Thomas, le Tour de France 2012 tel qu’il se présente vous semble-t-il difficile ?
Oui. C’est bien pour les rouleurs parce qu’il y aura beaucoup de contre-la-montre. Par contre, quand on y regarde de plus près, on constate qu’il n’y a pas beaucoup d’étapes de récupération. Même les étapes plates seront dangereuses. En Normandie, en Picardie ou plus au sud au Cap d’Adge, sur des étapes vraiment plates, il y aura du danger. Ce sera éprouvant. Il faudra rester concentré en permanence. Franchement, je pense que c’est un Tour qui fera mal aux pattes tous les jours. Il n’y aura pas de journée de transition, surtout qu’il y aura beaucoup d’étapes longues, au-dessus de 210 kilomètres. Et sur trois semaines, ça compte.

C’est un tracé qui vous plaît ?
Disons que c’est un parcours très accidenté, un peu comme l’année dernière sur des étapes où l’on ne s’y attend pas forcément. Je pense que pour le suspense, comme savent le faire depuis plusieurs années Christian Prudhomme et son équipe, ça tiendra tout le monde en haleine jusqu’au bout, surtout avec le dernier contre-la-montre.

Le Grand Départ en Belgique vous inspire-t-il ?
Je suis un adepte des saisons entières, et pas seulement du Tour de France. J’aime beaucoup le nord et la Belgique. Là-bas, les courses de vélo, c’est quelque chose ! Tout le monde le sait. Ce sont de bons moments en perspective, encore plus pour le public que pour les coureurs, car quand on est coureur, on est concentré sur la course. C’est plus pour les gens que l’on visite que ça fait vraiment plaisir.

Ce Tour de France fait la part belle à l’est de la France, où vous serez finalement autant chez vous que cette année en Vendée ?
C’était déjà le cas en 2005 avec le départ du Tour à Fromentine en Vendée puis en 2006 à Strasbourg en Alsace. Je suis originaire d’Alsace et je vis en Vendée depuis plus de quinze ans. J’ai l’avantage d’être un petit peu chez moi partout ! Il ne manquerait plus qu’un départ de Martinique, où j’ai grandi, pour que la boucle soit bouclée, mais ça risque d’être difficile ! Pour être honnête, j’ai l’impression d’être chez moi un petit peu partout tellement les gens m’encouragent. Quel que soit l’endroit où je passe en France, je suis soutenu et ça donne le moral et la motivation.

Vous aurez 33 ans l’année prochaine, vous voyez-vous encore franchir un palier sur le Tour de France ?
Cadel Evans a gagné cette année à 34 ans… Je le répète, je n’incarne pas l’avenir, mais je ne suis pas fini et j’espère pouvoir encore disposer de quelques belles années devant moi. Personnellement, je ne suis pas usé et je le sais. J’adore le vélo, j’aime ce que je fais, je mesure chaque jour la chance que j’ai d’être coureur cycliste. Je fais ce que j’aime et je ne me fais pas de souci pour moi. Le résultat sera ce qu’il sera, du moment que je fais tout pour aller au bout de mes ambitions et n’avoir rien à regretter.

Cela veut-il dire que vous envisagez de vous battre pour la victoire dans le Tour la saison prochaine ?
Il est clair que ce qui s’est passé cette année donne de l’ambition… mais ce serait déplacé d’affirmer que je veux gagner le Tour. Ça ne m’est arrivé qu’une fois de finir dans les cinq premiers d’un Grand Tour, et c’était en juillet dernier. Avant, je n’avais même pas fait une seule fois un Top 15 sur un Grand Tour. Il ne faut donc pas s’emballer.

Vous la jouez modeste…
Ça ne sert surtout à rien de se la raconter avant de faire quelque chose ! Si on se casse les dents ensuite, on passe pour un con. Autant partir avec un discours raisonnable et un mental modeste, ce qui n’empêche pas dans le même temps d’avoir de l’ambition. En respectant tout le monde et en étant conscient qu’il y a du pain sur la planche.

Vous aviez notamment tiré les bénéfices de votre échappée vers Saint-Flour l’été dernier. Etant donné ce que vous avez démontré ensuite, ne craignez-vous pas qu’il vous soit plus difficile de réaliser un coup semblable en 2012 ?
Effectivement, je ne suis pas sûr que l’on me laissera vraiment partir. Il faudra certainement trouver d’autres angles d’attaque. Mais sur un Tour de France, il n’y a pas qu’une échappée et un maillot jaune qui soient beaux. On peut réaliser un beau Tour sans porter le maillot jaune. On fera le point fin juillet.

Propos recueillis à Paris le 18 octobre 2011.