Cette saison va-t-elle vous laisser la possibilité de penser un peu à vous ?

Oui un peu comme cette année, où j’ai eu ma carte et où j’ai su la saisir sur le Tour de Romandie et sur les Ardennaises. Et à côté je serai équipier de Thibaut sur le Tour de France.

 

Est-ce que vous préférez être équipier de Thibaut Pinot ou leader ?

Les deux sont différents, les deux sont gratifiants, mais les deux sont biens ! Être leader c’est ce que j’aime, c’est ce que j’adore, j’ai toujours aimé être comme ça depuis les amateurs. Performer, avoir des résultats c’est le top du top, après être équipier sur le Tour auprès de Thibaut ça enlève aussi une pression et puis ça permet aussi de se montrer au grand public sans se prendre la tête.

 

Vous étiez « un enfant impatient » disent vos proches. Est-ce que l’impatience ne vous gagne pas parfois pour jouer votre carte ?

Jouer ma carte non, après par rapport à l’impatience si pendant l’étape du Tourmalet si je m’étais écouté j’aurais mis en route dès le pied, mais Thibaut était là pour me calmer en me disant d’attendre le replat.

 

Sur le Tour vous êtes en binôme avec Thibaut. Est-ce que vous vous inspirez justement des formations comme la Sky qui ont l’habitude de fonctionner comme ça avec un leader et une forme de sous-leader ?

Ouais, j’ai toujours dit que pour devenir leader d’une grande équipe il fallait toujours passer par la case équipier, j’ai toujours dit que Nibali avait bossé pour Basso, Froome pour Wiggins, Thomas pour Froome, Thomas pour Bernal, donc oui il faut passer par là.

 

L’apprentissage fait partie du jeu ?

Oui oui déjà l’année dernière on s’était fixé deux ans d’apprentissage pour voir comment ça se passait en World Tour, après voilà il y a ce petit bonus avec Thibaut sur le Tour, où c’est de l’expérience à vitesse grand V tout en ayant la possibilité de peser sur la course.

 

Thibaut son statut a changé depuis l’an dernier et vous aussi mine de rien. Comment le vivez-vous et comment envisagez-vous cela ?

Oui j’ai conscience qu’on me laisse plus sortir comme ça, mais ça dépend aussi de la physionomie de la course. Et puis c’est bien d’être deux au départ avec Thibaut, ça peut permettre de peser sur la course différemment.

 

Cette année les JO et les championnats du monde sont difficiles. Est-ce que vous êtes candidat à une sélection pour une de ces courses ?

Pourquoi pas ! Les deux épreuves offrent un super parcours. Les championnats du monde j’aimerais bien, après les JO c’est une sélection plus spéciale que pour les mondiaux.

 

Alors que Thibaut Pinot dit avoir rebondi depuis la désillusion de juillet, vous qui le connaissez bien, comment le sentez-vous là ?

Oui je pense que ça blessure est oubliée, il a l’air de se sentir bien. En plus Thibaut c’est quelqu’un qui se relève tout le temps, après le Giro 2018, après ses échecs au Tour, donc là je pense qu’il va se relever de la même manière. En plus il a encore acquis de l’expérience sur le Tour, ainsi que l’ensemble de l’équipe, donc ça je pense que ça reste en 2019 mais ça va servir pour 2020.

 

Après ce Tour 2019 l’attente va être encore plus grande. Qu’en pensez-vous ?

Oui en effet, je pense que le public français a vu que les coureurs français étaient à la limite de remporter le Tour de France, donc je pense qu’ils vont être attendus sur les routes du Tour, en particulier les grimpeurs sur ce parcours très montagneux.

 

Vous dites que c’est important d’avoir un exemple dans sa carrière, Thibaut ne l’a pas eu quant à lui. Qu’en pensez-vous ?

Oui il dit quelque fois que la chance que j’ai c’est la chance qu’il n’a pas eu, c’est que j’ai quelqu’un qui est là pour prendre toute la pression médiatique et la pression des sponsors tout en me laissant évoluer.

 

Tout à l’heure on évoquait votre volonté de devenir à terme leader sur un Grand Tour. Est-ce que cela passera par un travail spécifique en contre-la-montre, comme Thibaut l’a fait il y a quelques années ?

Oui je crois que de toute façon il n’y a pas de secret, le contre-la-montre c’est ce qu’il faut travailler. On a eu des nouveaux guidons, on va avoir un nouveau vélo. Je prends de plus en plus de plaisir à rouler avec mon vélo de chrono et là d’ailleurs je vais en avoir un à la maison, en plus du casque que j’ai donc ça va me permettre de travailler la position. Et une fois que j’aurais énormément bossé la position j’espère que ça viendra tout seul. Il y aura beaucoup de travail mais déjà je pense que prendre du plaisir à l’entraînement avec son vélo de chrono c’était quelque chose qui était inimaginable pour moi il y a encore deux ans.

 

Sur le Tour on a compris que cette année vous alliez encore être équipier de Thibaut. Mais est-ce que l’année prochaine vous n’aimeriez pas faire une Vuelta ou un Giro en tant que leader ?

Oui bien sûr j’aimerais devenir leader à long terme. Après 2021 c’est un peu comme 2019, c’est un peu les deux extrêmes : 2019 on oublie et 2021 on n’y pense pas. Pour l’instant c’est focus sur 2020 et les objectifs de l’année. On a la réflexion d’être leader à long terme sur un Grand Tour, mais lequel et quand c’est trop tôt encore pour le dire.

 

Et comment sera le programme de cette année par rapport à celui de 2019 ?

C’est le même jusqu’en mai tout en étant un peu allégé du Romandie, en partie dû au fait que ce soit une année olympique et qu’il faille garder un peu de fraîcheur. Donc Tour de la Provence, puis Pays-Basque puis Ardennaises, que j’ajoute d’ailleurs. Comme ça je peux passer la semaine avec le groupe là-bas pour prendre davantage d’automatismes avec le groupe. Et puis même si l’Amstel n’est pas forcément la course qui me convient le mieux, Valentin aura à cœur de m’aider sur Liège-Bastogne-Liège et pour savoir recevoir il faut savoir donner. Il a fait 8e sur l’Amstel l’année dernière, donc si je peux lui faire économiser encore quelques forces sur le final pour qu’il puisse monter sur le podium ce serait quelque chose de très beau.

 

L’idée ce serait de faire une coupure 10 jours avant le Tour ?

Non ce serait de la faire à la place du Tour de Romandie.

 

Est-ce que penses que pour les JO ton rôle d’équipier peut être potentiellement un atout, face à une guerre des égos entre leaders ?

Oui effectivement je pense qu’il peut y avoir ça. Après ce sera Thomas qui va choisir mais je pense qu’en tant qu’équipier de Thibaut ça pourrait le faire. On est plusieurs à prétendre à ce poste, comme Anthony Roux qui est capable de rouler toute une journée ou à Rudy Molard qui est quelqu’un de très polyvalent sur un circuit comme ça, comme il l’a démontré sur les grandes classiques.

 

Est-ce que vous pensez que le fait que les coureurs soient obligés de combiner épreuves contre-la-montre et en ligne ça pourrait être un handicap pour votre éventuelle sélection ?

Oui et non. Ça dépendra de qui sera là-bas pour le contre-la-montre. Si Rémi Cavagna est là-bas, je pense qu’il a aussi toute la légitimité pour rouler toute une journée devant le peloton pour Julian. Oui effectivement ça pourrait donc être un désavantage. Après ça reste une sélection et pour être sélectionné il faut faire ses preuves.