Chris, Alberto Contador n’a pas répondu au rendez-vous de votre duel, êtes-vous surpris de lui avoir pris 1’45 » sur la seule ascension d’Ax 3 Domaines ?
Oui, ça me surprend, mais je ne suis pas seulement surpris d’avoir pris tant de temps sur Alberto Contador mais aussi sur les autres prétendants au maillot jaune. Ces écarts creusés aujourd’hui m’ont surpris, mais Richie Porte et moi sommes arrivés sur ce Tour en très grande condition. Nous nous sommes entraînés pendant des mois pour arriver dans cet état de forme au Tour de France. C’est une très grande satisfaction que de nous retrouver devant tous les deux dans la première étape de montagne.

Que représente pour vous le maillot jaune ?
C’est fou, incroyable ! J’ai eu plusieurs fois l’occasion de porter des maillots de leader au cours de cette saison, que ce soit au Tour de Romandie ou au Critérium du Dauphiné, mais rien, vraiment rien, n’est comparable au maillot jaune du Tour de France.

Aviez-vous planifié de démarrer à 5 kilomètres de l’arrivée ?
Dans une étape comme celle-là, on a souvent un plan au départ mais ensuite il évolue, en fonction de ce qui se passe en course et de nos sensations. J’ai attaqué parce que j’ai vu que les autres favoris étaient vraiment en difficulté. Ils luttaient pour rester dans les roues. C’est pourquoi j’ai démarré à cet endroit précis. Après je n’ai rien gardé sous la pédale. C’est le Tour de France, chaque seconde compte. Dans ces moments-là il faut tout donner sans penser à garder des réserves.

Dans le dernier kilomètre, vous avez d’ailleurs donné l’impression d’en rajouter…
Quand j’ai fait le trou à 5 kilomètres de l’arrivée, je me suis vraiment mis en mode contre-la-montre pour creuser le plus gros avantage possible. Il reste encore deux semaines, chaque seconde est importante. Il fallait creuser l’écart mais je suis très confiant pour la suite du Tour. J’ai une équipe formidable autour de moi. Ce que nous avons montré, Richie Porte et moi, est très important pour la confiance. Je sais qu’il reste encore deux semaines avant Paris mais il faut garder le maillot jaune maintenant.

La démonstration de force de l’équipe Sky rappelle pour certains celle de l’équipe US Postal…
Bien entendu, mais je peux affirmer que nous sommes propres à 100 %. C’est normal que la question soit posée, ça vaut par l’histoire de notre sport, qui a conduit à la situation actuelle. Le cyclisme a vraiment changé maintenant. S’il n’avait pas changé, je n’aurais jamais pu réaliser ce que j’ai fait aujourd’hui. C’est sûr que le vélo n’a jamais été aussi propre qu’aujourd’hui. Les choses ont évolué, vraiment. Je considère aussi cela comme une mission personnelle de montrer que le cyclisme n’est plus ce qu’il était auparavant.

Quel est le secret de votre réussite implacable ?
Il faut déjà avoir conscience de la préparation que représente le fait de préparer le Tour pour arriver dans cette condition. Les stages en altitude, le support du staff tout entier et, en dehors, l’appui que j’ai à la maison de ma fiancée. Si on prend tout ça en considération, on comprend comment tout fonctionne dans l’équipe. Et on comprend mieux les résultats que nous avons aujourd’hui. Ce n’est pas si incroyable, il n’y a pas de secret, c’est tout un travail derrière.

Propos recueillis à Ax 3 Domaines le 6 juillet 2013.