Thibaut, dans quel état d’esprit êtes-vous avant d’aborder cette saison 2016 particulière ?
Mon objectif, comme l’an dernier, sera d’être régulier sur l’ensemble de la saison. Il faudra bien gérer les phases de récupération pour rester à un niveau de forme assez élevé comme l’an dernier. Les courses d’une semaine comme Tirreno-Adriatico, le Tour de Romandie, le Critérium du Dauphiné seront des courses importantes pour moi.

Votre objectif sur les courses d’une semaine sera-t-il d’en gagner une ?
Ce sera déjà de ne plus faire 4ème. C’est ce que j’avais fait sur Tirreno-Adriatico, le Tour de Romandie et le Tour de Suisse en 2015. Ce n’est pas une place que j’apprécie. Jouer la victoire sur une course d’une semaine, ce serait déjà franchir un cap. Je veux monter sur le podium, avec des victoires d’étape. J’arrive à gagner face aux meilleurs. L’objectif sera de continuer dans cette direction. Tirreno-Adriatico sera le premier objectif. Avant cela, je disputerai le Grand Prix La Marseillaise, l’Etoile de Bessèges et le Tour d’Algarve.

Pensez-vous être en mesure de battre les Chris Froome ou autres Nairo Quintana ?
Je pense qu’ils sont battables. Sur une course d’une semaine ou de trois semaines, peut-être un peu moins, mais sur une journée, oui. Je l’ai montré au Tour de Romandie ou même sur le Tour de Lombardie où j’arrive à monter sur le podium. Je n’ai pas de complexe à avoir vis-à-vis d’eux.

Le Championnat de France que vous disputerez à domicile constituera-t-il un objectif ?
Ce sera particulier car c’est un parcours que je connais bien. Ce ne sera pas un parcours de pur grimpeur, mais il sera assez difficile pour pouvoir faire des différences. La course en ligne reste assez aléatoire, contrairement au contre-la-montre où le meilleur gagnera. Ce sera plus l’objectif, je vais me préparer pour être le meilleur le jour J.

Le contre-la-montre semble constituer votre priorité de l’année…
C’est un exercice important, comme tous les ans, mais j’ai vraiment envie d’y mettre l’accent. Si je faisais 4ème des courses par étapes, c’est en partie parce que je perdais toujours ces petites secondes qui me coûtaient le podium. C’est frustrant. Le chrono des Jeux Olympiques fait également partie de mes objectifs. Je n’ai pas envie de rater ma place. Pourquoi ne pas doubler l’épreuve en ligne et le contre-la-montre ? J’ai envie de montrer que je fais partie des deux meilleurs Français sur le chrono.

D’autant que vous pourrez compter sur un nouvel outil, le Lapierre Aerostrom DRS. Quel en est votre premier ressenti ?
Nous l’avons depuis une quinzaine de jours. J’ai pu rouler deux ou trois fois avec. Nous n’avons plus d’excuses vis-à-vis des autres (il rit). C’est un des vélos les plus performants sur le marché. Nous allons travailler et nous donner les moyens de réussir sur le chrono. A nous de jouer.

La poursuite de l’objectif olympique après le Tour de France ne pourrait-elle pas être difficile à gérer ?
Il n’y aura pas à choisir. Ce ne sera difficile que si le Tour est éprouvant. Tous les favoris seront dans le même cas. Sinon, c’est deux semaines après le Tour, il y aura encore possibilité de surfer sur la vague. En sachant qu’il y aura également la Clasica San Sebastian. Deux semaines, c’est même mieux qu’un mois parce que cela aurait été difficile de se remettre dedans. Ça va être deux mois pleins, de mi-juin à mi-août. Après, il faudra couper un bon coup pour repartir sur le Tour de Lombardie. L’année sera chargée. Ce sera peut-être l’année la plus chargée de ma carrière.

Que représentent les Jeux Olympiques pour vous ?
Une année olympique, c’est toujours spécial. Ce sera peut-être ma seule chance de participer aux JO. On sait que les prochains parcours ne seront pas faits pour les grimpeurs, que ce soit à Tokyo en 2020, ou Paris en 2024 si la candidature est choisie. J’ai toujours rêvé de faire les Jeux Olympiques. Une carrière, sans faire les Jeux, ce n’est pas une vraie carrière. J’y pense. La sélection tombera pendant le Tour, mais elle va se faire sur l’ensemble de la saison. Il faudra donc faire une belle saison avant le Tour et montrer que je mérite ma place. Ça passe par des résultats à chaque course.

Avec quels objectifs abordez-vous le Tour de France ?
Revenir sur le podium, ce serait très beau. Mais un Top 5 et une victoire d’étape, ce serait parfait. Même si je n’ai fait que quatre Tours de France et que je n’ai que 25 ans, j’ai connu toutes les situations sur le Tour : deux victoires d’étape, un podium, un Top 10, un maillot blanc, un abandon. C’est bien pour la suite de ma carrière. J’ai beaucoup appris cette année en patientant, en attendant mon tour. Courir après les étapes m’a beaucoup plu. Mais l’an prochain je repars sur le classement général. Si ça se passe mal, on se rabattra sur le maillot à pois ou sur une victoire d’étape. Le parcours du Tour me plaît. Il ressemble à celui de 2014 où la montagne arrivait rapidement. Ça permet de rester concentré. On sait qu’on a cinq jours où il faut se faire violence, là où cette année les dix premiers jours étaient très longs. Ça va changer la donne sur le déroulement du Tour.

Propos recueillis à Paris le 20 janvier 2016.