Thomas, quel bilan tirez-vous de la prestation de l’équipe de France au Danemark ?
C’est un peu le résultat que l’on attendait au départ. On a dans l’ensemble fait une belle course. On a vu Anthony Roux et Yoann Offredo à l’avant dès le début de course et Romain Feillu fait 6ème au final. On a couru comme il fallait, on n’a pas à rougir de notre performance.

Vous étiez devant dans les deux derniers tours, n’avez-vous pas le regret de ne pas avoir emmené avec vous d’autres coureurs très costaud du type Gilbert ou Cancellara ?
C’est vrai que dans ce cas-là cela aurait pu éventuellement être jouable. Aujourd’hui la composition de mon groupe n’était pas forcément idéale. Le Belge Klaas Lodewick n’avait pas vraiment les coudées franches car il devait d’abord penser à son leader Philippe Gilbert. Il roulait mais pas forcément autant qu’il l’aurait pu. Le Danois Nicki Sörensen s’est lui trompé sur le kilométrage qu’il restait. Je lui appris à 7 kilomètres de l’arrivée que nous étions dans le dernier tour. Il pensait qu’il y en avait encore un et donc il ne s’est pas forcément livré complètement. En ce qui concerne le Hollandais Johnny Hoogerland, il est revenu un peu trop tard pour changer le sort de l’échappée. C’est sûr que si nous avions été quatre coureurs avec les mêmes intentions, voire même un groupe de cinq, cela aurait peut-être été différent. Mais avec des si vous savez. On peut aussi considérer que je me serais relevé tout de suite dans le col du Télégraphe…

Quand vous aviez gagné le Grand Prix de Québec, vous aviez attaqué beaucoup plus tard, ne pensez-vous pas avoir attaqué un peu trop tôt ?
C’est vrai qu’on pouvait pressentir que j’attaquerais un peu plus tard. Mais je vois ce qu’il se passe tout au long de l’année. De nos jours, les équipes de sprinteurs calculent beaucoup et n’embraient souvent que dans les tout derniers kilomètres, alors qu’en partant à 15 kilomètres de l’arrivée ça peut parfois tergiverser derrière. A Rudersdal, attaquer dans le final était quasiment voué à l’échec. Il n’y avait pas de virages, du vent de face, des faux-plats, c’était vraiment peine perdue. A l’inverse, pour bénéficier de l’effet de surprise et d’un peloton qui roulait moins vite en raison de la gestion de l’effort, je pense qu’il valait mieux attaquer d’un peu plus loin. Sur un parcours comme Plouay par exemple, ça fait beaucoup plus mal aux cuisses à tout le monde et des coureurs arrivent à sortir dans le final, car les équipes de sprinteurs ne peuvent plus rouler derrière. Aujourd’hui, dans le final, au vu du vent et de la vitesse du peloton, c’était impossible de sortir. D’ailleurs il n’y a pas un seul coureur qui a attaqué après que l’on se soit fait reprendre.

Pouvoir sortir dans le final comme vous l’avez fait et tenir tête au peloton vous inspire-t-il pour les Championnats du Monde à venir, pour lesquels le circuit sera certainement plus difficile ?
C’est sûr. Je sais bien que je finirai très certainement ma carrière sans le maillot arc-en-ciel mais je me présenterai sur les prochaines éditions avec des objectifs élevés. Je ne viendrai pas pour suivre le groupe de tête en essayant d’exploser le plus tard possible où pour emmener quelqu’un d’autre pour l’aider à aller chercher un accessit. Si le parcours me convient davantage, je préfère jouer le tout pour le tout et suivre les offensives au bon moment, plutôt que d’essayer de simplement me montrer pour prouver aux autres que j’ai mérité ma sélection. Ce ne sera pas mon but. Déjà, aujourd’hui, je n’ai plus rien à justifier. Quand j’ai attaqué ce n’était pas pour simplement montrer que j’étais là mais vraiment pour faire quelque chose. La conviction y était. Il manquait simplement les paramètres. On savait bien avant de venir comment était le parcours. Il ne faut pas dire qu’il n’était pas assez dur. Il n’était simplement pas trop adapté à des coureurs de mon profil.

Propos recueillis par Sylvain Chanzy à Rudersdal le 25 septembre 2011.