Philippe, comment s’est fait le choix du vélo traditionnel avec prolongateur dans le contre-la-montre Embrun-Chorges ?
Ce sont les conditions météo qui nous ont encouragés à conserver le vélo classique. La météo était très incertaine et on sait qu’on passe mieux les courbes avec un vélo de route qu’avec un vélo de chrono. Sur un terrain complètement sec, nous n’aurions pas hésité à changer. Après, on peut toujours spéculer sur la perte ou le gain que ça pouvait entraîner, mais mathématiquement j’aimerais trouver le scientifique qui nous prouverait qu’aujourd’hui l’une des solutions (NDLR : il fait référence au changement de vélo en cours de route, choix retenu par Chris Froome) était meilleure que l’autre. C’est une question de feeling, il faut discuter avec le coureur, qu’il se sente en confiance avec le choix que nous prenons ensemble. C’est la priorité.

Qu’avez-vous pensé du parcours ?
C’était un parcours qui faisait peur au départ. Quand nous l’avons repéré il y a deux mois, nous nous sommes demandé ce que nous allions faire et comment nous allions nous y prendre. Et puis au fur et à mesure des reconnaissances, nous avons affiné les choix. A la fin, c’était un parcours exceptionnel parce que spectaculaire. Et finalement à part Jean-Christophe Péraud, le pauvre, qui est tombé deux fois aujourd’hui, je ne crois pas qu’il y ait eu beaucoup de chutes sur ce parcours.

La chute dont a été victime Alberto Contador hier dans la descente de la Rochette n’a finalement pas eu de conséquence sur sa performance ?
Non, il a le genou un petit peu gonflé mais pas de grosse douleur. Ça ne l’a pas empêché de se livrer à fond aujourd’hui. Les 9 secondes de retard sur Chris Froome à l’arrivée ne se font pas là.

L’Alpe d’Huez demain va-t-il représenter le terrain de jeu idéal pour se frotter à Chris Froome ?
Est-ce que ça va être l’Alpe d’Huez, la Madeleine, la Croix-Fry ou le Semnoz ? Il existe autant de possibilités qu’il reste de descentes et de côtes sur cette dernière partie de Tour de France. Je crois que Chris Froome s’attend déjà à être attaqué où que ce soit. Il a vu depuis quelques jours que nous n’avions toujours pas capitulé et que nous sommes toujours prêts à nous battre. Demain, nous sommes prêts à être offensifs. Après, ça ne dépendra pas que de nous mais à chaque fois que nous aurons une opportunité, nous essaierons de la saisir.

Espérez-vous atteindre la sérénité de Chris Froome ?
Je ne veux pas spéculer sur les conditions psychologiques de Chris. Il a son équipe pour l’entourer et nous sommes autour de nos coureurs pour les remonter comme des pendules tous les matins et faire le maximum pour qu’ils aient un esprit combatif et guerrier. Après, sur la route, ce sont eux qui pédalent, ce sont eux les champions. De temps en temps il y a des contreperformances, de temps en temps il y a de supers performances, et ça nous va bien.

Propos recueillis à Chorges le 17 juillet 2013.