différences entre le staff, les coureurs, la hiérarchie… Tout le monde est sur un pied d’égalité. C’est ce que j’adore dans cette équipe dans laquelle on ne se prend pas la tête tout en étant sérieux.

Le groupe s’est enrichi cet hiver de coureurs internationaux. Comment se sont-ils intégrés ?
L’intégration s’est bien faite. Tous les nouveaux coureurs, qu’il s’agisse des jeunes ou d’un mec d’expérience comme Chris-Anker Sorensen, se sont très bien intégrés dès le stage de novembre. Tout le monde a participé aux diverses activités, on a rigolé ensemble. Je suis même étonné de voir un mec comme Chris, avec sa grande expérience, un gars qui sort de chez Tinkoff-Saxo, être aussi simple. Il rigole avec nous à table, il ne se prend pas la tête et est déjà dans le moule. C’est pareil pour les plus jeunes. Même si l’équipe grandit, il est important de garder cette ambiance familiale et cet esprit d’équipe.

Propos recueillis à Bruz le 7 janvier 2016.