Philippe, la satisfaction est-elle au rendez-vous pour Lampre-Merida à l’issue du Tour de France ?
Quand on regarde le nombre d’équipes ayant gagné une étape sur le Tour de France, notre bilan est effectivement satisfaisant. Notre victoire d’étape à Gap avec Ruben Plaza remplit notre objectif. Il s’agit en outre de la première victoire de Merida en tant que partenaire cycles sur le Tour de France. C’est un succès important et c’est bien d’avoir réussi une telle performance. Ça colle bien avec les objectifs que nous nous étions fixés.

Rui Costa s’est retiré dans la deuxième étape pyrénéenne, comment l’équipe a-t-elle alors réagi ?
Nous avions aussi pour ambition de bien figurer au classement général avec Rui Costa, mais il est tombé et s’est blessé. Quand c’est comme ça, il faut savoir rebondir et c’est ce que nous avons réussi à faire. Nous avons remobilisé le groupe par le contact, la discussion, l’envie, et la remise en question.

Diriez-vous que la victoire de Ruben Plaza à Gap a sauvé le Tour de France de l’équipe Lampre-Merida ?
Nous n’avions rien à sauver. Nous n’avions qu’à essayer de gagner une étape. Comme je le disais, seules douze équipes sur vingt-deux sont parvenues à gagner une étape du Tour. Nous pouvons être satisfaits d’en faire partie.

Vous qui le connaissez pour l’avoir dirigé par le passé, quel regard avez-vous porté sur la performance d’Alberto Contador ?
Alberto a terminé 5ème, mais le problème ne vient pas de lui. Le problème, c’est le choix du calendrier, le choix des courses, le choix des équipiers. Je ne suis plus dans l’équipe pour savoir comment ils ont géré ça, mais vu de l’extérieur, mettre la moitié de l’équipe et sur le Giro et sur le Tour de France, ça me paraît un peu compliqué.

Le doublé Giro-Tour n’était-il pas lui-même un objectif hors de portée ?
Non, je pense que ça reste réalisable. Maintenant, il faut vrament vingt coureurs de très haut niveau pour pouvoir le faire. On a vu qu’Alberto était esseulé sur la dernière heure de course sur le Giro tous les jours. Et l’énergie qu’il a laissée sur le Giro lui a forcément manqué sur le Tour de France. S’il avait été mieux entouré sur le Giro, il aurait probablement fait mieux sur le Tour. Mais ce n’est plus trop mon problème.

Vous avez accompli votre premier Tour de France auprès d’une équipe italienne, est-ce très différent de ce que vous avez pu connaître avant ?
Sur un Tour de France, ce n’est pas tellement différent, non. On est là pour essayer de gagner, on est là pour montrer le maillot. C’est pour toutes les équipes pareil. La différence, elle est que je n’avais pas là un grand leader capable de gagner le Tour de France. A ce niveau-là, c’est un petit moins compliqué à gérer. Mais malgré tout il faut se creuser la tête pour essayer de gagner une étape, surtout quand ça se bagarre tous les jours pendant deux heures pour trouver l’échappée.

Que garderez-vous de ce Tour de France 2015 ?
Un Tour de France extrêmement difficile de par le parcours mais aussi de par la course qui y a été menée. On n’a pas vu une seule étape de transition. C’est un peu dommage que les retransmissions télévisées commencent tard parce que tous les jours il y a eu deux heures de guerre avant que l’échappée puisse se faire. Pour moi, ça a été un Tour de France exceptionnel.

Propos recueillis à Sèvres le 26 juillet 2015.