Stéphane, l’équipe a débloqué son compteur dimanche, et de quelle manière avec trois victoires en l’espace d’une journée sur l’Etoile de Bessèges…
On a bien débloqué le compteur, oui ! Nous avions pour objectif de gagner le classement général. Jérôme Coppel a été assez fort et l’équipe a fait preuve d’un très grand collectif toute la semaine. Ça n’a pas réussi tous les jours, ce qui a occasionné un peu d’énervement. Les gars sentaient que c’était là mais ils n’arrivaient pas à conclure. Il a fallu apaiser tout ça, prendre les choses dans le bon sens, et ça l’a fait. C’est une grande satisfaction, la première victoire de l’année, qui plus est sur une course par étapes. C’est aussi très rassurant dans la perspective de Paris-Nice même si nous sommes encore à un mois de l’échéance. Nous sommes dans le bon timing, sachant que l’équipe ne tourne pas encore à plein régime.

Avant le contre-la-montre, dimanche matin, les Saur-Sojasun ont réalisé une course tactique exemplaire, quel était l’objectif ?
Nous avions décidé de mener la vie dure aux Europcar, entre autres, et de mettre à contribution les autres équipes. Il n’était pas question de dormir en attendant le contre-la-montre. Nous avons voulu être offensifs. Anthony Delaplace puis Jonathan Hivert se sont échappés. Jonathan a fait un grand numéro mais le final n’était pas propice à une échappée solitaire. Je me doutais que lorsqu’il a été repris l’orgueil de mes coursiers allait prendre le dessus. Ils ont abattu un boulot phénoménal dans les 3 derniers kilomètres. Stéphane Poulhiès a été posé par Jimmy Engoulvent aux 250 mètres dans les meilleures conditions, et là ça a été net et sans bavure.

L’Etoile de Bessèges a été compliquée par de rudes conditions météos, comment l’avez-vous vécu en tant que dirigeant ?
Il faut d’abord remettre les choses dans leur contexte. Les coureurs ne sont pas des machines. Au-delà du froid, il y a eu le vent, avec samedi des rafales de 110 km/h. Quand on voit des coureurs s’envoler dans les prés, il faut penser à leur santé ! Ceux qui causent derrière leur poste ou leur écran n’étaient pas au fait des choses. C’était très dangereux, et il faut souligner le courage des coureurs, qui sont repartis après de longues tergiversations. On a eu une belle étape. C’était encore le cas dimanche matin. Etre sur le vélo à 10h00 par -8°, on ne voit pas ça chez les footballeurs ou chez les tennismen. Je n’accepte pas le terme de fronde, il s’agissait de requêtes légitimes. Ça a compliqué la course mais personne n’en est responsable. Dame Météo n’était simplement pas au rendez-vous.

L’équipe est actuellement sur deux fronts et ce sera encore le cas toute la semaine ?
Nous sommes déjà à Majorque en ce moment, jusqu’à mercredi. Puis il va y avoir le Tour Méditerranéen, la Ruta del Sol. Le programme est assez chargé au mois de février mais tout le monde est content de pouvoir faire un bon programme qui nous emmènera dans de bonnes conditions pour le mois de mars.

Votre leader Jérôme Coppel a déjà accompli sa première mission en s’imposant à Bessèges, qui seront vos leaders sur les prochains rendez-vous français, le Tour Méditerranéen et le Tour du Haut Var ?
Nous avons une politique d’ouverture, plus offensive. Notre équipe est plus axée sur les courses par étapes et les épreuves escarpées. On rentre dans une démarche où tout le monde a sa chance. Jérôme Coppel va certainement couper un peu sa courbe de forme de manière à la maintenir et ne pas arriver trop en condition avant Paris-Nice. Derrière, je n’oublie pas qu’Anthony Delaplace est 11ème et meilleur jeune de l’Etoile de Bessèges. Il n’était pas super bien en début de semaine mais il arrive en forme. Jonathan Hivert est là aussi. Je veux avoir une équipe avec des coureurs qui sont à l’avant et qui ne sont pas toujours les mêmes. C’est très important à mes yeux.

Le parcours de Paris-Nice a été dévoilé au cours de la semaine. Il ne vous a pas échappé que le final sera aussi un contre-la-montre en côte, qu’est-ce que ça vous inspire ?
Que de bonnes choses ! A partir du moment où j’ai su que le col d’Eze serait remis au programme d’un contre-la-montre, j’ai prié pour que nous soyons sur Paris-Nice. Je sais que ce sont des contre-la-montre qui conviennent parfaitement à Jérôme Coppel. Il n’y en a pas beaucoup dans une saison. Mais avant d’arriver au col d’Eze dans les meilleures conditions, il va quand même falloir passer une semaine compliquée avec la traversée de la Beauce, une arrivée à Mende, et tout ce que nous réserve généralement Paris-Nice. Le niveau sera différent comparativement à celui de l’Etoile de Bessèges. Mais le contre-la-montre de Jérôme à Alès était d’un très haut niveau. Quand on voit le temps qu’il met au second, ça prouve qu’il est déjà très pointu.

Propos recueillis à Alès le 5 février 2012.