Jean-Paul, le Tro Bro Leon ne sera pas organisé l’an prochain le dimanche 16 avril mais le lendemain, lundi de Pâques. Qu’est-ce qui a motivé ce changement ?
Début octobre, au soir du Tour de Vendée, j’ai appris que France Télévisions allait diffuser l’Amstel Gold Race en 2017. Par la force des choses, ne pouvant diffuser deux courses de front, cela signifiait qu’ils ne retransmettraient pas le Tro Bro Leon, malgré l’audience record générée par notre épreuve sur France 3 Bretagne cette année. Sans télévision pour couvrir l’événement le dimanche 16 avril, j’avais tout de suite moins de partenaires et moins de budget. Il a fallu réfléchir très vite à une autre date et nous avons opté pour un décalage au lundi de Pâques, le lendemain 17 avril. Cela provoque un bouleversement du programme, avec la cyclo qui passe le dimanche et la course le lundi.

Quelles audiences a généré le Tro Bro Leon au printemps dernier ?
Avec 18,2 % de part d’audience et 112 000 téléspectateurs sur France 3 Bretagne le 17 avril dernier, le Tro Bro Leon a généré la plus belle audience comparé aux autres programmes régionaux de la chaîne. La course était également diffusée sur l’antenne des Pays de la Loire, réunissant 171 000 téléspectateurs pour 13 % de part d’audience en moyenne sur les deux antennes. En matière de direct télé en 2017, nous aurons toujours Eurosport, qui nous propose deux heures et demie de direct, ce qui est parfait. La couverture télévisuelle est capitale pour une organisation telle que la nôtre. Ce n’est pas un service gratuit, nous en payons une partie, mais nous perdrions la même somme en partenaires sans la présence de la télé.

Les choix des diffuseurs ne sont-ils pas la conséquence d’un calendrier à forte concurrence ?
Bien sûr que si. Le Tour de Turquie, qui passe WorldTour, est avancé d’une semaine l’année prochaine. Il débutera le mardi 18 avril, au surlendemain de l’Amstel. De notre côté, l’appartenance à la Coupe de France nous garantit la présence des équipes françaises et de quelques équipes étrangères, mais on se demande où on va. En marge des épreuves WorldTour, nous sommes aussi en concurrence avec le Tour du Trentin et le Tour de Croatie. Ça bouchonne un peu ! Nous avons retenu la date du lundi de Pâques car c’était ce qu’il y avait de mieux à faire en 2017, mais nous réfléchissons à nous repositionner en 2018.

Vous pensez au dernier week-end de mars et la place laissée vacante par le Critérium International ?
Nous y pensons, oui, mais en face ce n’est pas mieux avec les premières classiques pavées du WorldTour et Gand-Wevelgem, mais aussi le Tour de Catalogne. Maintenant, si France Télévisions nous fait faux bond là aussi, ça ne servira à rien. Le choix de la date n’est pas aisé. Organiser le Tro Bro un samedi à Lannilis est pour nous impossible par rapport aux commerçants. Et en semaine, n’y pensons pas.

A cela s’ajoute la difficulté de faire venir les coureurs dans le Finistère. Ne serait-il pas bienfondé de rassembler les épreuves de l’ouest dans un temps plus court comme le font les classiques flandriennes ?
On pourrait en effet très bien imaginer un tel rassemblement avec la Classic Loire-Atlantique, Cholet-Pays de Loire, la Route Adélie, admettons le Tro Bro Leon, puis la Roue Tourangelle, Paris-Camembert et le Tour du Finistère. Le calendrier français est compliqué. Pour nous, l’idéal reste d’être positionné en mars-avril, durant la campagne des Flandriennes. Après, ce n’est plus la peine. On enchaîne avec les Ardennaises puis les courses par étapes.

En attendant, le lundi 17 avril 2017, le Tro Bro Leon célébrera sa 34ème édition. Le parcours présentera-t-il des nouveautés ?
Il y aura du nouveau, oui, avec six nouveaux ribinoù. Nous allons notamment reprendre le tout premier ribin de l’histoire du Tro Bro. Et l’on retrouvera un secteur par lequel nous ne sommes plus passés depuis longtemps. Des mairies m’ont aussi proposé de nouveaux ribins, que nous emprunterons pour la première fois. Cette année, nous avions pris le premier ribin au bout de 50 kilomètres, et il devrait en être globalement de même l’an prochain. Le kilométrage sera le même mais nous avons également trouvé d’autres trucs sur la fin, un peu différents. On fera un petit peu le même tour qu’il y a deux ans mais avec un peu plus de bord de mer et un final différent.

Un passage du Tour de France par le Finistère est évoqué dans un futur proche. L’emprunt des ribinoù par le peloton de la Grande Boucle serait-il une fierté ?
Je découvre ces informations un peu comme tout le monde dans la presse et sur Internet. Tout ce que je sais, c’est que la région de Brest est candidate à un départ ou une arrivée, mais ça s’arrête là. Evidemment, voir le Tour passer par les routes du Tro Bro Leon serait une fierté, mais ce n’est pas moi qui décide. Ce que je sais c’est que cette formule inspire. Lorsque j’ai créé le Tro Bro Leon il y a trente-quatre ans, on m’a pris pour un fou. Or aujourd’hui on constate que beaucoup d’épreuves nous copient : les Strade Bianche sont nées, la Schaal Sels en Belgique a repris notre formule, même des courses par étapes comme Paris-Nice, le Giro, la Vuelta ou le Tour d’Alberta. Alors le Tour…